2.1.1.2. Opinion défavorable aux
préférences commerciales unilatérales
D'ailleurs, l'idée de créer l'AGOA exclusivement
pour l'ASS en plus du SGP a provoqué des prises de position au sein des
économistes. Pour Blackman & Mutume (1998), Mutume (1998) et
Raghavan (2000), les gains possibles de l'AGOA pour la plupart des pays d'ASS
sont illusoires et comparables à ceux obtenus dans le cadre des accords
UE-ACP. Cela est dû, pour Nouve et al. (2002), aux subventions agricoles,
aux barrières tarifaires et non tarifaires et pour Nouve et Staatz
(2003) à la concentration des échanges ASS-USA sur quelques
produits et quelques pays. Dans le même ordre d'idée, Fouda (2008)
estime que malgré les préférences accordées par les
pays de l'UE à ces pays depuis plus de trente ans, leurs exportations
sur le marché mondial de manière globale n'ont cessé de
décroître. En effet, alors que le sous-continent africain
représentait 3,3% du commerce mondial en 1980, il ne représentait
plus que 1,6% des échanges mondiaux en 2000. Des ONG
réunionnaises se sont d'ailleurs mobilisées lors du
2ème forum de l'AGOA qui s'est tenu à l'Ile Maurice en
janvier 2003 pour dénoncer non seulement la politique américaine
mais aussi les conditions dans lesquelles l'AGOA lie les pays
bénéficiaires. Les études suivantes soutiennent ces
inquiétudes.
Mattoo, Roy et Subramanian (2002) utilisent un modèle
simple d'équilibre partiel et montrent que sous les règles
d'origine courantes, l'élimination des quotas de l'Accord Multi-Fibre
(AMF) diminuera les exportations de vêtements d'Afrique de plus de 30% du
fait de la concurrence subséquente devant laquelle les pays africains
fléchiront sur le marché international. Cependant, si l'AGOA
offrait un accès sans restriction, l'impact négatif pourrait
être presque complètement compensé.
Fouda (2008) estime l'effet de la mise en place de l'AGOA dans
les 37 pays éligibles en 2004, observés sur la période
1970-2004 grâce à un modèle de gravité qui s'est
révélé robuste. Identiques à ceux de Nouve (2005),
les variables dans ce modèle sont significatives sauf la population et
la variable dummy AGOA. Du point de vue analytique, l'AGOA n'a pas eu une
influence significative sur les exportations des pays éligibles. Par
contre, la variable Visa apparait significative avec un signe
négatif. Cela montre que la mise en place d'un «système
de visas»34
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dans le cadre de l'AGOA constitue un frein pour le
développement des
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exportations de ces pays et l'effet de la résistance aux
exportations du fait de ce système est
34 C'est un processus établissant que les
vêtements et textiles ont été effectivement produits dans
un ou plusieurs pays d'ASS selon les règles d'origine exigées. Le
pays délivre un visa sur la facture originale de
l'expéditeur qui peut désormais exporter ses produits aux USA
sans droits de douane dans le cadre de l'AGOA.
KONATE/Mémoire-Master-NPTCI/Impact de l'AGOA sur les
exportations des pays éligibles de la CEDEAO
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2009
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estimé à près de 56% soit un coefficient
multiplicateur de 0,44. Cette conclusion corrobore les résultats obtenus
par Mattoo et al (2003) pour qui en absence de ces restrictions, les
exportations des pays éligibles auraient été
multipliées par 5.
Par ailleurs, l'analyse de l'effet de l'AGOA sur les
exportations non minières non pétrolières montre que ni la
variable AGOA, ni la variable Visa ne sont significatives.
Selon Fouda (2008), la mise en oeuvre de l'AGOA n'a pas eu d'impact sur les
exportations de l'Afrique de l'Ouest alors que cette région reste la
plus grande exportatrice d'Afrique vers les USA.
Ainsi, il ressort que le débat sur l'atteinte des
objectifs de l'AGOA ne fait pas l'unanimité. Toute fois il faut admettre
avec l'OCDE (2004) que les petits pays exportateurs auront des
difficultés à mettre à profit l'accès
préférentiel garanti par ce système.
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