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Environnement des affaires et relance économique post-crise en Côte d'Ivoire

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par Mathias Yao KOUADIO
Université d'Auvergne - CEFEB - Matser Economie et Développement Internation - Maà®trise d'Ouvrage Publique et Privée 2011
  

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I.1.2. Analyse des rendements sociaux des facteurs de production

L'analyse des rendements sociaux des facteurs de production revient à explorer la situation géographique du pays, le rendement de l'éducation ou les investissements dans le capital humain, la qualité des infrastructures socioéconomiques et les facteurs de compétitivité interne et externe.

La situation géographique de la Côte d'Ivoire, telle que décrite dans la première partie de l'étude, est favorable à la pratique des affaires car très stratégique à l'instar de beaucoup de pays non enclavés d'Afrique Subsaharienne. La géographie offre au pays des avantages certains permettant de rendre très dynamiques les activités économiques en période de stabilité, en raison notamment de la disponibilité de plusieurs infrastructures modernes réalisées pour la plupart dans les années 70 lors du boom économique. C'est donc à juste titre qu'environ 70% des entreprises interrogées lors de l'enquête du GTN ont confirmé le rôle déterminant de la qualité et de l'importance des infrastructures en Côte d'Ivoire dans leurs décisions initiales d'investissement entre 2006 et 2007.

Cependant, il convient de noter que la persistance de la crise militaro-politique a occasionné la destruction de plusieurs infrastructures et la surexploitation des équipements existants13. Il s'ensuit inéluctablement des surcoûts supportés par les opérateurs économiques sur les facteurs de production ou d'installation. Selon l'enquête du GTN de mars 2009, les coûts relativement élevés de l'eau, de l'électricité, du carburant ainsi que l'inefficacité des services postaux et l'absence de réglementation en matière de fixation des loyers immobiliers ou de terrains industriels agissent négativement sur la rentabilité des entreprises en Côte d'Ivoire. Par ailleurs, le secteur informel a pris de l'ampleur à la faveur de la crise et celui-ci exerce de plus en plus une forte concurrence aux entreprises légalement établies. Cette situation est préjudiciable au secteur privé à cause de l'impact négatif confirmé de ces surcoûts directs et indirects sur la compétitivité-prix des entreprises nationales.

13 Selon le DRSP, 3 515 infrastructures et édifices publics sont à réhabiliter ou à reconstruire dans la zone CNO.

Par ailleurs, l'absence d'investissement dans le secteur de l'électricité a conduit au délestage électrique accentué à Abidjan entre fin 2009 et mi-2010.Les pertes y afférentes ont représenté en 2009 environ 5% des pertes totales de chiffre d'affaire des entreprises ivoiriennes (Banque Mondiale, 2009).

Concernant l'éducation, les autorités ivoiriennes ont toujours considéré ce secteur comme prioritaire dans la politique de développement du pays en lui allouant plus de 30% du budget. De nombreuses infrastructures scolaires et universitaires ont été réalisées par le passé et des efforts considérables ont été déployés par l'Etat pour assurer leur fonctionnement. Cependant, les résultats du système éducatif ivoirien sont mitigés et de nombreux défis restent à relever. En effet, hormis le taux d'inscription au supérieur d'environ 7,8% sur la période 2000-2008 qui constitue l'un des taux les plus élevés en Afrique Subsaharienne, les taux de scolarisation dans le primaire (72,0%) et le secondaire (24,5%) demeurent largement inférieurs aux performances de la plupart des pays de la région (Annexe 14). En dépit de la persistance de la crise, l'Etat ivoirien a consacré en moyenne sur la même période 4,6% de son PIB à l'éducation, essentiellement destinés au fonctionnement du système éducatif. Ce qui constitue un effort acceptable au regard de la part des dépenses publiques d'éducation dans le PIB des pays comparables tels que le Ghana (5,4%), le Cameroun (3,1%) et le Sénégal (4,4%).

En termes de rendement de l'éducation, il est couramment reconnu que quatre types de marchés du travail coexistent dans les pays en développement, à savoir le monde rural, le secteur public, le secteur privé formel et l'informel, chaque marché présentant des caractéristiques qui lui sont propres en matière d'emploi. En Côte d'Ivoire, l'éducation, si elle ne constitue pas toujours un rempart contre le chômage, permet incontestablement d'obtenir des gains plus élevés sur le marché du travail, en particulier dans les secteurs formels public et privé. Le rendement marginal de l'éducation, mesurant le supplément de gain salarial du travailleur généré par une année d'études supplémentaire, est de 13 % dans le secteur public, 6% dans le privé formel et 1,8% dans l'informel (Lettre d'information de DIAL n° 25, juillet 2006). Il existe en effet une convexité du rendement de l'éducation en fonction du niveau scolaire atteint en Côte d'Ivoire, expliquant ainsi que l'éducation influence de façon croissante la rémunération du marché du travail et que le rendement marginal augmente au fil de l'accumulation du capital humain.

Ces rendements assez élevés pourraient suggérer l'épuisement de l'offre rare de personnes qualifiées dans l'économie ivoirienne, mais l'analyse du taux de chômage des diplômés en Côte d'Ivoire au cours des dernières années nuancent cette thèse. Selon le DRSP (2009), le taux de chômage des diplômés était de 13% en 2002 au niveau national. Ce taux était relativement élevé pour les titulaires du BAC (27%), de la Maîtrise (25%) et du CEPE (22%). Pour ceux de la Licence et du BEPC, ils étaient respectivement de 19% et de 16%. De même, dans l'enseignement technique et la formation professionnelle, ces taux sont relativement élevés pour les titulaires du BEP (53%) et du BTS (42%). Pour ceux du BT et du CAP, ces taux s'établissaient à 12,5% et 12,7%. Finalement, les considérations précédentes suggèrent que la croissance économique en Côte d'Ivoire n'est pas contrainte par le manque de disponibilité ou l'inadéquation du capital humain.

S'agissant de la compétitivité externe et des avantages comparatifs dynamiques de l'économie ivoirienne, il convient de noter que malgré une part relativement importante des exportations dans la demande mondiale de 1,7% entre 2000 et 2009 contre 0,9% pour le Ghana et le Cameroun respectivement, la Côte d'Ivoire reste tributaire d'une économie de rente basée essentiellement sur l'exportation de ses ressources naturelles et des produits agricoles primaires. De manière générale, le taux de transformation locale des principaux produits d'exportation est très bas : il se situe à 1,5% pour le cacao et environ 5% pour le café au cours des dernières années. Cette faiblesse traduit l'absence d'innovations du secteur privé ivoirien susceptibles de soutenir le monde agricole et donner ainsi la valeur ajoutée aux biens échangeables du pays.

Par ailleurs, au cours de la dernière décennie, l'économie ivoirienne a enregistré une dépréciation réelle du taux de change de l'ordre de 1,5%, en raison d'un différentiel d'inflation moins favorable aux principaux partenaires commerciaux, et d'un euro fort et instable vis-à-vis du dollar américain sur la période. Il en découle que des problèmes d'avantages comparatifs dynamiques (absence d'innovations) et de faible compétitivité interne et externe peuvent constituer des contraintes réelles à la croissance économique en Côte d'Ivoire.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard