Chapitre VIII : La relation partenariale du Foyer de
Sanar avec l'ANCAR
8.1 - Historique de l'ANCAR
Les faiblesses des différentes expériences de
vulgarisation et d'encadrement du monde rural ont amené les
autorités sénégalaises à réorienter la
politique d'appui aux producteurs ruraux. Un système de concertation, de
partage des décisions dans la conception, l'élaboration et la
mise en oeuvre des politiques de développement agricole durable
s'imposent. Selon le Directeur « les projets et les programmes seront
réalisés principalement avec une pleine participation des
collectivités locales et des organisations paysannes C'est pourquoi la
réflexion a été engagée pour créer un
nouveau cadre chargé du conseil agricole et rural (notion plus
complète et ne se limitant pas seulement au transfert de
technologie) ». D'une manière plus précise, l'approche
de l'ANCAR constitue une réponse ou une rupture avec l'ancien
système d'encadrement du monde rural dans lequel, les institutions et
services publics appliquaient des politiques productivistes à travers
une approche descendante dans le but d'atteindre les objectifs de production
décidés par l'Etat. Ce système d'encadrement avait le
quasi-monopole des services, en amont et en aval, nécessaires aux
producteurs, et organisait ceux-ci en coopératives dans lesquelles ils
disposaient d'une très faible autonomie de décision. Selon M.
Mbaye, un agent de l'ANCAR, « l'encadrement suppose une transmission
ou un transfert des connaissances, des technologies, des façons de faire
etc., aux paysans sans tenir en compte ni des savoirs et des savoir-faire ni
des besoins et aspirations de ces dernier. Pour cette stratégie
d'intervention, il y a une position hégémonique de la structure
d'intervention qui a pour unique but de « développer le
producteur. Par contre dans le système de l'encadrement,
l'approche est btie sur la reconnaissance des savoirs et savoir-faire des
paysans qui sont indispensables au processus de développement agricole
et rural. Elle repose sur la reconnaissance des producteurs comme les
principaux acteurs de la transformation de leurs systèmes de production,
de l'aménagement de leurs terroirs et de la gestion de leurs ressources
naturelles ». On peut résumer cette approche du
développement rural en parlant de « pilotage à la demande
» par opposition aux théories et aux pratiques antérieures
qui privilégient l'initiative des agences de développement et le
recours au capital et impliquent par conséquent la passivité des
populations.
Sous ce rapport, l'Etat du Sénégal a
engagé une réorientation profonde de ses politiques et
stratégies pour le développement du secteur agricole et la
réduction de la pauvreté des ménages. De ce fait, des
orientations stratégiques et une nouvelle politique institutionnelle
sont définies par le Gouvernement avec l'appui des partenaires au
développement. Ces options sont traduites par un important Programme
d'investissement du secteur agricole (PISA) en 1998, dont une des composantes
essentielles est le Programme des Services Agricoles et Organisations de
Producteurs (PSAOP). En effet, le PSAOP, signé en 1999 avec la Banque
Mondiale a été un des projets du PISA. Son objectif principal est
de mettre en place un nouveau système d'appui au monde rural à la
place de l'ancien système d'encadrement. Ce programme qui regroupe cinq
composantes (Recherche agricole et agroalimentaire, le CNCR/ASPRODEB, le
Conseil agricole et rural, le Fonds national de Recherche agricole et
agroalimentaire, le Ministère de l'Agriculture et de l'élevage) a
favorisé la création de l'Agence Nationale de Conseil Agricole et
Rural (ANCAR) et la liquidation de la SODEVA en 1998 et de la SODESP en 1999.
Donc il importe de signaler que l'ANCAR est une Société Anonyme
à Participation Publique Majoritaire, c'est-à-dire avec une
autonomie de gestion de type de droit privé. Avec ce statut, l'Etat a pu
associer pleinement ses partenaires des Organisations de Producteurs (OP), des
Collectivités Locales et du Secteur Privé. Le capital de l'agence
est réparti entre quatre (4) actionnaires principaux : Etat du
Sénégal : 51% ; Organisations Paysannes : 28% ; Secteur
Privé et Industriel : 14% ; Collectivités locales : 7%. Mais ce
qui est important nous révèle le Directeur, c'est que «
l'ANCAR a une obligation de résultats, elle est redevable et
comptable de ses résultats devant les producteurs. Par conséquent
ses services sont axés sur les demandes des producteurs et sont fournis
dans le cadre de contrats. Elle a été créée pour
piloter le conseil agricole et rural sur toute l'étendue du territoire
national, selon une nouvelle approche fondée sur la demande des
producteurs et en partenariat avec les OP et les principaux acteurs du
développement rural (ONG, Projets, SRDR, etc.) ».
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