II- LES ACTEURS DE LA RESSOURCE EN EAU DANS LES ZONES
DES
CLE DE MADAOUA ET BOUZA : IMPLICATION ET ATTENTES
2-1 Les acteurs de la ressource en eau
Dans les zones des CLE, les acteurs de la ressource en
eau peuvent globalement se regrouper en deux catégories : les acteurs
usagers et les acteurs non usagers.
Le premier groupe comprend les usagers domestiques,
les agriculteurs, les éleveurs, et les briquetiers. Il ya
également les pêcheurs même si dans nos villages
d'étude ce type d'acteurs n'existe pas du fait qu'il n'ya pas de mare
permanente.
Le deuxième groupe d'acteurs est celui des
préfectures, des mairies, des chefferies traditionnelles et des services
techniques de l'État.
2-1-1 Usagers/Usages
· Les usagers domestiques :
Les usages domestiques de l'eau dans tous les
villages visités concernent essentiellement la boisson humaine et
l'abreuvement des animaux. L'approvisionnement en eau du ménage est
essentiellement assuré par les femmes et les jeunes filles, et dans
quelques rares cas les garçons.
Le CLE de Bouza est particulièrement
caractérisé par des difficultés d'approvisionnement en eau
du fait des caractéristiques hydrogéologiques de la zone. La
nappe est très profonde et l'exhaure nécessite des forages
très coûteux qui ne sont pas à la portée des
populations. Dans cette partie de la vallée, les femmes parcourent des
dizaines de kilomètres pour trouver un point d'eau. Ce qui entraine une
forte pression sur les rares points d'eau où les femmes et les filles
passent des journées entières. Cela a des conséquences
sociales importantes. Dans les villages de la zone que nous avons
visités, certaines filles sont affectées entièrement
à la corvée d'eau et ne peuvent de ce fait ni aller à
l'école, ni faire d'autres travaux domestiques.
Les mêmes difficultés d'approvisionnement
en eau se posent dans les rares villages du CLE de Madaoua se trouvant sur le
plateau.
Au niveau du versant, le problème est moindre, la
profondeur des puits exploités tournent autour de 15 à 20
mètres.
Sur les marchés, beaucoup de
spéculations se font autour de la ressource en eau. En effet, sur tous
les marchés ruraux visités, nous avons remarqué la
présence des revendeurs d'eau. Sur le marché de Karofane par
exemple, un tonneau de 200 litres est acheté à 400 F CFA sur le
puits pour être revendu autour de 1500 F CFA sur le marché. Le
récipient d'environ 1 litre est vendu autour de 10 F.
· Les agriculteurs : Dans les deux CLE,
l'agriculture constitue la principale activité des
populations.
Sur les plateaux et les versants, l'agriculture est
exclusivement pluviale. La production dépend directement de la
quantité de pluie qui va tomber durant la saison. Elle est
pratiquée pendant trois à quatre mois, après quoi les bras
valides partent en exode dans les pays voisins.
Dans cette partie de la vallée, les terres
cultivables sont insuffisantes, du fait de l'érosion et des
affleurements rocheux qui couvrent une grande partie des terroirs.
Comme solution à cette agriculture
dépendante de la pluie, les personnes enquêtées proposent
la construction de barrages sur les multiples koris pour valoriser les eaux de
pluie qui sont en grande partie perdues dans le ruissellement. Cela permettrait
de pratiquer le maraîchage et de maintenir les bras valides sur
place.
Par contre dans le lit de la vallée, le
maraîchage est très bien développé à cause de
la proximité de la nappe (Cas de Sabon Guida et Takolgott). L'oignon
constitue la principale culture avec en moyenne trois récoltes par an. A
Takolgott par exemple, certains paysans ne pratiquent plus l'agriculture
pluviale au profit du maraîchage. Les premiers semis d'oignons ont lieu
aussitôt après la récolte des céréales (mil,
sorgho) qui sont des cultures pluviales (Photo 5).
Photo 6 : Planches d'oignon dans la partie
récoltée d'un champ de mil dans le CLE de Madaoua (lit de la
vallée).
Compte tenu des exigences de la culture de l'oignon,
l'irrigation y est très pratiquée avec une forte utilisation
d'engrais et pesticides. Elle est faite à partir des puisards chez les
exploitants moins nantis et à partir de forages maraîchers
équipés de motopompes pour les exploitants disposant de
moyens.
Les usagers enquêtés affirment en
majorité être informés de l'existence de la pollution de la
nappe (Figure 11).
Pas de pollution 16%
Nous n'avons pas le choix 19%
Ne savent pas 10%
Nous sommes informés 55%
Figure 11 : Perception de la pollution de l'eau due aux
engrais par les usagers.
· Les éleveurs :
L'élevage est la deuxième
activité après l'agriculture dans notre zone d'étude. Dans
la plupart des cas, il s'agit d'un élevage de case. Ce sont
essentiellement les agriculteurs qui disposent d'animaux qu'ils gardent dans
leurs concessions.
Mais après la récolte, on note une descente
importante des éleveurs transhumants du Nord au Sud. Ce
même si cette année, nous n' rarement
liés à l'eau.
L'élevage n'a pas de grandes particularités
sel
note simplement une plus grande li
versants contrairement à la vallée
où le maraîchage prend
animaux en divagation provoqu
généralement réglés par les
chefs de villages.
· Les briquetiers :
Dans l es localités visitées
habitations en banco, construites à partir
personnes dont le métier est la
incontournables de l'
eau. Généralement
tte descente est marquée quelquefois par des
conflits entre agriculteurs et éleveurs avons rencontré aucun
cas de conflit.
Mais ces conflits sont
on les unités géomorphologiques. On
berté du bétail en saison sèche
au niveau du plateau et des
la
place des cultures sous pluie. Les ent donc de petits
conflits ( comme à Takolgott) mais qui sont
sur le versant et dans la vallée
, il existe de nombreuses
de briques
en terre. Les briquetiers sont des
fabrication et la vente
des briques. Ce sont des usagers exécutée
par des jeunes, c
ette activité est une grande
consommatrice d'eau et fai
t vivre de nombreuses familles. La construction des
briques débute (Octobre à Novembre)
généralement à l'arrêt des
pluies . Ce qui engendre des conflits entre les
confectionneurs de briques et les éleveurs car
c'es t la période pendant laquelle les animaux en divagation
piétinent les briques. Il faut cependant noter que dans nos villages
d'étude, ces conflits existent mais ne sont pas graves.
Sur le plateau par contre, les types d'habitats sont en
briques de pierre, la briqueterie n'est donc pas
développée.
· Les usages culturels de l'eau
:
De nos jours, de nombreux rites traditionnels liés
à l'eau ont disparu avec l'avènement de l'islam.
Toutefois, on peut noter dans certains villages
quelques cérémonies traditionnelles organisées par les
populations en cas de retard des pluies. Ces cérémonies varient
selon les localités.
C'est le cas de la zone de Bouza où une
cérémonie de demande de pluie est organisée. A l'occasion
de cette cérémonie, des femmes portent des habits d'hommes et se
rendent à l'Est du village où, après un festival de danses
et de chants, un bouc rouge est sacrifié. La viande du bouc est
intégralement mangée par les mêmes femmes en
brousse.
C'est également le cas d'une autre forme de
rite qui consiste à regrouper des dignitaires religieux et coutumiers
qui, suite à des sacrifices, implorent les Dieux pour qu'ils fassent
descendre la pluie.
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