La gestion communautaire des ressources en eau dans les
CLE de Madaoua et Bouza demeure encore traditionnelle. Elle peut être
soit individuelle, soit participative.
+ Gestion traditionnelle individuelle
Dans ce type de gestion, c'est une seule personne qui
a la responsabilité de gérer la ressource en eau et les
infrastructures hydrauliques, généralement le chef du village ou
le chef de canton. Ces derniers assurent ainsi la gestion d'éventuels
conflits liés à la ressource. Mais ils ne peuvent être sur
place pour s'assurer de l'application des règles d'accès à
respecter.
C'est pourquoi dans la plupart des cas le chef
responsabilise d'autres personnes pour assurer la gestion des points d'eau. Ces
dernières étant beaucoup plus proches du point d'eau, elles ont
le pouvoir de contrôler et de faire respecter les règles
d'accès, la gestion des conflits étant toujours assurée
par le chef. Les personnes responsabilisées rendent comptent au chef du
village.
On observe également au niveau de certains
forages ou puits cimentés publics, que la gestion est assurée par
une seule personne quasiment toujours présente sur le point d'eau. Cette
personne est généralement désignée par consensus
par la population du village. La
personne choisie organise l'accès à
l'eau, assure la salubrité au niveau du point d'eau avec l'aide des
populations et, collecte les fonds (vente d'eau ou cotisation des habitants du
village) pour la maintenance des ouvrages. Ce mode de gestion a
été constaté sur les points d'eau à Karofane, dans
le CLE de Bouza.
Par contre au niveau du lit de la vallée
où presque chacun dispose d'un point d'eau dans sa concession et/ou dans
son champ, la gestion est isolée. Chacun détermine librement les
normes d'utilisation de la ressource à sa guise. Le chef de village
n'intervient qu'en cas de conflit.
Au niveau des sites maraîchers à
Madaoua, il a été constaté une forme
particulièrement nouvelle de valorisation des ressources en eau. En
effet, des particuliers ont creusé dans leurs champs des forages
équipés de motopompes spécialement pour la vente d'eau sur
place. Le bidon de 20 litres est vendu à 10 FCFA. Des quantités
assez importantes d'eau pouvant aller à plus de 2 m3 par jour
peuvent être vendues. Selon les producteurs, cette forme de vente d'eau a
vu le jour récemment, suite à l'approfondissement croissant de la
nappe à certains endroits. Il devient en effet plus économique
pour certains producteurs, notamment ceux qui n'ont pas de motopompes,
d'acheter l'eau pour l'arrosage que de la puiser.
+ Gestion traditionnelle participative
La gestion traditionnelle participative est le
deuxième mode d'organisation et de gestion des ressources en eau dans
les zones des CLE de Bouza et Madaoua. Ce mode de gestion revêt plusieurs
formes.
A Guidan Bado dans le CLE de Bouza, les populations
se sont organisées autour d'un site maraîcher pour gérer
les ressources en eau. Une zone a ainsi été
délimitée dans laquelle des normes d'utilisation de la ressource
ont été définies. En effet, toute personne qui gaspille
l'eau ou qui laisse divaguer des animaux dans cette zone est amendée.
Les chefs des villages qui exploitent le site assurent le respect de
l'application de ces mesures.
Autour des puits pastoraux, les éleveurs
s'organisent également pour réglementer l'accès à
l'eau. L'idée d'organiser l'accès aux puits pastoraux est
née du fait de la forte pression qu'ils subissent. Cette pression est
accentuée en période de transhumance et à cette
période précisément, certains villageois refusent aux
éleveurs d'accéder à leurs puits (Cas de
Saidaoua).