1.4.2- La stratégie de croissance
accélérée (SAC)
Concernant la politique agricole, la nouvelle vision du
Président de la République s'articule autour de trois axes
fondamentaux selon S.M. Seck : la mise en place d'un réseau
hydrographique national, l'aménagement des bassins de rétention,
la promotion de l'agriculture d'entreprise grace notamment à
l'installation des jeunes diplômés dans les fermes modernes, (S.M
Seck, 2001 : 233).
En effet, l'adoption de cette stratégie trouve son
explication dans le fait que la totalité des diverses réformes
devait inscrire l'agriculture dans une perspective de croissance avec comme
effet recherché une augmentation de son produit intérieur brut.
C'est d'ailleurs sous ce rapport que selon son initiateur le Président
Abdoulaye Wade, la SAC repose sur deux piliers fondamentaux : « d'abord
rendre le Sénégal attractif et compétitif dans un
environnement mondial concurrentiel et de plus en plus exigeant en poursuivant
les réformes nécessaires pour un environnement des affaires de
classe international ; ensuite, renforcer les investissements publics et
accompagner le secteur privé dans ces initiatives d'investissements dans
les domaines porteurs de croissance, de potentiel d'exportation et pourvoyeurs
d'emplois : agriculture et agro-industrie, produit de la mer et aquaculture,
textile et habillement, tourisme, industrie, culture et artisanat d'art,
technologies de l'information et de la télécommunication et
téléservices »2. La logique qui sous-tendait la
SAC était de créer les conditions de nouveaux gains de
productivité afin d'atteindre un taux de croissance de 7 à 8%.
Elle devait reposer essentiellement sur une large démarche
d'accroissement du taux d'investissement afin de développer le secteur
privé pour placer au centre de la création de richesses et
d'emplois durables et ensuite une politique de promotion et de diversification
des exportations.
C'est également dans la recherche de solutions
palliatives aux problèmes causés par les PAS que le
Sénégal a adopté dans les années 90, la Lettre de
Politique de Développement Rural ou Décentralisé
(LPDR).
1.4-3- Lettre de Politique de Développement
Rural Décentralisé (LPDR) :
Au nombre des nouvelles orientations stratégiques dans
les différents secteurs, la mise en place et l'évolution du cadre
légal et réglementaire de la décentralisation traduit un
changement plus général dans l'approche du gouvernement vis
à vis des questions de développement. De nouveaux principes de
responsabilisation et participation locales, de désengagement de l'Etat,
de transparence dans les mécanismes de prise de décision, et de
redevabilité des structures et des prestataires de services devant les
populations, guident la conception et la mise en oeuvre des actions de
développement dans les secteurs.
En fait, la décentralisation au Sénégal
remonte en 1972 avec la réforme administrative territoriale, et en 1994,
une nouvelle collectivité locale à savoir la région est
créée. Mais ce
2 - Abdoulaye Wade, le Sopi en marche, ficher
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n'est qu'en 1996 que la politique de décentralisation
sera consacrée au Sénégal à travers l'adoption de
textes fondamentaux de la décentralisation et de la
régionalisation par l'Assemblée Nationale. Le
développement rural décentralisé a ainsi pour ambition de
contribuer à améliorer la qualité de la vie et
l'accès aux services essentiels de base en milieu rural, en permettant
aux communautés rurales de prendre en charge les affaires locales et en
créant un cadre permanent aux divers acteurs d'utiliser aux mieux leurs
compétences respectives.
En effet, après une description des dimensions de la
pauvreté, la présente Lettre de Politique de Développement
Rural Décentralisé s'articule autour de trois axes : la
présentation des stratégies de développement actuellement
mises en oeuvre, la prise en compte des insuffisances rencontrées dans
la mise en oeuvre des stratégies notamment en milieu rural et la
détermination des images finales de la vision à l'horizon 2015.
La LPDR affirme que l'accès à l'éducation de base et
professionnelle, à l'alphabétisation fonctionnelle, et aux
services de santé essentiels (préventifs et soins de santé
primaires) est une condition nécessaire pour que les populations rurales
contribuent pleinement au développement socio-économique du pays,
et en profitent équitablement. Par ailleurs, la disponibilité
d'infrastructures économiques de base constitue un préalable
à l'implantation d'investissements productifs en milieu rural et
à l'intégration des populations rurales dans l'économie de
marché.
Le développement rural décentralisé a
ainsi pour ambition de contribuer à améliorer la qualité
de la vie et l'accès aux services essentiels de base en milieu rural, en
permettant aux communautés de prendre en charge les affaires locales et
en créant un cadre permettant aux divers acteurs que sont les
populations, les collectivités locales, l'Etat et ses services
déconcentrées, les ONG, le secteur privé et les
partenaires au développement d'utiliser au mieux leurs
compétences respectives.
Malgré cette volonté politique de
développement local, les collectivités locales semblent avoir
beaucoup de mal à s'approprier les compétences issues de la
décentralisation, du fait des déficits techniques et financiers
au moment où se posent des contraintes multiples. Ceci peut s'expliquer
par la faible maîtrise de la fiscalité locale, les
difficultés de la majorité des élus locaux à
s'approprier des modalités et les outils de la
décentralisation.
Ainsi à travers une telle analyse, on peut être
amené à affirmer que « l'alternance » qui constituez le
premier changement de régime politique à la tête de l'Etat,
à défaut de rater sa mission, a tout de même
déçu les sénégalais puisque le revenu des habitants
a considérablement baissé. Elle révèle si l'on peut
ainsi dire, d'un changement de leaders et non un changement du mode de
régulation sociale, économique et politique en ce sens
qu'après sa
mise en place, elle a favorisé une certaine
recomposition politique mais n'est pas encore arrivée à rompre
avec la logique de régulation du pouvoir précédent. C'est
tout simplement dire que l'alternance n'a pas encore favorisé
l'émergence d'alternatives au Sénégal, ni dans la
promotion d'un développement équitable, ni dans la transformation
des modalités de régulation socio-économique et
politique.
Finalement, les politiques de développement agricole,
malgré les quelques réalisations notées, ont dans leur
majorité abouti à ce que Boudon appelle des effets pervers. Il
semble évident que le passage d'une logique d'intervention
catégorique de l'État à une stratégie de
désengagement de ce dernier avec les PAS sous le slogan « moins
d'État, mieux d'État » n'ait pas aussi réussi
à réformer structurellement la politique agricole. L'État
reste toujours l'acteur déterminant du monde rural et en nous
référant à sa lecture partielle voire partiale des accords
signés avec les bailleurs, on constate que le régime au pouvoir
s'est plus soucié de sa reproduction et de son désengagement de
ses fonctions onéreuses. La politique agricole du Sénégal
traduit davantage une logique d'encadrement qui consiste à s'adapter aux
changements du contexte mondiale qu'à dégager une politique
cohérente et porteuse. L'État continue ainsi d'être le
principal bénéficiaire politique de toutes ces réformes et
demeure volontairement prisonnier à la fois des réseaux
clientélistes nationaux que de la pression des bailleurs de fonds
extérieurs, plus soucieux d'universaliser l'économie de
marché.
Par ailleurs, une analyse uniquement en termes de crise se
révèle insuffisant pour comprendre et saisir les dynamiques
actuelles du pays. Dans ce contexte de crise, se manifestent des processus
innovants et émergents qui constituent de nouveaux acteurs cherchant
à se positionner parmi les acteurs stratégiques. Ainsi ces
dynamiques au Sénégal, peuvent être situées à
différents niveaux. Et dans le cadre de ce travail, c'est-à-dire
en rapport avec notre recherche, nous avons décidé de nous
appesantir sur les stratégies d'intervention des structures ou
organismes étatiques dans le développement local initié
par les communautés rurales à travers la création
d'Organisation de producteurs.
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