1.3. État des lieux du Jardin des Plantes et de la
Nature
Établi sur un protocole d'accord14 de
gestion tripartite signé le 19 mars 1998 entre le Programme de
Prévention dans les Musées Africain (PREMA15)
aujourd'hui École du Patrimoine Africain (EPA), la Direction de
l'Agriculture (DAGRI) de Porto-Novo et le Comité Béninois du
Conseil International des Musées (COBICOM), le Jardin des Plantes et de
la Nature est un des projets spéciaux de l'EPA. Ce projet a pour
objectif fondamental d'une part de réhabiliter le Jardin Botanique,
patrimoine et propriété de l'État Béninois
confié à la Direction de l'Agriculture, d'autre part de l'ouvrir
au public afin d'en faire un lieu d'échange et d'éveil culturel
tourné vers une éducation à la valeur patrimoniale de la
nature. Réduit aujourd'hui à deux sites16 au lieu de
trois initialement, le JPN couvre une superficie globale de 6,8 ha. Il
bénéficie d'un classement communal et non national et fonctionne
autour de trois organes : le comité d'administration, le conseil
scientifique et l'équipe de gestion dotée d'un code de gestion
administratif et comptable. Le protocole d'accord de gestion définit en
ses articles15 6, 7 et 8 les attributions et fonctions des organes
de gestion : Comité d'Administration, Conseil Scientifique et
Équipe de gestion. Le comité d'administration approuve le
programme d'activités et le budget ; il suit et évalue les
activités de l'équipe de gestion. Il fonctionne sur la base d'un
règlement intérieur adopté par ses membres. Le conseil
scientifique analyse et valide les différents programmes
d'activités proposés par l'équipe de gestion.
14 Voir le protocole d'accord en annexe
15 Prema est un programme de l'ICCROM (International Centre for
the study of the Preservation and Restoration of
Cultural Property) mise en oeuvre en Afrique au regard des
constats de dégradations dans les musées africains dû au
manque de formation
16 Confère carte du site du JPN en annexe
Après cette étape, lesdits programmes ne sont
approuvés que par le comité d'administration. Le conseil
fonctionne sur la base d'un règlement intérieur adopté par
ses membres et approuvé par le comité d'Administration.
L'équipe de gestion anime directement le jardin. Elle assure
l'autofinancement par des activités conformes à la
déontologie des professionnels du patrimoine.
La décennie d'activité (1999-2010) et de
fonctionnement montre bien quelques insuffisances qu'il convient de corriger
afin d'assumer sa pérennité. Cinq axes ou indicateurs nous
permettront d'analyser le site du JPN suivant respectivement, le plan physique
et esthétique, le plan thématique et scénographique, le
plan technique et de l'accessibilité, le plan de la communication et de
la médiation culturelle, et enfin sur le plan administratif et de
gestion.
1.3.1. Analyses des problèmes du JPN au plan
physique et esthétique
Au plan physique et esthétique, le jardin des plantes
et de la nature établi sur deux sites entrecoupés par une voie
goudronnée, est l'espace vert important et organisé sur 6,8 ha en
milieu urbain. A ce titre il offre un décor verdoyant extraordinaire
d'arbres surplombant la ville et une diversité d'essences d'arbres
concentrés sur une même parcelle de terre. Les deux sites ont des
éléments de ressemblance : les différents arbres du site
ne sont pas organisés en lignes, courbes ou autres formes
géométriques. Ceci laisse entrevoir encore son côté
forêt. Comme dans la ville de Porto-Novo ou notamment au sud du
Bénin, il y règne un climat subéquatorial avec une
température moyenne de 28°C sous une amplitude thermique de
7°C. Avant les changements climatiques contemporains, on y distingue
globalement deux saisons sèches (mars-juillet) et deux saisons de pluie
(septembrenovembre). Les deux sites, le conservatoire et l'espace
détente, ont des configurations différentes. Le conservatoire
aménagé est traversé par un axe central de parcours
piéton qui bifurque vers différentes masses concentriques
végétales organisées en parcelle ou zone. Chaque zone
délimitée est bordée par une clôture à ras du
sol et surélevée par une clôture arbustive de Thurbergine
violet (plante de décoration). A l'intérieur de chaque parcelle
se dépose une masse de feuilles sèches qui enrichit ce sol
latéritique légèrement mixé à un sol arable.
C'est l'expression d'une gestion différentiée qui spécifie
la qualité d'entretien et le type de gestion de chaque espace. On
observe plusieurs niveaux stratigraphiques de végétation qui
s'étalent de la plus petite graminée, en passant par les arbustes
aux plus grands arbres parfois tricentenaires qui s'imposent de par leurs
racines, troncs et dominent l'espace de leurs branches et feuilles. Ce bel
univers paysager où gambadent quelques singes et écureuils n'est
pas engazonné mais dispose d'un bassin empoissonné,
artificiellement créé. Divisé en zone thématique,
on y croise selon l'inventaire17 des plantes significatives avec le
projet situé 1, aussi bien des arbres fruitiers que des espèces
ligneuses à valeur économique, alimentaire et
thérapeutique.
Mais derrière l'apparat de ce visage paysager radieux se
cache une multitude de problèmes18, qui
17 Confère annexe : inventaire JPN 2005
réalisé dans le cadre du projet situé 1 financé par
le programme Africa 2009.
18 Cf. les parties, 1.3.2 ; 1.3.3 ; 1.3.4 ; 1.3.5 du
développement de notre travail.
menacent l'existence même, à long terme, de ces
sites. Il est dans la nature des choses et des êtres de reconnaître
que tout ce qui vit, évolue et meurt. Ainsi va le monde et face à
la sénescence des arbres du JPN et à l'absence d'un plan d'action
intégré de régénération progressive des
sites, l'imminence de la menace et sa gravité pour le
déséquilibre écologique de ce poumon vert urbain sera
inévitablement vite perçue. Faut-il rappeler encore quelques
événements chronologiques récents dans l'espace d'une
décennie qui indiquent la nécessité d'un plan d'action
intégré ou plan de gestion ? En 1999 le Jardin des Plantes et de
la Nature (JPN) fut ouvert au public pour entre autres programme
éducatif, mettre un terme au déclin du jardin et à la
perte des espèces et trafic d'organe de plante pour la
pharmacopée. Mais au cours des années 2004 et 2005 on assiste
à la perte de la collection unique d'arbre de Copahuba (l'un des arbres
remarquables19 de la collection du jardin) dont l'espèce
provenait de la forêt d'Amazonie. Une année plus tard, en 2006, on
assistera aussi à la chute de la moitié supérieure de l'un
des colatiers géants du site. Plus tard en 2009 l'abattage d'un grand
pied d'Hyméné fût décidé. Les
différentes causes de la disparition de ces arbres remarquables de
l'univers paysager et esthétique du jardin sont : la vieillesse
naturelle des arbres, les dégâts des termites et des champignons,
les violentes intempéries, et l'action cumulée de rognage par des
rongeurs dans les cavités de bois mort.
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