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Effets négatifs du redoublement précoce sur la réussite au CEPD (Certificat d'Etudes du Premier Degré)au Togo

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par Komivi OGOUWA
Université de Lomé - DEA sociologie de l'éducation 2009
  

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5/ CADRE DE REFERENCE THEORIQUE DE LA RECHERCHE

Au delà de toutes les différences d'approches théoriques et de toutes les divergences d'interprétation auxquelles l'échec scolaire a pu donner lieu depuis plusieurs années, deux faits apparaissent aujourd'hui indéniables. D'une part, l'échec scolaire est un phénomène social, qui touche particulièrement certains groupes (classes sociales, catégories socioprofessionnelles, types de famille...), comme l'attestent plusieurs expériences empiriques. D'autre part, l'échec scolaire est une situation dans laquelle un individu se retrouve, au cours d'une histoire singulière. Mais si ces faits sont tous deux indéniables, la question centrale est donc dans cette étude, de comprendre l'échec scolaire en général, et plus particulièrement l'échec des élèves au CEPD au Togo. Toute explication doit pouvoir rendre compte à la fois de la relation entre échec scolaire et l'appartenance socio-familiale et de la singularité des histoires scolaires.

Plusieurs théories sur l'échec scolaire ont essayé de rendre compte des deux faits. Cependant il a été difficile de concilier les faits scolaires (politiques scolaires, la pédagogie de l'école) et l'appartenance socio-familiale de l'élève dans une approche théorique pour expliquer l'échec scolaire. La théorie du don conçoit l'échec scolaire comme l'effet d'une caractéristique naturelle de l'individu. Mais elle ne peut pas expliquer pourquoi le don, et donc l'échec scolaire, est réparti dans la population des élèves selon une distribution qui se révèle sociale (sexe, âge, milieu de résidence, type d'école fréquentée, etc....). Depuis les décennies 1960 et 1970, les théories de la reproduction, et celles qui s'en sont inspirées, ont interprété l'échec scolaire en termes d'appartenance à des groupes pourvus de telles ou telles caractéristiques (capital culturel, rapport au temps, type de socialisation familiale etc..). Mais lorsque l'on se situe dans ce courant de pensée, il devient difficile de comprendre les cas atypiques. Pourquoi certains enfants de famille populaire réussissent-ils, malgré tout à l'école, pourquoi certains enfants de milieu favorisé échouent-ils quand même? C'est ainsi que Raymond Boudon critique l'approche des déterministes qui mettent tout sur le dos de la nature et des structures sociales. Il évoque une autre interprétation de la réussite ou de l'échec scolaire. Sur le modèle interprétatif de l'individualisme méthodologique, Raymond Boudon (1973) trouve que les réussites ou échec scolaires dépendent des stratégies développées par les acteurs

(ici élèves et les parents) pour assurer leur survie dans le système scolaire. Ces stratégies varient en fonction des paramètres (revenu, niveau culturel, âge, sexe, etc.) relatifs à la position sociale des acteurs.

Le mérite de ces théories est la mise en évidences des facteurs psychologiques et sociologiques. Or l'échec scolaire n'est donc pas une caractéristique qu'un individu hériterait de son groupe social ou comme l'effet d'une organisation scolaire uniquement. L'échec scolaire est une situation qui se construit peu à peu, à travers des pratiques, dans une histoire scolaire inséparable de l'histoire singulière de l'individu. Ainsi l'élément le plus important, dès lors qu'on s'est rendu compte de l'insuffisance des théories déterministes à expliquer totalement (principe sociologique) la réussite ou l'échec scolaire, il nous reste la démonstration de l'importance du contexte scolaire.

Déjà en 1973, dans son L'inégalité des chances, Boudon (1973) affirmait que « l'école, en qui on avait longtemps vu un mécanisme correcteur des inégalités dues à la naissance, apparaissait incapable de jouer le rôle qu'on attendait d'elle », celui de réduire les inégalités, voire permettre à tous la réussite scolaire. C'est ainsi que certaines théories expliquent les échecs scolaires par des causes pédagogiques. Elles invoquent tantôt la formation des maîtres, tantôt les méthodes pédagogiques telles que la relation maître-élèves, le système d'évaluation, et les moyens de transmission des savoirs. Dans cette optique, les approches issues des courants interactionnistes ont montré comment l'histoire singulière des élèves et des enseignants interagissait dans les relations de classe et donnait une signification à la performance scolaire des élèves. Les théories interactionnistes accordent la prédominance à l'interaction entre facteurs internes et externes. Pour expliquer la réussite ou l'échec scolaire, les facteurs internes (la motivation d'accomplissement, estime de soi, la perception par les élèves des causes de leur échec ou réussite, etc.) interagissent avec les facteurs externes (relation entre élèves, relation maître-élèves, origine sociale de l'élève, la politique scolaire, etc.). Dans l'interactionnisme, on retrouve l'idée selon laquelle le fait social se construit sans cesse à travers la dynamique des actes sociaux ou échanges entre les personnes, c'est-à-dire les interactions. Par ce cadre d'analyse, l'échec au CEPD, en tant que fait social, se construit dans l'interaction des décisions pédagogiques (comme celle du redoublement), de l'origine sociale de l'élève, et de la pratique pédagogique de l'enseignant. Et c'est par l'étude des mécanismes propres à ces interactions que l'on peut rendre compte du phénomène de l'échec au CEPD.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe