3.1.2.2.1 Le climat
Comme nous l'avons noté précédemment dans
la littérature scientifique, la pluie et ses caractéristiques
sont les seuls paramètres prépondérants pour la
compréhension et l'évaluation de l'érosion hydrique.
D'autres composantes climatiques peuvent jouer un rôle primordial.
L'évaporation d'abord qui, entre les périodes pluvieuses, peut
jouer aussi sur le degré de dessiccation des fragments de surface et
modifier la stabilité structurale et le profil hydrique des couches
superficielles et modifier ainsi l'infiltrabilité (Macary& Berville
; 2003).
La pluie
Les données relatives aux précipitations et de
leurs caractéristiques sont indispensables à l'étude des
phénomènes d'érosion. La pluie est par définition
une précipitation tombée au sol sous forme liquide. Elle est
observée au Niger sur quatre (4) mois suite à la remontée
du FIT (Front Inter Tropical). L'analyse des données
pluviométriques renseigne sur la répartition de cette eau, leur
quantité disponible, favorable au développement des
activités en milieu rural. Ces précipitations sont aussi les
seules utiles pour le ruissellement ainsi que l'écoulement des koris.
Elle est exprimée en millimètre à partir
du pluviomètre à lecture directe. La quantité d'eau
recueillie correspond à la hauteur tombée au sol.
L'intensité est la quantité d'eau tombée par unité
de temps, exprimée le plus souvent en mm/h et déterminée
à partir des enregistrements au pluviographe à auget basculeur.
En effet, l'efficacité de la pluie vis à vis des processus
d'érosion est liée aux rôles qu'elle a dans le
détachement des particules des sols, mais surtout dans la formation du
ruissellement. Cette érosivité dépend essentiellement de
l'intensité et du volume des précipitations (Macary& Berville
; op.cité).
Les hauteurs des pluies annuelles enregistrées à
Birni N'konni, station créée en 1933 et celle de Doutchi
présentent une très grande variation d'une année à
l'autre et sont les seules données disponibles et accessibles
auprès des archives de la météorologie nationale. Ainsi
d'une manière générale nous trouverons comme
données disponibles les précipitations journalières de la
principale station de Birni N' konni sur toute la période à
l'exception de l'année du début
d'observation, suivi tout simplement de deux postes
d'observations des deux localités que couvre la zone d'étude :
Allela et Yaya.
Cependant ces localités disposent chacune d'un
pluviomètre depuis respectivement 1981 et 1990, avec des données
manquantes sur des grandes périodes. A titre d'exemple, les dix
premières années de mesure à la station d'Alléla
manquent dans les archives de la DMN. Celle de Yaya, les données
manquantes ne sont que celles de ces trois dernières années.
Ainsi face à cette situation d'incohérence des
données, il sera utile de les compléter le plutôt que
possible de manière à respecter une certaine répartition
des appareils de mesure sur la partie centrale du bassin versant (carte 2). Ce
secteur semble avant tout être le plus menacé au vue des multiples
signes de dégradations dus à l'érosion des terres de
cultures qui débouchent directement dans le kori. C'est aussi le secteur
ou sévit actuellement l'essentiel des cultures de contre saison. Notons
que depuis deux ans, il existe deux pluviomètres
régulièrement suivis à Mountséka et Bayzo. Les
données issues de ces appareils vont permettre dans une large mesure
à nous rendre compte, de la quantité tombée et de
l'importance des grosses averses enregistrées sur le bassin versant du
kori Mountséka. Cette dernière raison est l'une des principales
hypothèses liée au climat dont ce travail tente de
répondre ultérieurement ou à partir de laquelle peuvent
découler d'autres hypothèses.
Ainsi, sur la base de ces deux dernières années
de mesure de la pluie, un constat se dégage. En effet les figures 5 et 6
montrent que l'essentiel des pluies dans la région d'étude sont
enregistrées au mois de Juin à Septembre parfois jusqu'en Octobre
avec des maximums centrés en juillet et Août. Cela n'est pas sans
conséquence sur le plan environnemental et hydrologique à la
genèse d'important ruissellement et donc une intense morphogenèse
dans nos milieux (Malam Abdou M., 2007). Les hauteurs des pluies sont variables
d'un mois à un autre ainsi qu'entre les deux (2) années de
mesure. Ce qui nous révèle déjà une idée sur
la répartition de la pluie sur le bassin versant. A titre indicatif,
Mountséka a enregistré 479 et 667mm respectivement en 2007 et
2008 contre 441 et 522mm à Bayzo. Les hauteurs issues de ces
pluviomètres renseignent sur les grosses pluies susceptibles de modifier
le paysage. Parfois les grosses averses ne sont pas les seules qui
génèrent le ruissellement et l'érosion dans nos milieux.
Certaines études (Bouzou 1988) ont montré des pluies de 5mm ayant
ruisselées. En effet, la hauteur la plus élevée
tombée en 2007 est 52,5mm à Mountséka contre 39mm à
Bayzo respectivement le 29 et 28 Août 2007.
En 2008, où des pluies de Mai et Octobre ont
été enregistrées (fig. 6) ; Bayzo a enregistré 68mm
au mois de Juin contre 64mm en Août à Mountséka.
Hauteurs/mm
250
200
300
150
100
50
0
Jan Fev Mars Avril Mai Juin Juillet Aout Sept Oct Nov Dec
Mois
Bayzo_2007 Mountséka_2007
Figure 5: cumuls pluviométriques de
Mountséka et Bayzo en 2007 Source : poste pluviométrique
de Mountséka et Bayzo.
Hauteurs/mm
300
250
200
150
100
50
0
Jan Fev Mars Avril Mai Juin Juillet Aout Sept Oct Nov Dec
Mois
Bayzo_2008 Mountséka_2008
Figure 6: cumuls pluviométriques de
Mountséka et Bayzo en 2008 Source : poste pluviométrique
de Mountséka et Bayzo.
L'importance de ces types d'averses dans l'étude du
ruissellement et de l'érosion, pousse à chercher leurs
fréquences d'apparition et leurs temps de retour. Cette tâche est
essentielle dans les
critères de prévision et de risques
d'érosion liés à ces averses. A partir de l'analyse
statistique des données pluviométriques de la station de Birni
N'konni et Doutchi (Bahari ; 2008), quelques résultats ont
été présentés sur les différents
extrêmes pluvieux journaliers avec leurs temps de retour dans les
tableaux 2 et 3. Aussi compte tenu de la très forte variation
spatiotemporelle des précipitations, le temps de retour d'une pluie
à l'autre varie entre les deux stations.
Tableau 2: résultat de l'ajustement de la loi
normale (maximum de vraisenblance): station de Birni N'konni
Temps de
retour
|
q
|
XT
|
Ecart type
|
Intervalle de confiance
|
Borne <
|
Borne >
|
50
|
0.98
|
88.1
|
4.60
|
79
|
97.1
|
20
|
0.95
|
81.1
|
4
|
73.3
|
89
|
10
|
0.90
|
75
|
3.51
|
68.1
|
81.8
|
5
|
0.80
|
67.5
|
3.02
|
61.6
|
73.4
|
3
|
0.66
|
60.5
|
2.71
|
55.2
|
65.8
|
2
|
0.50
|
53.2
|
2.59
|
48.1
|
58.3
|
Tableau 3: résultat de l'ajustement des pluies
maximales par la loi normale (maximum de vraissemblance): Station de
Doutchi
Temps de
retour
|
q
|
XT
|
Ecart type
|
Intervalle de confiance
|
Borne <
|
Borne >
|
50
|
0.98
|
98.6
|
8.74
|
81.5
|
116
|
20
|
0.95
|
90.5
|
7.58
|
75.6
|
105
|
10
|
0.90
|
83.2
|
6.64
|
70.2
|
96.2
|
5
|
0.80
|
74.4
|
5.69
|
63.2
|
85.5
|
3
|
0.66
|
66.2
|
5.09
|
56.2
|
76.1
|
2
|
0.50
|
57.5
|
4.85
|
48
|
67.1
|
Source : Bahari (2008)
T = 1 / (1- q) = Temps de retour
q = F(X) = probabilité de non dépassement XT =
pluie moyenne ou pluie ajustée.
Cette variation des cumuls pluviométriques et des
extrêmes journaliers entre les stations peut toutefois expliquer le
degré, l'intensité de l'érosion et la turbidité des
eaux au cours d'une même année sur le bassin versant de
Mountséka. Par exemple, les paysans soulignent que cette
turbidité est plus élevée dans le secteur de
Mountséka qu'à Doum fourma et kanguiwa. En définitive, les
données journalières sont importantes pour nous afin de
comprendre le rôle des grosses pluies dans la dynamique
hydroérosive actuelle. Quant aux données à recueillir
à partir du pluviographe et des pluviomètres, elles nous
permettront de mettre en relation la hauteur, la durée et
l'intensité des pluies. Enfin, les cumuls annuels de la station de
Birnin Konni seront aussi utilisés pour le calcul du facteur R qui
traduit l'érosivité des pluies. Dans l'impossibilité de
calculer R selon la méthode décrite par la RUSLE, Renard et
Freimund (1994) cités par Morschel et Fox (2004) proposent une
méthode de substitution établie sur une relation entre R et la
hauteur de pluie annuelle moyenne (P) exprimée en mm : R= 0,04830 P
1,610
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