2.10.2- L'élargissement du champ de vision de
tous les acteurs
Dans cette visée, tous les acteurs jouant sur la
scène où se déroule l'action (les agents de l'ANCAR et les
producteurs) sont amenés progressivement à intégrer des
éléments nouveaux dans leurs systèmes de pensée, et
ceci non pour renier ce qui les fonde mais plutôt pour les enrichir, les
actualiser et les rendre encore plus efficaces dans la logique de leurs
dynamismes. Une telle ouverture se réalise à travers la prise de
conscience de la globalité du cadre de vie et du contexte de l'action
qui constitue : « Le passage d'une motivation parcellaire à une
sensibilité élargie qui localise chaque aspect ou chaque
composante dans ces relations avec les autres » (E. S. Dione, 1994, p
78).
En fait, c'est à travers un mouvement de balancier
selon cet auteur, c'est-à-dire du sectoriel au global et du global au
sectoriel que chaque domaine et la mosaïque de leurs combinaisons
acquièrent du sens. Ainsi, développer les compétences des
producteurs signifie alors accroître leurs capacités à
établir des relations entre des éléments apparemment
disparates et leur permettre de réaliser une synthèse
opérationnelle efficace. C'est ainsi que l'interaction paraît la
plus féconde pour les acteurs et de la méme manière
qu'elle peut l'être pour l'organisme d'appui.
2. 10.3- La prise de ses distances vis-à-vis de
l'action :
Le postulat sur lequel s'appui cette thèse est le
suivant : « ce qui importe, ce n'est pas tant ce qui se passe ou ne se
passe pas, ce qui marche ou ne marche pas » (E. S. Dione, 1994, p
78). Autrement dit, ce n'est pas par rapport aux issues de l'action que
l'intervenant doit se positionner ou se justifier, mais plutôt par
rapport à ses effets en termes d'apprentissage. Et pour insister sur cet
aspect, l'auteur utilise la métaphore du puit. Par exemple, de
façon caricatural, peu importe si les puits foncés à
l'aide du projet donne ou non de l'eau (méme si c'est mieux qu'ils en
produisent), la question est de savoir si, à l'occasion de cette action,
compte tenu des efforts consentis, les interlocuteurs ont appris quelque chose
de suffisamment déterminant. Quelque chose qu'ils pourront utiliser par
la suite, dans d'autres actions, entreprises par eux-mémes ou par
d'autres. Quand l'intervenant identifie la réussite de son intervention
à celle de l'action dans laquelle il est impliqué,
c'est-à-dire à la matérialisation des résultats
attendus, il devient prisonnier de la situation, la maîtrise lui en
échappe et il est tenté de se substituer aux acteurs qu'il appuie
pour éviter les déviations. Il est forcé alors de
normaliser le déroulement de l'action et contraint les paysans à
jouer au chat et à la souris. De ce fait, il se met en position de
demandeur et tout ce qu'il entreprend finit par vouloir dire :
« Faites-le pour moi, sinon je serai
éliminé de la scène, je perdrai mon emploi et vous, votre
allié dans l'organisme d'appui qui m'utilise » (E. S. Dione,
1994, p 79).
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