I.1. Les rendements des investissements sont-ils
faibles en Côte d'Ivoire ?
I.1.1. Analyse du rendement global des investissements
en Côte d'Ivoire
Le graphique 6 montre qu'en absence de chocs exogènes,
la rentabilité des investissements est d'un niveau acceptable voire
concurrentiel en Côte d'Ivoire. Au cours la période 1995-1998 qui
a été relativement stable en Côte d'Ivoire, le ratio
marginal capital-production (RMCP)12 est ressorti à 2,3
contre 5,3 pour l'Afrique Subsaharienne. Les rendements des investissements ont
été plus faibles dans tous les pays de niveau de
développement comparable à la Côte d'Ivoire sur cette
même période (Tableau 5). A titre d'exemple, le RMCP se situait
à 5,1 au Ghana, 3,2 au Cameroun et 4,9 en Ile Maurice entre 1995 et
1998.
Les années sensibles de la crise militaro-politique en
Côte d'Ivoire (1999-2003) ont été
caractérisées par une non-rentabilité prononcée de
l'activité économique, avec une aberration en 2001 où le
niveau du RMCP indique qu'il fallait environ 110 FCFA d'investissements bruts
pour générer 1 FCFA additionnel d'extrants, soit 50 fois plus de
capitaux requis que la moyenne de la période 1995-1998. Le faible taux
de croissance enregistré en 2001 malgré d'importants
investissements réalisés suggère qu'il y a eu beaucoup
d'investissements improductifs en 2001.
Graphique 6: Evolution du ratio marginal
capital-production (RMCP) public et privéen Côte d'Ivoire de 1995
à 2009
110,0
-10,0
90,0
70,0
50,0
30,0
10,0
1 935
1933
1937
1926
1933
2000
2031
2CO2
2003
2034
RMCP global RMCP privé RMCP public
2005
2005
2037
2706
2703
Tableau 5 : Comparaison des RMCP moyens par
période de 1995 à 2009
Pays ou région
|
1995-1998
|
1999-2003
|
2004-2008
|
2009
|
Côte d'Ivoire
|
2,3
|
20,6
|
6,0
|
3,0
|
Afrique subsaharienne
|
5,3
|
5,3
|
3,5
|
12,0
|
Ghana
|
5,1
|
5,3
|
3,8
|
4,2
|
Cameroun
|
3,2
|
4,2
|
5,9
|
8,5
|
Maroc
|
-1,9
|
15,7
|
7,7
|
7,3
|
Maurice
|
4,9
|
7,6
|
7,9
|
10,0
|
Source : Nos calculs sur la base des
données de la Banque Mondiale
12 Le RMCP mesure l'investissement de capitaux
différentiel requis pour générer une unité
supplémentaire d'extrants. Il permet de mesurer la rentabilité
des nouveaux investissements de capitaux. Le RMCP est donné par le
rapport entre le taux brut d'investissement et le taux de croissance
économique. Il peut être considéré comme une mesure
de l'inefficacité avec laquelle les capitaux sont utilisés. Dans
les pays performants, le RMCP est d'environ 3 (Banque Mondiale, Rapport N°
40138 - BI, page 46).
De 2004 à 2008, les rendements de l'activité
économique ont été faibles en Côte d'Ivoire par
rapport aux performances d'avant crise. Le RMCP est ressorti à 6 en
moyenne sur cette période contre 3,5 en Afrique Subsaharienne, 3,8 au
Ghana et 5,9 au Cameroun. En 2009, les investissements réalisées
en Côte d'Ivoire ont quasiment retrouvé le niveau de leur
rentabilité d'antan avec un RMCP fortement amélioré par
rapport aux ratios des pays retenus.
En tout état de cause, les analyses ci-dessus
révèlent que les rendements des investissements sont
structurellement plus élevés en Côte d'Ivoire que dans les
pays de niveau de développement comparable. Elles suggèrent
également que les faibles rendements enregistrés depuis le
déclenchement de la crise militaro-politique sont une des principales
sources de la faiblesse des investissements privés sur la
période. Ces résultats décevants tirent-ils leurs origines
d'une faible rentabilité sociale des facteurs de production ou de hauts
risques pour les producteurs de biens et services de bénéficier
d'une part significative des richesses qu'ils créent (faible
capacité d'appropriation privée) ?
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