I.2. Remédier aux défaillances des
marchés
I.2.1. Instaurer un cadre permanent de Dialogue Public
PrivéDans le document de travail N° 58 paru en janvier 2008,
Nicolas MEISEL et Jacques
OULD AOUDIA22 montrent de façon empirique
que les pays qui ont connu des phases d'accélération forte et
soutenue de leur croissance, notamment en Asie et en Europe continentale dans
l'après-guerre, ont mis au point des systèmes de coordination des
acteurs et de sécurisation des anticipations qui ont permis de
démultiplier la production de confiance dans la société.
Pour ces auteurs, ces modes d'organisation qu'ils baptisent d'ailleurs du nom
générique de « monopole focal de gouvernance »
ont permis, à des degrés divers, de réguler le jeu des
intérêts particuliers dans le champ économique et social en
vue de réaliser un intérêt plus général
c'est-à-dire « un intérêt le plus commun
possible ».
21 Commission du Secteur Privé et du
Développement, Programme des Nations Unies pour le Développement,
Rapport au Secrétariat Général des Nations Unies,
Libérer l'entreprenariat - Mettre le monde des affaires au service des
pauvres, Mars 2004.
22 Nicolas MEISEL et Jacques OULD AOUDIA, « La
bonne Gouvernance » est-elle une bonne stratégie de
développement ?, Document de travail N° 58, Département de
la Recherche de l'AFD, Janvier 2008.
Le monopole focal de gouvernance a souvent pris la forme de
créations institutionnelles originales favorisant le dialogue et la
coordination entre élites publiques et privées, dans lesquelles
la confiance est inextricablement créée sur une base à la
fois interpersonnelle, dynamique et institutionnalisée. Une telle
régulation s'est avérée particulièrement profitable
dans des pays où les incitations de marché ne fonctionnaient pas
à l'échelle systémique, en d'autres termes où les
signaux des marchés nationaux et internationaux ne suffisaient pas
à coordonner les agents économiques sur un équilibre
productif.
En Côte d'Ivoire, le degré de confiance entre le
secteur privé et l'Administration publique semble totalement
rompu23 au cours des dernières années. Le
Comité de Concertation Etat/Secteur Privé, censé offrir un
cadre de dialogue entre ces deux principaux acteurs de la vie économique
du pays, n'a jamais été opérationnel depuis sa
création. Il est donc urgent pour les pouvoirs publics de
redéfinir un monopole focal de gouvernance en Côte d'Ivoire, en
mettant en place un cadre commun de concertation impliquant au plus haut niveau
les acteurs de l'Administration publique et ceux du secteur privé y
compris la société civile. Ce cadre de dialogue
public/privé doit être conçu sous la forme d'un
comité paritaire de décisions et d'actions, afin d'être
l'épicentre des réflexions sur les problématiques de
développement du secteur privé en Côte d'Ivoire.
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