Résumé
Les systèmes agropastoraux des régions
montagneuses du nord de la Tunisie connaissent de profondes transformations
liées à des changements qui portent à la fois sur
l'organisation sociale, sur l'économie et sur les pratiques culturales.
Dans le cadre d'étude des zones de Zaghouan, Siliana et Béja, ce
travail a montré l'importance de l'introduction des légumineuses
principalement la culture du sulla (Hedysarum coronarium L.)
variété Bikra 21 dans les systèmes de cultures des zones
montagneuses et spécialement chez les petits agriculteurs.
L'enquête de terrain sur la pratique de la rotation culturale dans les
zones montagneuses de la Tunisie et la typologie des exploitations, a
montré que les profils favorables à la pratique de la rotation se
trouvent chez les agriculteurs pratiquant ce métier depuis une
décennie, mariés, âgés de plus que 40 ans et d'un
niveau de scolarisation primaire ou plus. L'environnement favorable à la
rotation est représenté par un agriculteur propriétaire
résidant sur les lieux de son exploitation et dont l'activité
principale est l'agriculture, se trouvant à moins de 10km du
marché hebdomadaire, et parcourant une route asphaltée ou semi
asphaltée. Le modèle d'exploitation mixte à élevage
(bovins, ovins ou les deux), ayant une topographie en plaine ou en pente avec
un sol de type argileux ou sableux, une surface utile de plus de 10ha
représente le profil favorable à la pratique de la rotation.
Cette situation se présente dans 25,7, 16,4 et 15,4% des cas
respectivement à Béja, Siliana et Zaghouan. L'analyse
multidimensionnelle a permis de mieux cerner la nature des liaisons qui
existent entre les différents paramètres de productions d'une
région donnée, montrant ainsi que, les agriculteurs des
régions précédemment citées, sont
caractérisés par une connaissance de la rotation du type
croissant allant respectivement de l'absente, faible à moyenne.
L'analyse des performances de Bikra 21 a montré les aptitudes
d'adaptation de la variété aux contextes climatiques,
édaphiques et sociaux de la région. Les vitesses de croissance de
la végétation du sulla pour la fauche et le pâturage ont
varié entre 0,176 et 1,236 cm/mm de pluie. Les rendements en
matière sèche du sulla obtenus sont compris entre 974 et 5490kg
MS/ha. L'efficience d'utilisation de l'eau par le sulla varie selon l'ordre et
le mode d'exploitation entre 0,77 et 4,58 kg MS/m3 pour la fauche et
0,78 et 4,11 kg MS/m3 de pluie pour le pâturage. Les
productions énergétiques des prairies à sulla sont
comprises entre 828 et 4666UFL/ha. Les techniques d'exploitations de la culture
du sulla lui confèrent le statut d'une culture nettoyante.
Des essais de traitements du sulla par voie humide, ont
montré que l'effet positif de l'éclatement des tiges ne se
manifeste qu'après 48h de préfanage pour un ensilage issu d'un
sulla de 1ère et 2ème année
respectivement sans et avec retournement. La technique de préfanage avec
éclatement des tiges permet un gain gratuit en matière
sèche et une bonne conservation du fourrage par ensilage. Les analyses
chimiques ont montré que seuls les ensilages de sulla ERP31-2, RP31-2,
EP31-2 et RP21 sont classés dans la catégorie des ensilages
excellents. Les essais comparatifs de simulation de pluie artificielle
cumulée de 170mm, en 60 minutes, entre des parcelles de Sulla, de
blé dur (Triticum durum Desf.) et de jachère non
travaillée, présentant des pentes variant entre 4 , 8 et 12% ,ont
mis en évidence que l'installation du sulla a engendré un
ruissellement d'eau de 1,2 à 5,8l alors que pour la jachère non
travaillée la perte d'eau a varié de 6,3 à 36,2l. A 12% de
pente, les taux de ruissellement ont été de 3,4 et 23,2%
respectivement pour le sulla et le blé dur. Dans les mêmes
conditions, le sulla favorise une infiltration d'eau de 99%, contre 76,6% pour
le blé. Par rapport à une jachère non travaillée,
un couvert végétal à base de sulla sur une pente de 12%
réduit plus que 10 fois la quantité de terre
érodée. Dans les charges solides transportées par
l'érosion pluviale, l'argile représente 55% du total, avec une
teneur en azote de 32ppm, et un taux de matière organique de 3,5%. Donc,
l'amélioration de la couverture végétale ainsi que
l'état organique des terres tend à redynamiser et surtout
sécuriser les secteurs de production céréalière,
fourragé et l'élevage.
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