VI. PLAN SOMMAIRE DU TRAVAIL
Pour bien mener cette étude, hormis l'introduction et la
conclusion, le présent travail comportera deux parties reparties comme
suit :
Première Partie : La place de l'individu dans
l'ordre juridique international
Chap. I : Les sujets de l'ordre international classique
Chap. II : L'émergence de l'individu en droit
international
Deuxième Partie : L'incidence de l'acceptation de
l'individu en tant que sujet du droit international
Chap. I : L'activisme de l'individu en droit international
Chap. II : Les perspectives d'avenir relatives à la
reconnaissance de l'individu en droit international
Telle est la substance de l'étude menée.
Première partie : LA PLACE DE L'INDIVIDU DANS L'ORDRE JURIDIQUE
INTERNATIONAL
|
16
Reconnu comme héritières d'une tradition
classique jusque là limitée à l'analyse des rapports
internationaux, les théories des rapports internationaux doivent
aujourd'hui élaborer de nouveaux paradigmes intégrant les
individus qui détiennent désormais une place déterminante
dans la scène internationale.
James Rosenau 29 a fortement contribué par
ses nombreux travaux depuis plusieurs années à ce
redéploiement des approches théoriques, soulignant combien le
niveau micro politique revêtait une importance cruciale pour comprendre
la vie internationale, il a été parmi les premiers à
mettre l'accent sur les dynamiques individuelles, auparavant méconnues
ou minorées.
Il s'agit plus précisément de comprendre comment
des changements dans la conduite ou les aptitudes des individus sont
susceptibles d'entrainer des modifications dans le gouvernement des Etats. On
constate que l'automisation du savoir savant, ou encore l'usage international
de la notoriété travaille à modifier l'autorité des
Etats30.
Ces phénomènes révèlent des
acteurs étatiques de plus en plus contestés par des individus
capables d'agréger leurs actions en une action collective aux effets
parfois majeurs. Pour l'heure, il s'avère que ces mouvements faiblement
institutionnalisés et aux multiples liens horizontaux
représentent les meilleurs garants de l'efficacité des individus
face aux Etats.
De ce point de vue, il conviendra ici d'examiner d'une part,
les sujets de l'ordre international classique (chapitre I) et, d'autre part,
analyser la question de l'émergence de l'individu en droit international
(chapitre II).
29 ROSENAU(J), L'individu dans les relations
internationales, Economica, Paris, 1994, p.81
30 LAROCHE(J), op.cit, p.176
Chapitre I : LES SUJETS DE L'ORDRE INTERNATIONAL
CLASSIQUE
17
La scène internationale procède d'une
société internationale résolument distincte des
sociétés internes et à laquelle est applicable un corps de
normes spécifiques régissant les rapports entre Etats souverains
: le droit international public31.
Entendu comme ordre juridique international, elle exclut
l'individu en tant que sujet de droit pour ne reconnaitre que le monopole
d'action des Etats et leur pouvoir de contrainte. Par conséquent, au
regard de cette approche, si nous assistons bien depuis plusieurs
décennies à une véritable « crépitation
normative », celle-ci est principalement l'oeuvre des Etats, à
présent de plus en plus souvent complétée, il est vrai,
par celle des organisations internationales.
Dans le cadre de ce chapitre, il sera question de parler
logiquement du sujet originaire du droit international(section 1) et ensuite
compléter cette pensée par l'étude du sujet
dérivé en droit international(section 2) tout en
spécifiant leurs statuts et leurs actions sur la scène
internationale
Section I : L'ETAT, SUJET ORIGINAIRE DU DROIT
INTERNATIONAL
Il y a quelques auteurs emblématiques (Georges Scelle,
James Rosenau, Josépha Laroche...) de cette vision sur la scène
internationale, mais il faut d'emblée se déprendre de certaines
idées préconçues à leur égard. On a
l'habitude de présenter l'émergence du système juridique
interétatique classique comme venant régir une simple
société d'Etats atomisés, soucieux seulement de
préserver leurs intérêts personnels en établissant
leur coexistence32.
Or, il est intéressant de voir que les auteurs
classiques ne sont pas tous positionnés de cette façon ; pour la
plupart d'entre eux, la société interétatique correspond
à une réelle communauté humaine regroupée en Etats
et unie par les
31 DUPUY(R.J), cité par LAROCE(J), op.cit,
p.16
32 WEILL(P), « toujours le même et
toujours recommencé : les thèmes contrastés du changement
et de la permanence en D.I », Ecrits de D.I, PUF, Paris 2000, p.9
18
19
mêmes valeurs. En outre, l'humain ne disparait jamais
totalement de leurs écrits, non plus que la notion de communauté
de l'humanité.
Avec la géographie, ou plus précisément
la géopolitique, l'Etat apparait toujours au coeur de la
réflexion menée sur la scène internationale .Yves Lacoste
montre dans son ouvrage que la géographie doit absolument être
replacée [...] dans le cadre des fonctions qu'exerce l'Etat, pour le
contrôle et l'organisation des hommes qui peuplent son territoire et pour
la guerre33. Ainsi peut-il décliner d'autant plus
aisément l'identité de la discipline : « la
géographie existe depuis qu'existent des appareils d'Etats
»34.
A ce titre, il convient de présenter le statut
juridique international de l'Etat (§1) d'abord avant d'examiner par la
suite, ses actions (§2) sur la scène internationale en tant
qu'acteur dudit droit.
§.1 : Le statut juridique international de
l'Etat
La condition statutaire d'un être, c'est la situation
que lui fait un ordre juridique, en tant qu'il appartient à une
catégorie dont les attributs légaux sont déterminés
collectivement et non cas par cas. Toue collectivité tire de sa
qualification comme « Etat » un statut définit par le droit
international et auquel chacune peut prétendre, quelles que soient ses
particularités individuelles : il y a un statut international d'Etat
comme il y a un statut interne d'enfant légitime ou de citoyen, de
propriétaire ou de contribuable et à l'instar de ceux-ci, il
résulte de l'ensemble des règles qui le régissent et de
celles qui gouvernent ses rapports avec ses paires35.
Au nombre des acteurs des relations internationales, l'Etat
est le seul dont la condition soit ainsi déterminée
statutairement. Les sujets internes et les organisations internationales sont
des sujets « dérivés »,qui tiennent le plus gros de
leurs attributs légaux ,alors que l'Etat lui-même, est un sujet
« originaire »ou « initial » ;il ne tire son existence
d'aucun autre et il a par lui-même un certain nombre d'attributs qui lui
sont communs avec tous ses paires et qui permettent de
33 LACOSTE(Y), La géographie, ça sert
d'abord à faire la guerre, 3ème éd., La
Découverte, Paris 1985, p.10, 11
34 Idem, p.13
35 COMBACAU(J) et SUR(S), Droit international
public, 7ème éd., Montchrestien, Paris 2004,
p.224
parler légitimement d'un statut d'Etat, même si
des actes particuliers peuvent donner à tels individus de la
catégorie des caractères qui viennent colorer leur condition
internationale et permettent de distinguer parmi les Etats des
sous-catégories remarquables par des éléments
complémentaires de statut36.
Les éléments du statut d'Etat sont sa
personnalité internationale(A) et un certain nombre d'attributs
légaux(B), lesquels éléments méritent une
brève analyse.
|