2.1.2 Géomorphologie, sols et
végétation
L'observation des cartes topographiques de Birnin Konni,
Doutchi et Bagaroua au 1/200000 révèle que le bassin versant de
Mountseka repose sur une zone accidentée ayant subi des modifications
notables. La zone d'étude appartient à une structure monoclinale
ou les pendages et les pentes sont faibles. Avec une superficie de 5066,20
Km2 le bassin versant du kori mountséka est situé dans
le centre sud du pays et repose aussi sur le bassin sédimentaire des
Iullimenden. Son héritage d'une histoire climatique et géologique
ancienne se traduit par la présence de nombreux plateaux
latéritiques entrecoupés par des vallées fossiles,
sableuses au fond desquelles serpentent des lits de rivières
asséchés, côtoyant quelques dunes fixées, vestiges
de l'alternance entre avancées du désert et périodes
humides (Sylvain Massuel, 2005). Ainsi, cinq
unités morpho dynamiques sont distinguées. Les
sommets des plateaux (pente faible<1%) à cuirasses ferrugineuses,
parfois partiellement recouverts d'un manteau sableux. Le
phénomène de décapage sur ces unités est
relativement moins important et se traduit pour l'essentiel à
l'érosion en nappe, de nombreuses buttes résiduelles
cuirassées auxquelles s'ajoutent des talus d'éboulis courts
concaves à convexe, profondément ravinés laissant
affleurés les grès argileux altérés. Ces talus plus
ou moins abrupts, forment ainsi une zone de transition entre les versants
sableux et les plateaux.
Les glacis ou encore "jupes sableuses" de taille variable,
sont composés de sols ferrugineux peu lessivés essentiellement
sableux. Ici, on assiste à un décapage important dû au
ruissellement concentré et aux formes d'érosion hydrique qui s'y
développent. Des lithosols peu évolués à
faciès ferrugineux s'y développent avec souvent de fortes charges
caillouteuses surtout dans la partie amont et médiane du bassin versant.
Ils sont dans leur grande partie encroûtés et ravinés ; la
végétation dominante est arborée arbustive
clairsemée constituée de Combrétacées tel que
Guiera senegalensis. Cette séquence est typique des sols peu
perméables à très faible pente en milieu semi-aride. La
vallée est fossilisée par des dunes allongées,
orientées Est-Ouest- Nord - Est avec des sommets ondulés. Ces
dunes qui recouvrent également de grandes surfaces des sommets de
plateaux traduisent une phase sèche et expliquent l'endoréisme du
réseau hydrographique. Ces édifices sableux marquent le paysage
de la zone d'étude plus précisément de Doun fourma
jusqu'à Dan Katsari avec des altitudes allant 250 à 260m,
contribuant ainsi progressivement à la fossilisation des lits des koris
par le mouvement des sables des versants (Bouzou et al, 2009). Les sols de
types ferrugineux tropicaux indurés des glacis portent une
végétation contractée : la brousse mouchetée
à tachetée. Par contre les sols meubles portent une steppe
arbustive dégradée.
Le fond de vallée, ou bas fond, ferment la
toposéquence où l'écoulement est observé. Le lit
est relativement plat et faiblement encaissé (232m d'altitude), d'une
largeur variable allant de 100 à 150m par endroit. Il constitue
l'unité la plus mal drainée et accumule l'essentielle des charges
limoneuses colmatées sur les versants. La végétation le
long du kori et de ses tributaire communément appelée
fourré ripicole, constituée de combretacée présente
elle aussi des discontinuités moins prononcées par rapport
à celles observées sur les autres unités morphologiques.
Les sols y sont de type ferrugineux peu lessivés aux abords. La
proportion d'argile peut augmenter à la faveur d'un stockage
récurrent des eaux de surface par ruissellement.
Il s'agit du kori principal bien alimenté qui donne
naissance à des sols hydromorphes, plus clairs, gris et bruns, avec des
taux modestes d'une matière organique. Les sols engorgés sont
généralement fertiles et cultivables lors des décrues. Ces
lambeaux de terrasse dans les bas fonds récents ou dans les sols
situés à proximité des zones inondables sont
généralement salins et sodiques (Gomer et Tauer, 1989 ; 1993).
La répartition des différentes formations
végétales naturelles sur la zone de Mountséka est
très discontinue. Elle tient à la situation topographique et
à l'affinité hydro-pédologique du milieu. L'adaptation
à l'insuffisance des réserves hydriques est à l'origine
d'une colonisation par la "brousse tigrée" sur les entablements
ferrugineux du Continental terminal. De faibles bandes de
végétation dense collectent les écoulements
générés par une large bande de sol nu en amont (Galle et
al., 1999, Valentin et al., 1999 in Massuel 2005). Ainsi du fait de la forte
anthropisation du bassin versant de Mountséka et des sècheresses
qu'a connues la zone d'étude en particulier, la végétation
climacique tend à disparaître, seules quelques espèces
existent et s'adaptent difficilement aux conditions climatiques et à
l'action humaine.
C'est ainsi que Mahaman M. (2008) a aussi montré que la
végétation dans le secteur de Mountséka a connu une
dégradation sévère, même si c'est à des
degrés variables dans les années précédentes. Il
est à souligner aussi que la végétation naturelle dans la
zone d'étude est déjà fortement affectée par
l'intervention de l'homme et des animaux. C'est seulement le long des koris et
de leurs tributaires qu'on observe sur des tronçons des fourrés
ripicoles denses. Cette caractéristique de la végétation
autour des koris explique la dynamique qui les affecte.
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