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Problématiques de conservation des collections naturelles, des parcs et jardins historiques en milieux urbanisés africains: processus de plan de gestion durable, cas du jardin des plantes et de la nature(JPN) de Porto-Novo, Bénin

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par Gbègnidaho Achille ZOHOUN
Université Senghor d'Alexandrie - Master en développement option gestion du patrimoine culturel 2011
  

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1.3. État des lieux du Jardin des Plantes et de la Nature

Établi sur un protocole d'accord14 de gestion tripartite signé le 19 mars 1998 entre le Programme de Prévention dans les Musées Africain (PREMA15) aujourd'hui École du Patrimoine Africain (EPA), la Direction de l'Agriculture (DAGRI) de Porto-Novo et le Comité Béninois du Conseil International des Musées (COBICOM), le Jardin des Plantes et de la Nature est un des projets spéciaux de l'EPA. Ce projet a pour objectif fondamental d'une part de réhabiliter le Jardin Botanique, patrimoine et propriété de l'État Béninois confié à la Direction de l'Agriculture, d'autre part de l'ouvrir au public afin d'en faire un lieu d'échange et d'éveil culturel tourné vers une éducation à la valeur patrimoniale de la nature. Réduit aujourd'hui à deux sites16 au lieu de trois initialement, le JPN couvre une superficie globale de 6,8 ha. Il bénéficie d'un classement communal et non national et fonctionne autour de trois organes : le comité d'administration, le conseil scientifique et l'équipe de gestion dotée d'un code de gestion administratif et comptable. Le protocole d'accord de gestion définit en ses articles15 6, 7 et 8 les attributions et fonctions des organes de gestion : Comité d'Administration, Conseil Scientifique et Équipe de gestion. Le comité d'administration approuve le programme d'activités et le budget ; il suit et évalue les activités de l'équipe de gestion. Il fonctionne sur la base d'un règlement intérieur adopté par ses membres. Le conseil scientifique analyse et valide les différents programmes d'activités proposés par l'équipe de gestion.

14 Voir le protocole d'accord en annexe

15 Prema est un programme de l'ICCROM (International Centre for the study of the Preservation and Restoration of

Cultural Property) mise en oeuvre en Afrique au regard des constats de dégradations dans les musées africains dû au manque de formation

16 Confère carte du site du JPN en annexe

Après cette étape, lesdits programmes ne sont approuvés que par le comité d'administration. Le conseil fonctionne sur la base d'un règlement intérieur adopté par ses membres et approuvé par le comité d'Administration. L'équipe de gestion anime directement le jardin. Elle assure l'autofinancement par des activités conformes à la déontologie des professionnels du patrimoine.

La décennie d'activité (1999-2010) et de fonctionnement montre bien quelques insuffisances qu'il convient de corriger afin d'assumer sa pérennité. Cinq axes ou indicateurs nous permettront d'analyser le site du JPN suivant respectivement, le plan physique et esthétique, le plan thématique et scénographique, le plan technique et de l'accessibilité, le plan de la communication et de la médiation culturelle, et enfin sur le plan administratif et de gestion.

1.3.1. Analyses des problèmes du JPN au plan physique et esthétique

Au plan physique et esthétique, le jardin des plantes et de la nature établi sur deux sites entrecoupés par une voie goudronnée, est l'espace vert important et organisé sur 6,8 ha en milieu urbain. A ce titre il offre un décor verdoyant extraordinaire d'arbres surplombant la ville et une diversité d'essences d'arbres concentrés sur une même parcelle de terre. Les deux sites ont des éléments de ressemblance : les différents arbres du site ne sont pas organisés en lignes, courbes ou autres formes géométriques. Ceci laisse entrevoir encore son côté forêt. Comme dans la ville de Porto-Novo ou notamment au sud du Bénin, il y règne un climat subéquatorial avec une température moyenne de 28°C sous une amplitude thermique de 7°C. Avant les changements climatiques contemporains, on y distingue globalement deux saisons sèches (mars-juillet) et deux saisons de pluie (septembrenovembre). Les deux sites, le conservatoire et l'espace détente, ont des configurations différentes. Le conservatoire aménagé est traversé par un axe central de parcours piéton qui bifurque vers différentes masses concentriques végétales organisées en parcelle ou zone. Chaque zone délimitée est bordée par une clôture à ras du sol et surélevée par une clôture arbustive de Thurbergine violet (plante de décoration). A l'intérieur de chaque parcelle se dépose une masse de feuilles sèches qui enrichit ce sol latéritique légèrement mixé à un sol arable. C'est l'expression d'une gestion différentiée qui spécifie la qualité d'entretien et le type de gestion de chaque espace. On observe plusieurs niveaux stratigraphiques de végétation qui s'étalent de la plus petite graminée, en passant par les arbustes aux plus grands arbres parfois tricentenaires qui s'imposent de par leurs racines, troncs et dominent l'espace de leurs branches et feuilles. Ce bel univers paysager où gambadent quelques singes et écureuils n'est pas engazonné mais dispose d'un bassin empoissonné, artificiellement créé. Divisé en zone thématique, on y croise selon l'inventaire17 des plantes significatives avec le projet situé 1, aussi bien des arbres fruitiers que des espèces ligneuses à valeur économique, alimentaire et thérapeutique.

Mais derrière l'apparat de ce visage paysager radieux se cache une multitude de problèmes18, qui

17 Confère annexe : inventaire JPN 2005 réalisé dans le cadre du projet situé 1 financé par le programme Africa 2009.

18 Cf. les parties, 1.3.2 ; 1.3.3 ; 1.3.4 ; 1.3.5 du développement de notre travail.

menacent l'existence même, à long terme, de ces sites. Il est dans la nature des choses et des êtres de reconnaître que tout ce qui vit, évolue et meurt. Ainsi va le monde et face à la sénescence des arbres du JPN et à l'absence d'un plan d'action intégré de régénération progressive des sites, l'imminence de la menace et sa gravité pour le déséquilibre écologique de ce poumon vert urbain sera inévitablement vite perçue. Faut-il rappeler encore quelques événements chronologiques récents dans l'espace d'une décennie qui indiquent la nécessité d'un plan d'action intégré ou plan de gestion ? En 1999 le Jardin des Plantes et de la Nature (JPN) fut ouvert au public pour entre autres programme éducatif, mettre un terme au déclin du jardin et à la perte des espèces et trafic d'organe de plante pour la pharmacopée. Mais au cours des années 2004 et 2005 on assiste à la perte de la collection unique d'arbre de Copahuba (l'un des arbres remarquables19 de la collection du jardin) dont l'espèce provenait de la forêt d'Amazonie. Une année plus tard, en 2006, on assistera aussi à la chute de la moitié supérieure de l'un des colatiers géants du site. Plus tard en 2009 l'abattage d'un grand pied d'Hyméné fût décidé. Les différentes causes de la disparition de ces arbres remarquables de l'univers paysager et esthétique du jardin sont : la vieillesse naturelle des arbres, les dégâts des termites et des champignons, les violentes intempéries, et l'action cumulée de rognage par des rongeurs dans les cavités de bois mort.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand