3.1.2.2.2 L'occupation du sol
L'occupation du sol est un des facteurs qui doivent être
recherchés sur des supports cartographiques ou dans toutes autres
informations graphiques. La zone d'étude dispose en effet d'une
multitude d'informations cartographiques pouvant permettre d'appréhender
ce facteur dans cette dynamique hydrogéomorphologique. Des cartes
topographiques fournies par l'IGN dans les années 1962 et 1963, à
l'échelle de 1/200000 sont disponibles. Ainsi du fait de
l'étendue, quatre feuilles couvrent la totalité du bassin versant
à savoir : Tahoua, Birni N' konni, Doutchi et Bagaroua. L'utilisation de
ces cartes est la première des étapes dans un travail type, mais
trop petites pour comprendre certaines caractéristiques d'unité
d'occupation telle que les surfaces nues favorables au ruissellement et
l'érosion. C'est pour cette raison, il serait préférable
de travailler soit sur des cartes topographiques au 1/50000 dont notre zone
d'étude ne dispose d'aucune feuille, soit sur des photographies
aériennes sous des échelles plus grandes que les deux premiers
supports cartographiques. En effet les photographies aériennes de
l'année 1975
couvrant la zone d'étude sont disponibles. Cela permettra
de présenter une situation des années 70 avec un maximum de
détails relatifs à ce facteur.
Ensuite l'apport de la télédétection
à travers les images satellitaires est de loin le meilleur
procédé pour spatialiser l'occupation du sol. L'utilisation des
images satellitaires revêt un apport important dans ce travail. Les
données de la télédétection assurent le suivi et
l'évolution des différentes unités d'occupation du sol.
Cette importance a été aussi soulignée par
Grésillon (1977) cité par Tauer et Humborg 1993 en conseillant de
ne pas se limiter exclusivement aux cartes aux 1/200000 car, trop petite pour
déterminer les caractéristiques et autres détails sur les
bassins versants en Afrique de l'Ouest. Cependant des couvertures satellitaires
Landsat de résolution 30m scène 1980 et 2000 et SPOT de
résolution 10m Scène 1996 ont fait l'objet d'une carte
thématique entrant dans la dernière publication de Bouzou et al.
(2009). Il existe aussi d'autres cartes thématiques issues du travail de
Mahaman (2008) qui ont présenté l'occupation du sol des
situations 1975 ; 1986 et 1999, sur une fenêtre cadrant le terroir de
Mountséka.
Par ailleurs, au Niger nous disposons d'un document
intitulé « Nomenclature d'occupation du sol ». Ce document
élaboré par les chercheurs des différentes institutions et
directions techniques ayant les questions environnementales en commun, sous
l'égide du ministère en charge de l'environnement et de la lutte
contre la désertification est aujourd'hui l'outil
d'interprétation de l'occupation des sols sur images satellitales.
Partant de toutes ces données existantes et de leurs
diversités, l'intérêt est de faire une utilisation plus
judicieuse afin d'alimenter le modèle de perte en terre et aussi
vérifier notre hypothèse relative à ce facteur. A ce
niveau, nous pouvons toutefois utiliser le Système d'Information
Géographique Arc View et ERDAS Imagine qui jouent ainsi le rôle
d'intégrateur des données nécessaires pour l'estimation du
risque d'érosion. A travers des modules d'analyse et de calcul
intégrés, il sert aussi à identifier le taux de
recouvrement du sol et à évaluer les pertes en terre. A travers
le SIG, toutes les données de bases seront analysées afin
d'obtenir une répartition spatiale des informations sous formes des
couches de tous les facteurs entrant dans l'équation de prévision
de perte en terre.
L'occupation du sol à travers la
végétation joue un rôle considérable dans
l'évaluation du risque d'érosion. La végétation se
présente alors comme un bon indice de diagnostic des risques de
ruissellement et d'érosion sur un bassin versant. La NOS du Niger a bien
distingué les différentes unités de
végétation parmi lesquels nous pouvons citer les fourrés.
Les fourrés ripicoles se
définissent comme étant des formations
végétales qui apparaissent sur l'image sous forme
effilochée en petit massif de couleur variant du rouge au magenta. Elles
ont une structure généralement massive et homogène et une
texture lisse. Sur le terrain, elles constituent des formations arborées
arbustives relativement formées de buissons avec présence
d'Acacia ataxacantha et d'autres espèces épineuses avec
un recouvrement fort (R > 60%) ; on les rencontre généralement
sur sol lourd (argileux ou argilo limoneux à argileux sableux) dans les
zones inondables, autour des mares et le long de certains cours d'eau et
ravins. La prise en compte de cette unité dans la connaissance du
phénomène d'érosion présente un
intérêt tout particulier plus précisément dans
l'élargissement et le recul des têtes des ravines ainsi que les
berges des koris. Les fourrés sont aussi de véritables
pièges de sédiments en amont ou sur les versants. L'image Landsat
bien que de basse résolution permet, de déterminer ces
unités qui jouent un rôle dans les processus d'érosion
linéaire ou du ravinement. Face à ces multiples fonctions, les
fourrés comme toutes autres unités de végétation
méritent une discrimination pour enfin cerner la dynamique des ravines
et des koris. Ainsi le long des koris les secteurs où, les
fourrés sont denses et réguliers s'accompagnent d'une
stabilité des berges et des faibles apports latéraux des
sédiments sur les versants du kori. Par contre de leurs
irrégularités ou leur dégradation naissent des petites
brèches d'élargissement des berges. Il faut noter que les
fourrés sont aussi très fragiles face à l'intervention de
l'homme et à la variation des caractéristiques climatiques d'une
année à l'autre.
En mettant un accent particulier sur les fourrés
ripicoles, nous pensons compléter les études cartographiques
réalisées par l'équipe du programme de recherche dynamique
et gestion des bas-fonds sahéliens. Ces études (Mahaman 2008 ;
Bouzou et al. 2009) ont surtout montré l'évolution des surfaces
cultivées, des jachères et des formations
végétales. Afin de mieux ressortir le rôle de l'occupation
du sol en général et de celui des fourrés ripicoles en
particulier dans la dynamique hydroérosive, les notions de
fourrés ripicoles réguliers et dégradés seront
introduites.
|