7.3- Le manque de professionnalisme des producteurs du
foyer
On observe un manque de performances aussi bien dans le
fonctionnement du Foyer mais aussi dans l'activité agricole. Ce
défaut est certainement occasionné par le manque de
professionnalisme qui s'explique à son tour par un faible niveau
d'instruction noté chez la plupart des producteurs. Il est noté
une absence de la formation technique et de l'information des producteurs qui a
pour effet une faiblesse de la capacité d'initiatives des membres et une
insuffisance de l'effort de travail qui réduit ainsi le revenu.
Il ressort de ces constats que les OP comme le Foyer de Sanar
ne constituent pas encore des organisations professionnelles comme le
souhaitaient les bailleurs de fonds. Au niveau interne, leurs organes de
fonctionnement sont presque dans le vide sans lien organique non seulement
entre eux, mais aussi avec la base pouvant entretenir une dynamique
d'organisation. Au niveau externe, leur modèle organisationnel vise
à se conformer aux exigences des bailleurs pour capter les financements,
mais ne répond pas aux normes définies et maîtrisées
par les producteurs membres. Ainsi, le Foyer de se réduit davantage
à une organisation de producteurs traduisant un des multiples
instruments de stratégies pour capter les ressources stratégiques
qu'offre l'environnement institutionnel. Cette situation peut constituer une
limite à sa capacité d'organisme gérant des
activités de développement et devenir ainsi une source de blocage
au processus de responsabilisation des producteurs.
Selon nos observations, l'absence d'éducation constitue
une difficulté majeure pour le fonctionnement du Foyer de Sanar. Un seul
membre en la personne du président de la structure parmi les 30
enquêtés a atteint le niveau secondaire alors que 23,3% et 6,7 se
sont arrétés successivement à l'école primaire et
le collège. La catégorie des non instruits est plus significative
avec une proportion de 60%. Les différente raisons données par
les enquêtés se situent au niveau du retard accusé pour
l'acquisition d'une école mais également à la
prédominance de l'école coranique qui constituait une
étape obligatoire à franchir. Les
quelques membres qui ont eu à fréquenter
l'école française se rendaient en ville et n'y restaient pas
généralement. Ainsi, ce manque et/ou ce faible niveau
d'instruction constitue un sérieux obstacle auquel les membres du Foyer
sont confrontés. Selon B. DIOP qui était le
premier secrétaire de l'OP : « lorsqu'on m'a
désigné comme secrétaire, je ne savais même pas ce
que cela veut dire. Je savais que je fais partie du bureau mais
réellement je ne savais pas ce que je devais faire parce que je
n'étais pas instruit. Alors j'ai fini par démissionner du bureau
et un autre m'a remplacé, mais je sais que celui là est comme moi
parce qu'il n'a pas aussi appris ». En fait, plusieurs membres du
bureau ne savent pas réellement le but et le rôle du poste qu'on
leur a confié et ils évoquent eux-mêmes que la raison
principale raison de ceci est le manque d'instruction et de formation, le
retard de la scolarisation. Refusant une proposition de construction
d'école, le village paie actuellement les largesses de son chef de
village de l'époque. Savoir lire et écrire est important pour
toute action de développement interne ou externe. Rien que pour la
participation de la population à son développement encadré
par des organismes extérieurs, il est indispensable qu'elle sache
s'approprier les outils de planification, de suivi- évaluation qui
structurent l'efficience même de l'intervention. Cependant, ce
problème ne trouve pas son explication dans la seule absence
d'instruction, il réside en grande partie dans le manque d'une «
culture d'organisation ».
Tableau 9 : Niveau d'instruction des membres du
Foyer de Sanar
Niveau d'instruction
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Primaire
|
7
|
23,3
|
Moyen
|
2
|
6,7
|
Secondaire
|
1
|
3,3
|
Supérieur
|
0
|
0
|
Alphabétisation
|
2
|
6,7
|
Non instruit
|
18
|
60
|
Total
|
30
|
100
|
Source : Données de l'enquête, Diakho,
2010.
|