Chacun des deux CLE dispose d'un plan d'action pour
la GIRE établi sur trois ans. Les plans d'action des CLE ont
été élaborés avec l'aide des services techniques et
les propositions des populations. Ils ont été suivis d'une visite
sur le terrain par les membres des comités exécutifs des
CLE.
Ces plans d'action GIRE constituent une programmation
des actions à réaliser dans le temps et dans l'espace en vue
d'aboutir non seulement à une mise en valeur des potentialités de
la zone des CLE, mais aussi à une maîtrise des différentes
contraintes identifiées lors de la phase d'identification des
problématiques GIRE. Ces actions varient selon le contexte
géomorphologique. Elles s'articulent autour des points suivants
:
- Amélioration de la couverture des besoins en
eau et l'accès à l'eau potable ; - Lutte contre
l'insécurité alimentaire ;
- Amélioration de l'état de santé
des communautés dans le cadre de la GIRE ; - Renforcement des
capacités des acteurs sur la GIRE ;
- Amélioration des conditions de vie de la
femme.
Chacun des deux CLE dispose d'un compte bancaire dans
une institution de micro finance (Mutuelle YARDA), à Madaoua pour le CLE
de Madaoua et à Bouza pour le CLE de Bouza, ainsi que des bureaux (non
équipé au moment de notre passage pour le CLE de
Bouza).
Après deux ans d'existence, on ne peut
aujourd'hui compter à l'actif des CLE qu'une tournée de
sensibilisation effectuée dans tous les villages, grâce à
l'appui du projet GWINiger, à l'occasion de laquelle les populations ont
été informées sur les missions assignées aux CLE,
la nécessité d'une participation de tous pour l'accomplissement
de leurs missions.
Toujours sur financement du projet GWI-Niger, le CLE
de Madaoua a signé un contrat avec une radio locale à Madaoua
pour passer, une fois toutes les deux semaines, une émission sur la
GIRE.
Le projet a également organisé deux
voyages d'études : au Burkina Faso à l'intention de trois membres
du comité exécutif du CLE de Madaoua et au Mali à
l'intention de trois membres du comité exécutif du CLE de Bouza,
afin de leur faire découvrir les pratiques de gestion des ressources en
eau dans ces pays.
Actuellement, les CLE ont ficelé de nombreux
dossiers dont le financement reste toujours à rechercher.
Dans la basse vallée de la Tarka en
général, la ressource en eau est essentiellement souterraine. Les
eaux de surface se limitent à quelques mares permanentes et
semipermanentes, et des écoulements temporaires en saison des
pluies.
La disponibilité et l'approvisionnement en eau
dans les CLE de Madaoua et Bouza varient très fortement d'une
localité à une autre. Elles sont surtout fonction de
l'unité géomorphologique en présence.
·. Dans le CLE de Bouza :
Tous les villages sont situés soit sur le
plateau, soit sur le versant. Ces entités morphologiques sont
caractérisées par une nappe très profonde (nappe du
Continental Terminal) nécessitant des ouvrages coûteux. Les puits
traditionnels l'atteignent rarement avec des débits dérisoires.
C'est pourquoi dans le CLE de Bouza, les villages font face à une
pénurie d'eau et un manque crucial d'infrastructures hydrauliques
fonctionnelles. Cette situation prévaut dans tous les villages du CLE
que nous avons visités (Photo 5).
A Karofane, le village ne dispose plus que de trois
puits cimentés pour une population de 2746 habitants en 2011 (RGP/H,
2001), avec une mini AEP en panne. Ce qui fait que les
populations sont obligées d'aller à la
recherche de l'eau dans un village situé en bordure de la vallée,
à environ deux kilomètres, notamment en saison
sèche.
A Bouza également, malgré l'Adduction
d'Eau Potable, les populations vivent assez régulièrement les
pénuries d'eau.
En plus, la grande partie de la zone du CLE de Bouza
est couverte d'affleurements rocheux, ce qui limite l'infiltration et
entraîne des ruissellements importants. C'est pourquoi, on observe une
forte concentration de koris, affluents de la vallée de la Tarka. Ces
affluents accentuent l'érosion et les pertes en terre (Photo 1).
Cependant, on note une rareté de micro barrages qui pourtant auraient
permis de valoriser cette eau, d'alimenter la nappe et de limiter les
pénuries d'eau et l'érosion.
Photo 1 : Koris dans le CLE de Bouza.
·. Dans le CLE de Madaoua :
Dans ce CLE par contre, l'eau est disponible et mieux
accessible en général. Cependant, il existe ici quelques villages
sur le plateau où les caractéristiques hydrogéologiques
sont comparables à celles des villages de Bouza.
C'est le cas de Takachouart, un village de la commune
d'Arzérori dans lequel l'accès à l'eau se fait avec
beaucoup de difficultés. Ce village d'environ 342 habitants en 2011
(RGP/H, 2001) disposait d'un seul forage aujourd'hui en panne. Pour
résoudre le problème, un branchement a été fait
depuis la mini AEP d'Arzérori avec des canalisations de très
faibles diamètres qui alimentent d'abord le village
d'Arzérori-Nomade avant d'arriver à Takachourt, sur plus de deux
km. A cela s'ajoute un prélèvement assez important d'eau dans le
village amont ; ce qui se traduit par un faible débit à
Takachouart. Les populations des deux villages se sont entendues pour
établir un calendrier d'ouverture des robinets, mais ce calendrier n'est
pas respecté par certains habitants d'Arzérori-Nomade. Cela
entraîne quelquefois des
mésententes entre les personnalités du
village de Takachouart et les présumés responsables de cet
état de fait.
Ainsi à Takachourt, les femmes attendent de fois
jusqu'à minuit avant d'avoir de l'eau, pendant que les robinets sont
fermés en amont.
Dans ce village, les populations affirment
qu'auparavant il suffisait de creuser un peu en bordure des koris pour avoir de
l'eau. Ce qui allégeait leur souffrance dans la corvée d'eau.
Aujourd'hui, ces endroits sont quasiment secs et les populations attribuent
cela à l'existence de prosopis utilisé pour la protection des
berges (photo 2) qui selon eux, pompe l'eau.
Photo 2: Prosopis utilisé pour la protection des
berges d'un koris à Takachouart.
Dans les autres localités du CLE de Madaoua,
le problème de disponibilité et d'accessibilité à
l'eau est moindre. Mais il se pose un autre problème : celui de la
pollution, notamment dans le lit de la vallée.
A Saidaoua par exemple, village situé sur le
versant, il existe trois puits cimentés pour une population d'environ
1242 habitants en 2011 (RGP/H, 2001), mais les puits ne sont
équipés d'aucun périmètre de protection (Photo
4).
A Takalgott, dans le lit de la vallée, presque
chaque ménage dispose d'un puisard au sein de la maison pour son
approvisionnement en eau de boisson et d'abreuvement des animaux. La photo 3
montre un forage abandonné dans le même village parce que les
villageois jugent le goût de l'eau des puisards meilleur que celui du
forage. En effet les puisards captent la nappe alluviale qui a une eau plus
douce. Ainsi l'eau du forage, installé à côté d'une
mosquée, n'est donc utilisée qu'occasionnellement pour des
besoins d'ablutions. Mais le problème à Takalgott tout comme dans
les autres localités du lit de la vallée est celui relatif
à la qualité de l'eau. En effet, les puisards ne sont
dotés d'aucune mesure de protection,
alors que les animaux sont attachés dans la
même concession et les excréments humains déposés
aux alentours immédiats des maisons. En plus, s'étendent non loin
des concessions, des sites de maraîchage exploités depuis des
décennies.
Cela est d'autant plus alarmant quand on sait que la
nappe n'est qu'à 5 à 7 mètres de profondeur dans cette
partie du bassin, et en saison des pluies, elle pourrait remonter à 2
mètres.
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Photo 3 : Forage fonctionnel abandonné à
Takolgott dans le lit de la vallée.
Photo 4 : Des filles au bord d'un puits à
Saidaoua sur le versant.
Photo 5 : Approvisionnement en eau autour d'un puits
dans le CLE de Bouza, sur le plateau.
La carte 7 donne la répartition des points
d'eau (forages, puits cimentés et pastoraux) dans les zones des CLE de
Bouza et Madaoua. On remarque en effet que le nombre de ces points d'eau est
plus limité dans le CLE de Bouza que dans celui de Madaoua.
Carte 7 : Répartition des points d'eau dans les
zones des CLE de Madaoua et Bouza.