Chapitre VII - Les obstacles à l'autopromotion
paysanne et au développement
7.1 - L'insuffisance de moyens
7.1.1 - L'insuffisance de moyens financiers
Le Foyer de Sanar en tant que structure de producteurs est
confrontés à un problème crucial de mobilisation des
ressources financières au niveau aussi bien interne qu'externe.
En effet, pour mobiliser des fonds au niveau local,
c'est-à-dire interne, le Foyer s'appuie sur une participation
individuelle et mensuelle (cotisation) de ses membres fixée à
cinq cents (500) FCFA par personne, ce qui donne respectivement une somme
totale de 59.000 FCFA par mois et de 708000 FCFA par an. Ce qui, certainement
paraît insuffisant pour assurer un financement conséquent aux
activités agricoles de ses membres. Pour D. MBAYE
« avec la somme récoltée à travers cette
cotisation, le Foyer ne peut pas couvrir les besoins de financement de ses
membres. Même à votre niveau, vous conviendrez avec moi qu'une
telle somme est très insuffisante pour assurer les besoins de 118
membres qui ont tous comme principales activités l'agriculture. Cette
activité, avec tous les moyens techniques qu'elle requiert, demande des
ressources financières assez consistantes ».
Un tel manque de ressources financières se
présente également comme une réalité au niveau des
membres. Puisque tous les membres n'ont pas le même niveau de revenu,
certains peuvent rester jusqu'à trois (3) mois sans donner leur
cotisation. Suite à cette différence de niveau de vie des
membres, le Foyer a défini quatre (4) modalités de cotisation
selon les possibilités de chacun de ses membres.
Tableau 8 : Modalités de cotisation des
membres
Modalités de cotisation
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Montants en FCFA
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Mensuelle
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500
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Trimestrielle
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1500
|
Semestrielle
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3000
|
Annuelle
|
6000
|
Source : Donnée de l'enquête, Diakho,
2010.
7.1.2 -- Le manque de moyens matériels et
techniques
La structure du Foyer de Sanar souffre également d'une
absence criarde de moyens matériels et techniques. Occupés dans
leur totalité dans les activités agricoles, les membres de cette
structure ne disposent pas de matériels agricoles. Comme
déjà signalé, ce fait constitue une conséquence de
l'insuffisance de ressources financières mobilisées et
mobilisables fois au niveau interne parce que les fonds mobilisés par le
Foyer à travers les cotisations ne lui permettent pas de mettre à
la disposition de ses membres le matériel agricole nécessaire. A
cela, s'ajoute l'exclusion des services et prestations des organismes de l'Etat
chargés de l'encadrement, de l'appui ou encore de l'accompagnement de
l'agriculture au niveau de milieux ruraux. Autrement dit, les diverses OP ne
bénéficient pas du moins rarement du soutien à la fois
financier et matériel des structures de développement. Ainsi, les
membres du Foyer sont contraints à la location de matériels
agricoles dont les coûts sont quasi insupportables à leur niveau.
De ce fait N. SALL, un membre du Foyer nous
révèle « Pour aménager et cultiver nos parcelles,
nous engageons individuellement un tracteur en raison de 35.000 FCFA, l'heure.
Je pense que tu comprends ce que je veux dire, cela veut tout simplement dire
que ce n'est pas tout le monde qui peut engager un tracteur. D'ailleurs la
majorité fait appel à la traction animale qui est moins cher mais
qui ne fait pas grand-chose comparée au travail du tracteur. Depuis sa
création, le Foyer n'a engagé un tracteur pour tout le monde que
deux fois et la dernière remonte en 2006, mais depuis lors on a rien vu.
Alors de tels coûts limitent nos capacités d'exploitation et mme
nos gains Finalement, nous ne gagnons pas grand-chose dans notre travail, mais
nous nous trouvons dans l'obligation de le faire mrme avec nos modestes moyens
parce que nous n'avons pas d'autres alternatives et nous n'avons que
l'agriculture pour subvenir à nos besoins quotidiens de nos
familles. »
En outre, on constate également l'état
défectueux des motopompes et quelques autres équipements souvent
indisponibles en raison des pannes fréquentes. Ce qui entraîne
souvent des conflits dans les tours d'arrosage, mais aussi dans le
démarrage de saisons de culture.
A cette lourdeur des coûts de prestation
c'est-à-dire de location et cette défectuosité du
matériel agricole, s'ajoute la cherté des semences agricoles. Sur
ce point, S. MBAYE nous précise « pour acheter
un seul kilogramme de tomate, nous sommes contraints de nous regrouper en
groupe de cinq personnes ou plus et cotiser au minimum 50.000 FCFA chacun. Mrme
le kilogramme de semence d'oignon est situé maintenant entre 40.000 et
50.000 FCFA. On croyait que le Foyer allait au moins subventionner, avec son
budget chaque membre pour obtenir des semences, mais il n'a rien fait. Vous
voyez comme c'est difficile pour nous de
faire face à ses sommes exorbitantes. De toute
façon, grace à Dieu, on s'en sort chaque saison car les vendeurs
de semences nous connaissent maintenant et acceptent de nous offrir les
semences à crédit».
Le domaine du maraîchage souffre également d'une
absence d'infrastructures de stockage et de conservation de produits agricoles.
Ainsi, les produits comme l'oignon et la tomate qui ne peuvent pas supporter un
certain degré de chaleur pourrissent le plus souvent ou sont vendus
à des prix méprisables.
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