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Effets négatifs du redoublement précoce sur la réussite au CEPD (Certificat d'Etudes du Premier Degré)au Togo

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par Komivi OGOUWA
Université de Lomé - DEA sociologie de l'éducation 2009
  

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CONCLUSION

Même si, dans la plupart des milieux scolaires, le redoublement demeure une pratique courante, il nous semble que cette mesure soit de plus en plus remise en question. Historiquement, on faisait recours à cette mesure pour aider ceux et celles qui ne maîtrisaient pas les contenus des programmes à le faire avant le passage en classe supérieur. Aujourd'hui, le redoublement ne s'avère plus la solution la plus acceptable. De plus en plus les recherches confirment les thèses qui soutiennent que le redoublement n'est pas plus efficace tant pour le développement psychosocial du redoublant que pour la réussite de son cursus scolaire.

En s'inscrivant dans cette logique, cette étude s'est donnée pour principal objectif d'identifier les effets néfastes du redoublement précoce sur la réussite au CEPD. Pour atteindre ces objectifs, nous avons défini certaines hypothèses qui nous ont servi d'orientation tout au long de cette recherche. Nous avons d'abord posé une hypothèse générale formulée en ces termes ; « Les élèves qui redoublent les cours préparatoire et élémentaire du primaire ont des performances négatives au CM2 et connaissent souvent des échecs au CEPD ». Celle-ci a été opérationnalisée grâce aux indicateurs qui précisent ses variables. Après cette opération, nous avons identifié la méthodologie au moyen de laquelle toute la recherche (la collecte des données, le dépouillement des données, l'analyse et l'interprétation des résultats) a été possible.

La recherche présente n'a pas établi un lien de cause à effet entre les redoublements précoces et les échecs au CEPD, mais plutôt une corrélation entre ces deux évènements. Elle montre que ces deux phénomènes sont liés, et le redoublement précoce n'étant pas d'office responsable des échecs au CEPD. Ici, les échecs au CEPD sont vus comme l'aboutissement d'un problème existant depuis le début de la scolarité. Certains auteurs estiment que le redoublement et l'échec scolaire seraient causés par des caractéristiques personnelles de nature non intellectuelle (Gottfredson, Fink et Graham, 1994). D'autres estiment que le redoublement et l'échec scolaire sont les fruits d'un héritage culturel légué par les parents et l'environnement social du redoublant (Bourdieu et Passeron, 1964 ; Baudelot et Establet, 1971). Par ailleurs nous avons évoqué également la position des auteurs qui attribuent la cause des échecs scolaire à l'organisation institutionnelle de l'école (Duru-Bellat, Mingat et al., 2004). Dans cette étude, nous essayons de montrer que le redoublement et surtout s'il intervient tôt dans la scolarité de l'enfant puisse devenir un catalyseur des échecs ultérieurs plutôt qu'un remède. La reprise d'une année serait, dans ce cas, en relation avec l'échec scolaire et/ou le désintéressement de l'élève envers l'école.

C'est à ces conclusions que nous sommes parvenus au terme de cette étude. D'abord nous avons démontré que les redoublants interrogés ne sont pas tellement différenciés en termes de « favorisés » et de « défavorisés » de par leurs caractéristiques individuelles, sociales et contextuelles. Ces facteurs expliqueraient ainsi moins leurs difficultés à réussir au CEPD que les redoublements antérieurs. Ensuite nous avons identifié les effets néfastes du redoublement précoce sur les performances des redoublants au CM2. Ces effets sont constitués des lacunes accumulées par ces élèves en difficultés au cours des redoublements successifs. Enfin nous avons montré que le nombre d'échecs au CEPD serait déterminé quelque part par le nombre de redoublement précoce connu dans les classes de base du cours primaire.

En effet, au terme de notre analyse, il s'est avéré que la distance moyenne entre le domicile de nos enquêtés et leurs établissements scolaires se trouve dans les normes voulue par le Ministère de l'Enseignement Primaire, Secondaire et de l'Alphabétisation (MEPSA). Ce qui ne constitue pas un grand handicap pour leurs réussites au CEPD. Ensuite, la plus grande partie des redoublants enquêtés est rentrée au CP1 avant l'âge de sept ans. Ce qui suppose qu'ils n'ont pas connu de retard scolaire aussi significatif à influencer leurs performances plus tard dans la scolarité. De plus ils sont souvent ponctuels en classe. Ils partent rarement en retard aux cours. Par contre, la plus part de nos redoublants enquêtés n'ont pas rencontré suffisamment au cours de leurs scolarités les enseignants-femmes qui sont supposées apporter plus d'attention à leurs difficultés, plus d'affection à leurs motivations et plus de soutiens à leurs efforts. Ils ont aussi manqué de manuels scolaires qui supports aux cours de l'enseignant et de guides pour leurs révisions ou études en dehors des classes. Ils sont nombreux à utiliser les livres de lecture mais peu à posséder les livres de calcul quotidien. D'autre part les redoublants enquêtés sont moins réguliers en classe, surtout dans les écoles publiques. Ces derniers indicateurs peuvent ainsi influencer leurs performances en classe et à l'examen en fin d'année. Toujours dans le cadre des analyses contextuelles, les redoublants ne sont pas régulièrement ni insultés ni tapés par leurs enseignants. Ils ne sont pas ainsi inquiétés en classe par les enseignants. Ils sont parfois sollicités à participer aux cours et ne se sentent pas d'ailleurs abandonnés par leurs enseignants. A la fin de ces analyses, nous rendons compte que les redoublants de notre champ d'étude fréquentent dans les contextes pouvant leur permettre d'améliorer leurs performances scolaires et de réussir à la fin d'année au CEPD.

Avec un contexte favorable à la réussite au CEPD, les redoublants enquêtés évoluent en général dans des conditions sociales en partie intéressantes à l'amélioration de leurs performances. Composé plus de filles que de garçons, l'échantillon enquêté comprend moins de 50% des élèves âgés de six à onze ans et moins de 50% des élèves dont l'âge serait compris entre onze à seize ans. Ils résident dans la plus part des cas avec leurs parents. Le groupe de ces parents est composé de toutes les catégories professionnelles et ont en générale un niveau d'instruction primaire. La plus de ces redoublants ont des mères commerçantes, mais peu instruites. Ainsi ces redoublants ne pourront pas non seulement bénéficier des suivis de leurs mères, mais ils partagent aussi à la maison la langue locale qui n'est celle exigée à l'école.

Ensuite en faisant le point sur les effets néfastes du redoublement précoce sur les performances des redoublants au CM2, nous pouvons affirmer que les redoublants des classes d'initiation (CP1 et CE1) accumulent des tards qui se manifestent plus tard dans leurs performances. Dans le contexte de cette étude, nombreux sont les élèves en difficulté au CM2 qui ont connu de redoublement au CP1 et au CE1. Ainsi, nous avons remarqué que nos enquêtés rencontrent beaucoup de difficultés dans les exercices de français et de mathématique. En français ils sont nombreux à faire de mauvaises lectures. Plus de la moitié de nos enquêtés déchiffrent mal les mots, ne font pas de liaison en lisant et manquent les ponctuations d'un texte. Ils ont également des difficultés dans les accords en grammaire, et rédigent ainsi très mal les textes en français. De part ces difficultés en français, les redoublants enquêtés ne comprennent pas souvent les textes rédigés en français. En mathématique, les enquêtés ont manifesté un niveau aussi bas qu'en français. Ils n'ont pas souvent la moyenne en calcul rapide, et résolvent difficilement les problèmes mathématiques posés. Ils font également peu d'efforts en calcul mental. En définitive, les élèves qui redoublent très tôt à l'école primaire accumulent des difficultés qui constituent des freins plus tard dans leurs performances scolaires.

Enfin nous avons aussi pu démontrer que le nombre de redoublements précoces a relativement un lien avec le nombre d'échecs plus tard à la fin du cycle. Après croisement du nombre de redoublements au CP1 et CE1 avec le nombre d'échecs connu au CEPD, nous pouvons conclure que plus les élèves redoublent les classes de base, plus ils augmentent les chances d'échouer au CEPD plus tard à la fin cycle.

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