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Problématiques de conservation des collections naturelles, des parcs et jardins historiques en milieux urbanisés africains: processus de plan de gestion durable, cas du jardin des plantes et de la nature(JPN) de Porto-Novo, Bénin

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par Gbègnidaho Achille ZOHOUN
Université Senghor d'Alexandrie - Master en développement option gestion du patrimoine culturel 2011
  

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1.2. Situation et évolutions historiques du Jardin des Plantes et de la Nature dans ce contexte réglementaire

Logé au coeur du quartier OUENLINDA II, à l'est du quartier administratif entre le siège de l'Assemblée Nationale10 du Bénin et le centre hospitalier départemental de l'Ouémé et du Plateau. Ce jardin qui se trouve à l'entrée de la ville de Porto-Novo, capitale du Bénin, se situe au sud-est du pays à une dizaine de kilomètres au nord de l'Océan Atlantique.

Le Bénin est un pays de l'Afrique de l'Ouest qui couvre une superficie de 114.763 km2. Il s'étend sur 670 km, du fleuve Niger au nord à la côte atlantique au sud. Le Bénin de nos jours, compte près de 9 millions d'habitants. Il a comme voisins le Togo à l'Ouest, le Nigeria à l'Est, le Niger et le Burkina Faso au Nord. Le Bénin est divisé en douze départements11, constitués de deux grandes aires géographiques : le nord frontalier avec le Niger et le Burkina Faso12, le centre et le sud marqués par une même histoire, celle du Golfe de Guinée13. Selon les informations sur les ressources forestières nationales et la couverture forestière collectées en 2000 , le Bénin a une couverture végétale modérée d'environ 42% avec une couverture forestière de 2.650.000 ha. Il enregistre les plus forts taux de forêts au monde avec une perte annuelle de 70.000 ha. L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture - FAO - en 1999 évalue la couverture forestière totale du Bénin en 1995 à 4.625.000 ha soit 41,8% de la superficie totale du pays. Le pays vient ainsi en deuxième position après le Libéria dans le classement des pays de l'Afrique de l'Ouest humide. Pour la même année de 1995, les forêts naturelles occupent une superficie de 4.611.000 ha.

Ayant accédé à l'indépendance le 1er Août 1960 sous la dénomination de République du Dahomey, devenue République du Bénin depuis 1975, le Bénin a connu une riche évolution historique. « Au début du XVIIe siècle, trois frères se disputent le royaume d'Allada qui a prospéré, comme la toute proche royauté de Savi (ville de Ouidah), grâce à la traite des esclaves. Alors que l'un des princes héritiers s'empare d'Allada, Tê-Agbanlin [prince d'Adja Tado migré d'Allada] part au sud-est fonder Hogbonou (baptisé Porto-Novo par les Portugais [et respectivement Ajashè, Xogbonou par les Yoruba et Goun]), sur la côte orientale de Ouidah, tandis que Dô-Aklin crée au nord Abomey, qui deviendra le coeur du futur Royaume de Dahomey. Les trois souverains font serment d'allégeance au grand royaume yoruba

10 Ancien palais des gouverneurs.

11 Alibori, Atacora, Atlantique, Borgou, Collines, Donga, Couffo, Littoral, Mono, Ouémé, Plateau et Zou

12 Un ensemble comprenant les groupes lingustiques, bariba, baatombu, dendi, djema, groussi, haoussa, mossi, paragourma, peulh et fulbé.

13 Un groupe comprenant les groupes linguistiques, fon, adja, ewé, gen, mina et yoruba.

d'Oyo, à l'est. »

Ainsi riches de la mixité de leurs peuples venus de tout horizon, les villes côtières et satellites du Bénin telles que Porto-Novo, Cotonou, Ouidah et Abomey connaîtront à travers leurs sites un métissage historique multiple et varié pendant plus de trois siècles. Entre histoire de la traite des esclaves, histoire coloniale et histoire des résistances, se trouve en bonne place aussi, la palpitante histoire des forêts sacrées et jardins coloniaux. Dans la plupart des espaces occupés par les fortifications coloniales (Français, Anglais, Portugais, Hollandais, Danois) était conçue une petite structure de gestion administrative des jardins coloniaux. Ainsi la côte d'or de l'Afrique de l'ouest en a été une parfaite illustration avec les jardins coloniaux d'Axim ; Dixcove ; Sekondi-takoradi ; El-mina ; Cape-Coast au Ghana, ainsi que les jardins de Bingerville en Côte-d'Ivoire et jardins des forts européens de Ouidah au Bénin; y figure également le jardin d'essai de Porto-Novo. En effet le jardin d'essai de Porto-Novo, aujourd'hui Jardin des Plantes et de la Nature, (JPN) fut une ancienne forêt sacrée du royaume.

En Afrique notamment au Bénin, l'on ne peut concevoir un royaume sans forêts ni temples sacrés à cause de la dimension spirituelle du pouvoir. Avant l'occupation française, la forêt sacrée de Porto-Novo fût administrée par le "Migan". Ce dernier a reçu son autorité d'administration en qualité de justicier et chef de cultes du roi de Hogbonou. Sous l'autorité du Migan, cet important espace de culte vodoun et de communication spirituelle entre les "aziza" génies de la forêt et les hommes n'était pénétré que par les personnes initiées ou recevant autorisation. La consultation du Fá (art divinatoire) qui tenait une place importante dans les décisions du pouvoir royal dans la cité, se faisait périodiquement dans cette forêt sacrée. L'hysope, arbre liturgique et de purification, l'Iroko, arbre vénéré, le kolatier, arbre de libation : autant d'espèces végétales dont les forces et vertus spirituelles sont utilisées dans cet espace protégé et craint. Mais la domination coloniale et l'occupation de cette forêt sacrée par l'administration coloniale va transformer la vision locale de fréquentation de cet espace.

Devenu en juillet 1896 jardin d'essai, la forêt sacrée va changer de fonction pour devenir un jardin d'acclimatation. A ce titre, des essences végétales à valeurs esthétique, d'ornementation (florale) et économique tels que le cacaoyer, le caféier, le muscadier, l'anacardier, le laurier sauce, le camphrier et bien d'autres espèces à valeur médicinale et d'exploitation forestières sont testés. L'évolution de ce jardin et son rayonnement dans l'Afrique Occidentale Française en a fait un creuset de formation pédagogique en agriculture pour les élèves issus de toutes parts de la sous-région Africaine. La rigueur de gestion des lieux observée par le Gouverneur et son équipe a permis aussi l'enrichissement et la conservation de cet espace jusqu'à l'indépendance nationale du Bénin en 1960. Après les indépendances, la disparition soudaine des structures de gestion et la réorientation du pôle d'activité national sur Cotonou, la ville économique, le jardin d'essai de Porto-Novo cesse d'être l'ombre de son passé glorieux pour se réduire à une pépinière d'essences à fort potentiel économique. Il s'en est suivi un vrai appauvrissement de l'espace qui désormais est passé dans le giron de gestion publique avec un État alors instable du fait de ses nombreux coups d'État.

Une décennie plus tard, c'est à dire vers les années 1970, on assistera à une baisse qualitative et quantitative de la biodiversité de l'espace, accentuée par la régression de l'équipe technique commise par les pouvoirs publics à l'entretien du site. Cette régression des espaces verts s'est faite en faveur de la colonisation des bâtiments administratifs. Avec le renouveau démocratique en 1990, et pour mettre un terme à cette régression croissante de l'espace, le service des parcs et jardins initia un projet de sauvetage, financé par la coopération technique allemande (GTZ). Ledit projet, baptisé jardin botanique, a pour objectif de repeupler et de réorganiser le jardin, afin de lui redonner une fonction scientifique axée sur les champs de recherches universitaires. Ce premier travail qui a permis d'inventorier et de signaliser de façon taxonomique les espèces ligneuses, n'a malheureusement pas été durable. Plusieurs contraintes et impondérables comme celle d'une vision à long terme ou une planification insuffisante entre les ressources (humaine compétente et professionnelle, matérielle, financière, naturelle) ont conduit ce projet à terme. Face au grand chaos qui se réinstallait et dont les conséquences fâcheuses se faisaient de plus en plus visibles avec la perte drastique des espèces et le prélèvement abusif des organes végétatifs, l'École du Patrimoine Africain alors PREMA (prévention dans les musées africains) lança un nouveau projet de restauration de cet espace jardin botanique sous l'appellation Jardin des Plantes et de la Nature.

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