Partie 1
Analyse
bibliographique
1. Système agro-sylvo-pastoral
L'agroforesterie et le sylvo-patoralisme sont deux voies
anciennes de gestion des forêts, elles permettent l'augmentation de la
productivité à petit, moyen et long terme (en comparaison avec la
forêt seule), la biodiversité (en comparaison avec les zones
agricole) et la durabilité des terres (système multi-productif).
Le sylvo-patoralisme pose des problèmes importants reliés aux
multiples bénéfices de la forêt comme le risque de
réduction des feux et de l'érosion (Mosquera et al.,
2004). Selon McAdam (2004), l'agroforesterie est un nom utilisé pour des
pratiques dans des terres où les arbres sont combinés avec des
cultures et/ou des animaux, où il existe une interaction
économique entre l'arbre et les composantes agricole. La
définition du sylvo-patoralisme est le développement des arbres
avec les pâturages. L'évolution des objectifs et des utilisations
des terres pour le sylvo-patoralisme détermine essentiellement les types
du sylvo-pâturage et du système pratiqué.
L'intensité de l'utilisation des terres engendre : i) une faible
biodiversité dans les terres agricoles; ii) une augmentation de
l'eutrophisation des cours d'eaux et des eaux souterraines; iii) une
détérioration de la structure du sol et une diminution de la
fertilité; iv) une diminution de la production agricole; et v) une
diminution de la couverture forestière.
L'agroforesterie, selon Le Houérou (2004), est la
combinaison sur une même parcelle des cultures classiques avec des arbres
forestiers plus ou moins espacés et alignés. Ce sont le plus
souvent des arbres de la famille des légumineuses en raison de leur
contribution au bilan azoté du système. C'est une technique de
production qui s'est développée dans des civilisations paysannes
au cours des siècles. L'agroforesterie a commencé depuis des
centenaires. Depuis ces temps l'Homme a commencé l'aménagement
des arbres, la production agricole et les animaux d'élevage dans une
zone donné de terre. Par contre l'étude scientifique de
l'agroforesterie est nouvelle. Le système sylvopastoral est un type
d'agroforesterie qui combine différentes plantes dont les grasses et les
légumineuses avec les arbres pour la nutrition animales et autres
utilisations complémentaires. Au cours des dernières
années, l'agroforesterie pour la production animale est une voie qui
inclut le sylvopatoralisme (McAdam, 2004). La distribution annuelle de la
production est irrégulière et on observe 70% de la production au
printemps et 30% à l'automne et pas de croissance en été.
La moyenne annuelle de production des pâturages naturels est environ de
1440kg MOD/ha. La qualité de ces pâturages est très
limitée, avec une moyenne de production de protéine nette de 10,3
kg/ha et un taux d'incorporation des légumineuses de 8,5%. Ces faibles
quantités et qualité rendent la gestion de ces ressources
très difficile.
L'amélioration des pâturages nécessite
l'introduction de différentes actions pour l'obtention d'une production
de bonne qualité et quantité. Parmi les méthodes qui
peuvent être utilisé on cite la fertilisation des parcours
naturels avec un aménagement approprié, ou l'introduction de
nouvelles espèces et variétés. Le sylvo-patoralisme
utilise des arbres et arbustes fourragers en combinaison ou non avec des
espèces cultivées, habituellement des céréales :
orge ou blé en zones méditerranéenne, mil ou sorgho en
zone tropicale. Parmi les espèces les plus utilisées en zone
méditerranéenne on cite : Acacia cynophylla, Atriplex
halimus, Atriplex nummularia,Cerratonia siliqua, Chamaecytisus palmensis,
Colutea arborescens, Colutea istria, Gleiditsia traiacanthos, Robinia
pseudo-acacia, Medicago arborea, Medicago citrinia, Morus alba, Morus nigra,
et Opuntia ficus-indica. Les haies de ces espèces
établies en courbes de niveau permettent un contrôle efficace du
ruissellement, de l'érosion et la mise en place de limites visibles des
parcelles ou des propriétés. En outre elles apportent un
complément fourrager de qualité, riche en minéraux et
protèines (Le Houérou, 2002).
Selon Boudabous et al. (2000) les
agro-écosystèmes de la Tunisie sont situés dans un climat
largement affecté par l'aridité qui se pose pour l'ensemble du
pays, mais qui n'a pas partout la même acuité. D'une
manière générale le climat et l'aridité constituent
un facteur déterminant dans l'occupation et l'aménagement de
l'espace et la valorisation de ces ressources à des fins agricoles. En
effet, toute chose étant égale par ailleurs, la
disponibilité en eau conditionne largement l'occupation humaine d'un
espace donné et, par la suite, son utilisation à des fins de
production agricoles et/ou pastorales.
Donc en considérant le territoire tunisien, les
caractéristiques climatiques permettent de distinguer trois grands
ensembles naturels, ou agro-écosystèmes, par rapport aux
possibilités et contraintes de mise en valeur agricole :
- les agro-écosystèmes du Sud-Ouest :
caractérisé par la présence d'une aridité
très marquée, l'occupation humaine de cette région et
l'aménagement de son espace se trouvent totalement
hypothéqués par la disponibilité et la mobilisation des
eaux souterraines. Dans l'ensemble, ce groupe d'agro-écosystèmes,
qui correspond aux milieux présahariens et sahariens, est
caractérisé par la prédominance de systèmes de
production typiques déterminés par la combinaison de
l'agriculture oasienne et l'élevage extensif. Ceux-ci peuvent être
classés en cinq sous-ensembles : l'atlas saharien, les Matmatas et le
Dhahr, les Jeffara et El Ouâra, les chotts et l'erg occidental;
- les agro-écosystèmes de la Tunisie tellienne :
caractérisée à la fois par une abondance de ces ressources
en eau en hiver et un déficit hydrique en été,
l'occupation humaine de l'espace de cette région est très
diffuse. En effet, ces caractéristiques climatiques n'imposent pas de
contraintes majeures à la mise en valeur agricole si ce ne sont pas les
caractéristiques édaphiques qui imposent certaines limites
(fortes pentes, topographie, pédologie, sensibilité à
l'érosion hydrique). Dans l'ensemble ce groupe est
caractérisé par la prédominance d'un complexe de
production agro-sylvo-pastoraux intensifs et extensifs à haut potentiel,
qui peuvent être classés en cinq sous ensembles :
Khroumirie-Mogods, Nord-Est, Tell, Dorsale et Dorsale occidentale; et
- les agro-écosystèmes de la Tunisie centrale :
cette région est caractérisée par une grande
variabilité du climat et la disponibilité en eau, qui
confèrent au milieu naturel une fragilité notable. Cette grande
variabilité fait que l'occupation de l'espace d'une manière
permanente est très aléatoire et dépend largement des
interventions en matière d'aménagement de l'espace. Dans
l'ensemble ce groupe d'agro-écosystèmes, qui correspond aux
milieux steppiques, est caractérisé par la prédominance
des systèmes de production agro-pastoraux aussi variés que
complexes, axés sur l'oléiculture, la
céréaliculture aléatoire et l'élevage extensif.
Ceux-ci peuvent être classés en six sous ensembles : la steppe
agricole, le Sahel de Sousse, le Sahel de Sfax, la basse steppe, la steppe
alfatière et la steppe méridionale (Boudabous et al.,
2000).
Loi et Sitzia (2004) affirment que, durant les 200
dernières années, les systèmes agropastoraux se sont
rapidement développés dans les régions
méditerranéennes et les régions tempérées de
l'Australie du sud. Actuellement, ils sont classés parmi les
systèmes les moins exigeants en intrants, et un de leur point fort est
la fixation symbiotique de l'azote atmosphérique par le biais des
cultures fourragères à base des légumineuses qui font une
partie indispensable de ces systèmes.
1.1. Permaculture
La permaculture selon Couplan (1993) est une méthode
d'agriculture planifiée, dont le choix, la disposition sur le terrain et
la conduite des plantes et des animaux constituent la base. La permaculture est
une méthode pratique d'obtenir des bénéfices
énergétiques, depuis l'environnement domestique jusqu'aux
superficies importantes.
Les plantes ne sont pas seulement intéressantes par
elles-mêmes, mais elles modifient également le climat local et
diminuent les nombreuses formes de pollution. La permaculture est un
système d'organisation des individus ou des groupes, son objectif
premier est le bien être de l'homme et la satisfaction des besoins de
ceux qu'elle prétend servir. L'agriculture permanente, est la permanence
et la stabilité entre la terre et la société. Les raisons
principales pour planifier sont les suivantes :
- économiser notre énergie
à l'intérieur du système;
- mobiliser les énergies
pénétrant le système de l'extérieur (soleil, vent,
feu);
- associer les plantes pour qu'elles s'aident
mutuellement à vivre en bonne santé;
- disposer de façon optimale tous les
éléments (plantes, terrassements et constructions,
maisons) dans le paysage;
- s'adapter au climat et au site (plan
spécifique);
- y intégrer l'homme et la
société;
- économiser le combustible pour cuisiner
et se chauffer; et
- fournir à l'homme de quoi couvrir ses
multiples besoins d'une façon réalisable par chacun.
La règle d'or dans la planification du
périmètre est de commencer à développer la zone la
plus proche, de bien la contrôler, puis d'en étendre le
périmètre. La stabilisation et l'utilisation du paysage est une
question morale dont les implications sont globales. La vie des nomades
dénués de tout se déplaçant avec d'immenses
troupeaux de chèvres est l'une des pires stratégies dans la
gestion de l'environnement que l'on puisse imaginer. La figure 1
présente un profil de terrain typique de nombreux climats
tempérés ou tropicaux humides. Les hauts plateaux (A), surface
d'érosion supérieure où les arbres et les arbustes
empêchent l'écoulement trop rapide des eaux, et où le cours
des ruisseaux cherche le sens de la pente, cèdent la place à la
pente supérieure abrupte (B), dans le cas où elle est
utilisée pour l'agriculture (dont le couvert forestier protecteur a
souvent été coupé, ce qui cause une érosion
catastrophique. La pente inférieure est une zone agricole
potentiellement très productive, bien adaptée à recevoir
les structures édifiées par l'homme, ses animaux domestiques et
ses instruments. Plus bas, de doux vallonnements mènent à une
plaine (D) où il est possible de stocker facilement l'eau au moyen de
grands barrages peu profonds, et où l'on peut pratiquer des cultures
extensives (Couplan, 1993 et McAdam, 2004).
![](Les-systemes-fourragers-des-zones-montagneuses-contraintes-et-interts-des-fabacees-dans-la-fix4.png)
Figure 1. Profil idéalisé sur un
terrain en pente (Couplan, 1993)
Des systèmes fragiles comme celui-ci, en
équilibre souvent précaire, doivent être
préservés du surpâturage et de l'érosion du sol si
l'on veut conserver toute l'eau possible pour la production
d'électricité et l'agriculture aux altitudes inférieures.
Il est donc nécessaire de gérer soigneusement tous les
éléments et d'éviter tout ce qui pourrait avoir des
conséquences fâcheuses. Ceci implique de réduire s'il le
faut le nombre des animaux ainsi que de planter et de prendre soin d'autant
d'arbres, d'arbustes et de végétaux couvrant le sol qu'il est
possible, pour retenir l'humidité. Les pentes permettent à
l'homme de gérer une grande variété d'aspects,
d'exposition, d'ensoleillement et d'abris (Loi et Sitzia, 2004).
Très souvent, on a affaire à des systèmes
agro-sylvo-pastoraux qui sont des systèmes d'élevage qui,
à un moment ou à un autre de l'année, utilisent des
espaces boisés d'un point de vue fourrager, ces espaces boisés
étant eux-mêmes le plus souvent l'objet de traitements sylvicoles
orientés vers des objectifs de production ligneuse. Ce sont des
systèmes complexes, constitués de formations
végétales variées et diversifiées, à
plusieurs strates (herbacée, arbustive et arborée) qui
interagissent fortement entre elles et qui de ce fait, fonctionnent globalement
assez différemment d'un point de vue écologique. La gestion de
ces systèmes demande une approche intégrée qui prend en
considération les différentes productions fourragères,
ligneuses et agricoles en fonction des conditions écologique, sociales
et culturelles locales, en vue de tirer le meilleur profit durable tout en les
protégeant de la dégradation.
Un programme d'aménagement des pâturages naturels
doit prendre en considération la nécessité de
procéder à des améliorations permanentes de terrains des
parcours par : la mise en défens, la réglementation du
pâturage, la limitation des époques du pacage, le calcule de la
charge du pâturage, la lutte contre les plantes nuisibles ou
indésirables et l'enrichissement des pâturages par l'introduction
d'espèces fourragères (Nahal, 1998).
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