II.1.2. Faciliter l'accès aux capitaux
La question centrale du financement de l'économie
nationale se situant au niveau de la difficulté d'accès aux
crédits par les opérateurs économiques, notamment les
PME/PMI et les entrepreneurs individuels, la réforme du secteur
financier doit par conséquent envisager l'assainissement d'urgence du
secteur de la microfinance. Cela nécessite un engagement des pouvoirs
publics qui doit se traduire par la mobilisation de ressources destinées
à la mise en oeuvre des mesures de rétablissement de
l'équilibre financier de ce secteur en quasi-faillite. L'Etat devra
ainsi jouer un double rôle de protecteur du secteur de la microfinance et
des clients d'une part, mais aussi et surtout de promoteur dudit secteur via
des politiques de refinancement des institutions en activité d'autre
part.
Par ailleurs, il convient de prendre des dispositions idoines
en vue de procéder à la minoration des taux débiteurs
pratiqués par les banques ivoiriennes et permettre ainsi l'obtention de
financement moins onéreux par une plus large clientèle. Pour ce
faire, la marge d'intérêts (spreads) devra à terme
être revue substantiellement à la baisse, dans un environnement
d'exercice assaini, pour se situer à environ 7 points de pourcentage
comme au Nigéria. L'Etat doit également veiller à la mise
en place d'une Agence de Crédit Export (ACE) en Côte d'Ivoire,
à l'image de COFACE en France, Euler Hermes/KfW en Allemagne, US
Eximbank aux Etats-Unis d'Amérique ou EDC au Canada.
Outre ces mesures d'appui à la mesofinance et toujours
en vue de faciliter l'accès aux capitaux, le développement de
produits financiers novateurs est indispensable sur le marché financier
régional (BRVM) en vue de surmonter les handicaps structurels de ce
marché (problèmes de liquidité, masse critique, flottant
faible et faible présence d'investisseurs institutionnels). Ainsi, de
concert avec les autorités régionales de supervision dudit
marché, le Gouvernement doit initier des actions cohérentes et
courageuses visant à :
- développer un compartiment destiné aux PME/PMI
à la BRVM ;
- encourager la participation des investisseurs
institutionnels25 au dynamisme du marché financier par la
promotion d'Organismes de Placement Collectif en Valeurs Mobilières
(OPCVM). En la matière, le Gouvernement pourrait s'inspirer de
l'expérience tunisienne de création d'un OPCVM à capital
garanti via des obligations à coupon zéro, un projet original
à succès qui a été financé par PROPARCO
entre 2003 et 2006 ;
25 Le potentiel de mobilisation des ressources
à moyen et long terme existe avec le secteur de l'épargne
contractuelle (assurances et caisse de retraite). Mais, la réforme du
secteur financier doit impérativement envisager des mesures
d'assainissement et de restructuration financière permettant d'assurer
la viabilité à terme des assurances et des caisses de
retraite.
- promouvoir une gamme plus élargie de produits
financiers novateurs tels que les options et surtout la titrisation qui pourra
permettre aux banques ivoiriennes de réduire la consommation de leurs
fonds propres dans le cadre des opérations de crédit et continuer
à se conformer à la norme réglementaire relative au ratio
de solvabilité.
D'autre part, pour faire face aux nombreux besoins en fonds
propres des entreprises non cotées en général et des
PME/PMI en particulier, il est vivement recommandé au Gouvernement de
promouvoir l'émergence de l'industrie du capital investissement en
Côte d'Ivoire. A ce titre, l'Etat doit mettre en place le cadre
réglementaire et institutionnel requis pour garantir l'efficacité
et la pérennité des ces interventions en fonds propres, notamment
en ce qui concerne le capital amorçage, le capital risque et le capital
développement.
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