Les effets du système de protection sociale sur la réalisation des Objectifs du Millénaire de Développement(OMD):le cas de la Tunisie( Télécharger le fichier original )par Ezzeddine MBAREK Université deTunis - Master 2010 |
2.2 Etat des lieuxLe recul de la pauvreté en Tunisie n'est pas une circonstance du hasard mais c'est bel est bien le résultat d'un effort soutenu durant plusieurs années conjuguant les dimensions économique et sociale. La pauvreté monétaire globale tend actuellement à un niveau très bas ce qui est de nature à affirmer la réalisation de l'objectif du millénaire de développement avant l'horizon fixé en 2015. Le développement économique se matérialise chez les ménages par l'élévation du revenu par tête ou les dépenses annuelles moyennes par habitant (le revenu est souvent mal estimé par les enquêtes) qui ont augmenté durant la période 1975-2005 de 8,7% en moyenne par an. L'étude de la corrélation entre le taux de la pauvreté et la dépense annuelle moyenne par personne montre un coefficient de Pearson de -0,785 significatif à un niveau de 5% (son carré est égal à 0,616) ce qui signifie que l'augmentation des dépenses (revenu plus important) est accompagnée d'une diminution aussi importante de la pauvreté monétaire. Tableau 31 : Evolution du taux de pauvreté et de la dépense annuelle moyenne
Source : Institut National de la Statistique, 2009. La Tunisie se positionne en tête des pays à développement humain moyen avec comme rang mondial 98 en 2007 et un indice qui s'approche de 0,8. On observe une amélioration notable en 2005 et depuis un accroissement de faible rythme avec un gain de classement de 2 points entre 2006 et 2007. Cette performance se confirme par une décroissance du taux de la pauvreté passant de 22,0% en 1975 à 3,8% en 2005. Tableau 32 : Evolution de l'Indice de Développement Humain (IDH) :
Source : http://hdr.undp.org/media/HDR_2009FR_complete.pdf Graphique 12 : Evolution de l'indice de développement humain Graphique 13 : Evolution du taux de pauvreté en % Le taux de pauvreté selon l'enquête consommation et du budget de l'INS en 2005 montre une disparité marquante entre les régions du pays, des taux faibles pour les régions côtières de l'est côtières (centre est avec 1,2%, grand Tunis avec 1,4%, nord est avec 2,7%) et les régions d'ouest de l'intérieur avec des taux dépassant la moyenne nationale 3,8%. Le taux le plus élevé est enregistré au centre ouest avec 12,8%. Il est donc clair que la répartition de la richesse nationale est encore inégalitaire malgré une croissance économique assez importante (5% en moyenne) et des dépenses assez élevées en matière des transferts sociaux et d'assistance. Les disparités opposent les régions de l'intérieur (pauvreté plus marquée) avec les régions côtières (pauvreté faible), les régions de l'Est avec les régions de l'Ouest, les régions du Sud ave celles du Nord comme le montre le tableau suivant, les régions rurales avec les régions urbaines et les grandes villes avec les agglomérations et les petites villes. Le district de Tunis et le Centre Est avec les taux les plus faibles de pauvreté respectivement de 1,4% et 1,2% ce qui met en relief les inégalités observées au matière des taux d'activité, de chômage, de l'infrastructure, des projets d'investissements, etc. En effet, le taux de chômage observé est relativement plus faible au Nord Est (8,9%), Centre Est (13,0) et District de Tunis (14,1) alors que ce taux est plus élevé au Sud Ouest (23,4), Nord Ouest (18,8%), Sud Est (15,5%) et Centre Ouest (14,9). Tableau 33 : Taux de pauvreté, nombre de personnes et des ménages pauvres par grandes régions en 2005 :
Source : enquête consommation- budget 2005,2008, INS. Graphique 14 : taux de pauvreté par régions en 2005 Le chômage est certainement la source la plus importante de pauvreté, de vulnérabilité et de marginalisation des individus. En effet, sans revenu permanant toute personne se trouve dépendant en premier lieu de l'environnement familial et en second lieu des aides sociales qui ne peuvent en aucun cas remplacer son autonomie, son confort et son bien être avec un travail et un revenu décent. Dans le premier cas, il peut bénéficier de la nourriture et globalement satisfaire ses besoins essentiels sans être capable de tirer profit des services offerts par la société et d'en échanger positivement avec ses semblables alors qu'il en a la possibilité dans le deuxième cas. Le taux de pauvreté touche le plus les chômeurs avec 17,4% des cas, suivis par les ouvriers agricoles (10,6%) en épargnant les cadres (0,4%) et les patrons et indépendants non agricoles (2,3%). Il est utile de rappeler une fois encore que le chômage d'aujourd'hui en Tunisie guette de plus en plus des diplômes du supérieur alors que les sans niveau par exemple trouvent leur compte et s'en sortent pas mal et ce grâce notamment aux travaux agricoles, au secteur bâtiment, au secteur touristique et surtout l'émergence d'un secteur informel qui ne cesse de s'affirmer dans la vie économique et social du pays. Le secteur informel et en particulier le travail en noir dans une économie plus orientée vers le libéralisme laissant une part importante à l'initiative privée occupe une place de plus en plus importante dans l'économie nationale et constitue pour des raisons logistiques (entrée facile, pas de coûts de transactions, pas de paiement d'impôts, règles souples et souvent des gains substantiels sans grand effort). Ce secteur dans un environnement de sous-emploi chronique, attire un grand nombre de demandeurs d'emploi qui préfèrent le risque de travailler au noir au lieu de prendre la queue et d'attendre longtemps peut être en vain. Malgré l'absence des statistiques fiables relatives à ce secteur qui entre dans le domaine souterrain et du non dit, il contribue selon plusieurs auteurs et observateurs avertis à diminuer la pression sur un marché d'emploi déjà saturé et connu par un déséquilibre entre offre et demande. De ce fait, il participe automatiquement à la réduction de la pauvreté d'une manière significative. Le risque qu'engendre ce type de travail est le manque de transparence, l'instabilité des relations informelles entre les acteurs, le recours parfois à des actions illégales et dangereuses et l'absence des engagements fiscaux envers le budget de l'Etat, ce qui constitue une situation qui échappe au contrôle, un danger sur la société et un manque à gagner important qui peut freiner le développement. Tableau 34 : taux de chômage selon les régions et le niveau d'instruction en% (2005)
Source : enquête population emploi, INS, 2008. Graphique 15: taux de chômage par région et niveau d'instruction Tableau 35 : Taux de pauvreté selon la catégorie socioprofessionnelle en 2005 :
Source : enquête consommation- budget 2005, INS. Graphique 16 : Taux de pauvreté par catégorie socio- professionnelles en 2005 |
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