1.4 - La fin des années 90 et le début des
années 2000 : Les politiques de lutte contre la pauvreté :
Malgré son impact dans la reprise de la croissance
économique et dans l'amélioration du cadre
macroéconomique, les PAS ont accentué la pauvreté des
populations et n'ont pas permis de positionner le secteur agricole national en
moteur de l'économie qui, par ailleurs se trouve de plus en plus
dépendante et extravertie. Selon Sambou Ndiaye : «
L'échec des PAS a démontré d'une part, que la
croissance économique n'induit pas automatiquement un meilleur
accès des pauvres aux ressources stratégiques ou aux services
sociaux de base et d'autre part, que les réformes structurelles visant
à stabiliser et à ajuster le cadre macroéconomique se font
souvent au détriment des populations démunies parce que porteuses
de coûts sociaux préjudiciables mais peu pris en compte
» (S. Ndiaye, 2007, p37).
1.4-1- La Stratégie de Réduction de la
Pauvreté :
Dès la fin des années 90, alors que
l'État du Sénégal n'avait pas encore terminé le
second programme des PAS, un nouveau programme dénommé «
Stratégie de Réduction de la pauvreté au
Sénégal » est mis en place par le gouvernement. D'ailleurs
dans la plupart des pays africains, des « Documents de Stratégie de
Réduction de la Pauvreté (DSRP) » sont
élaborés dont l'objectif est d'orienter de manière
stratégique le développement en donnant une certaine
prééminence à l'intervention des bailleurs de fonds et des
organismes de développement international. Cette nouvelle politique se
différencie des PAS selon ses diverses orientations dont nous pouvons
ici retenir trois : d'abord elle a une orientation sociale en faveur des
populations démunies, ensuite elle reconnaît la
responsabilité des pays dans l'élaboration et la mise en oeuvre
des politiques de développement et, enfin elle met en évidence un
processus participatif en ce qui concerne son élaboration, sa mise en
oeuvre et son suivi-évaluation à travers notamment l'implication
des acteurs locaux.
Mais de manière précise, ce programme devrait
répondre à trois principales préoccupations au
Sénégal : d'abord doubler le revenu de chaque habitant d'ici
l'horizon 2015, ensuite généraliser l'accès au service
sociaux de base à travers la mise en place d'infrastructures de base et
enfin, éradiquer toute forme d'exclusion et promouvoir
l'égalité des sexes.
L'analyse du profil de pauvreté, de ses causes et
manifestations a permis de retenir une stratégie axée sur quatre
leviers fondamentaux que sont : la création de richesse, le
renforcement des capacités et la promotion des services
sociaux de base, l'amélioration des conditions de vie des groupes
vulnérables et un dispositif de mise en oeuvre et de
suiviévaluation décentralisé et participatif. A cela,
s'ajoute ainsi le second axe stratégique qui concerne le renforcement
des capacités.
La lutte contre la pauvreté se réduit donc
à une sorte de politique sociale avec comme point d'appui
l'atténuation des effets néfastes des PAS fortement
critiqués. Mais ces politiques de réduction de la pauvreté
qui se sont substituées aux politiques de développement se
placent elles aussi dans la désillusion du modèle de l'ajustement
en ce sens qu'elles reproduisent également des postulats similaires
à ceux des PAS, négligeant le fait que le problème
réside moins dans leur application sélective par les États
africains que dans leur incapacité intrinsèque à
promouvoir un développement autoentretenu et équitable, comme le
souligne ce passage du CNUCED : «La nouvelle approche mettant l'accent
sur la réduction de la pauvreté semble donc être
fondée elle aussi sur le postulat selon lequel la libéralisation
et l'intégration rapide et poussée à l'économie
mondiale sont la clef d'une croissance rapide et soutenue. La croissance ne
profitant pas automatiquement aux pauvres, on peut se demander comment
concilier des politiques mettant l'accent sur la primauté des
mécanismes du marché, notamment dans les secteurs commercial,
financier et agricole, et un meilleur accès des pauvres aux actifs
productifs» ( S. Ndiaye, 2007, p40).
C'est dire que justement, les apparences trompeuses des
politiques de lutte ou de réduction de la pauvreté se trouvent
dans le fait qu'elles ne se sont pas réellement démarquées
des fondements économistes de PAS, ni n'ont questionné la
prédominance du marché avec ses mécanismes
d'inégalités et d'exclusion. Bref, elles se présentent
pour reprendre les propos de S. Ndiaye, plus comme une politique sociale des
PAS que comme une opportunité de renouveler les modalités de
régulation de l'économie ainsi que comme le mode d'insertion du
Sénégal dans le marché mondial (S. Ndiaye, 2007, p41).
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