3. Les transferts sociaux :
La Tunisie est parvenue malgré une conjoncture difficile
à réaliser des taux de croissance acceptables qui ont
dépassé les 4,0% aux prix constants durant la période
1987-2008.
Le taux d'endettement et son service sont ramenés
respectivement à 43% du PIB et 7,8% des exportations en 2008 contre
58 et 26,3% en 1986 alors que l'inflation est maitrisée à un
niveau ne dépassant pas les 5,0 %.
La part des investissements dans le secteur privé par
rapport à l'investissement global a passé de 47,9% en 1986
à 62,5% en 2008 ce qui dénote la réactivité de
l'économie et la réussite des orientations vers la
libéralisation et l'encouragement de l'initiative privée.
Cette tendance est illustrée par une progression de la
part des exportations par rapport au PIB de 61,6% en 2008 au lieu de 34,7% en
198.
L'économie tunisienne s'est engagée dans la voie de
l'ouverture sur le monde extérieur pour pouvoir
bénéficier des gains de l'échange et de la
proximité avec l'Union Européenne (UE) dont les liens de
partenariat s'intensifient davantage avec les accords d'association et
l'instauration d'une zone de libre échange en janvier 2008.
Cette démarche au niveau économique basée
sur les principes de l'économie du marché avec une liberté
progressive des prix des biens, le désengagement de l'Etat de certaines
activités, la levée des subventions en faveur des entreprises
déficitaires et l'instauration d'une politique budgétaire
restrictive, a eu des répercussions négatives sur la population
des vulnérables et des actifs sans emploi.
En effet, la vérité des prix et la fin de la
politique des sureffectifs dans des services publics pour résorber le
chômage structurel ont induit une situation de précarité au
niveau des individus qui n'ont pas d'emploi ou qui ne peuvent pas travailler
à cause de l'handicap, de l'invalidité et de la vieillesse.
Pour remédier à cette situation, les pouvoirs
publics ont misé sur la solidarité nationale par le biais des
dons des particuliers et des entreprises, l'intervention directe via des
programmes d'incitations et d'encouragement pour la création des sources
de revenu, la prise en charge de certaines catégories à partir du
budget de l'Etat et l'implication dans le domaine non assurable des organismes
de la sécurité sociale.
L'Etat s'engage alors de plus en plus dans le domaine des
transferts sociaux budgétisés c'est-à-dire de financer
à partir des ressources fiscales les dépenses de santé, de
l'éducation, de la formation et de l'environnement.
Ces transferts sociaux sont des biens et services offerts pour
tout le monde avec des prix allant du gratuit comme l'éducation au tarif
réduit comme le cas de la santé. Mais la population des pauvres
ne peut pas en profiter car il ya d'autres coûts annexes comme le
transport par exemple.
Il est donc posé la question de l'équité de
ces transferts sociaux au même titre que la compensation des produits
alimentaires de base dont les pauvres en profitent moins que les riches par
manque de mécanismes du ciblage efficaces.
L'aide sociale pour la population pauvre constitue à juste
titre un moyen de réduire tant soit peu l'écart entre l'offre et
l'accès à ses biens sociaux.
De ce fait, la démarcation entre les trois composantes de
la protection sociale, aide sociale, sécurité sociale et
transferts sociaux est aujourd'hui claire alors que les programmes, les
partenaires et les gestionnaires sont multiples ce sui peut nuire à la
cohérence et l'efficacité des actes.
Cette croissance économique qualifiée de
pro-pauvres en ce sens qu'elle donne une importance particulière
à la dimension sociale, génère un revenu par tête
de 4911 dinars en 2008 contre 960 dinars en 1986.
Le volume des transferts sociaux a progressé selon un
rythme soutenu passant de 81 dinars par mois en 1986 à 333 dinars en
2008 ce qui a qui un effet certain sur le recul de la pauvreté dont
l'indice a chuté de 7,7% à 3,8%.
Les transferts sociaux représentent une part importante du
budget de l'Etat à hauteur de 60,8% en 2008 alors que leur poids
atteint 19,3% par rapport au PIB.
La part en pourcentage du PIB des dépenses en
matière d'éducation et d'enseignement supérieur
s'élève à 6,9% en 2008 alors que la part qui revient
à la santé publique est de l'ordre de 7%.
Tableau 20 : Evolution des Transferts Sociaux :
montants globaux, montant par ménage, par tête et parts relatif au
budget de l'Etat et du PIB en % :
années
|
Montants des transferts en MD
|
Transferts mensuels moyens par ménage en D.
|
Transferts annuels par habitant en D.
|
Parts des transferts /au Budget de l'Etat en %
|
Parts des transferts /au PIB en %
|
1987
|
1469,1
|
87
|
192
|
48,2
|
18,3
|
2002
|
5859,8
|
234
|
601
|
51,3
|
19,6
|
2003
|
6279,4
|
245
|
638
|
56,8
|
19,5
|
2004
|
6667,7
|
253
|
671
|
51,3
|
19,0
|
2005
|
7091,2
|
265
|
707
|
54,7
|
19,1
|
2006
|
7668,1
|
278
|
757
|
56,2
|
19,0
|
2007
|
8432,4
|
302
|
823
|
58,8
|
19,1
|
2008
|
9821,6
|
303
|
951
|
60,8
|
19,3
|
Source : Budgets économiques (1990, 2003, 2004, 2005,
2006, 2007, 2008, 2009), Ministère de développement et de
Coopération Internationale.
Graphique 8: Evolution du volume global des transferts sociaux en
MD
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