1. 4. LES CAUSES DE LA PROLIFERATION DU SECTEUR
INFORMEL ET SES CONSEQENCES
1.4.1 Les Causes de la prolifération du secteur
informel
La prolifération du secteur informel en RD Congo en
général et dans la province du Sud Kivu en particulier se
justifie par la mauvaise gouvernance, l'inapplication et/ou inefficacité
de la loi réglementant le secteur du commerce.
1. L a mauvaise gouvernance
Un Etat responsable doit assurer pleinement ses missions
notamment : la répartition équitable du revenu national, la
création d'emploi, la subvention des entreprises, garantir la
sécurité sociale etc&
Cette réalité est loin d'être vécue
en RD Congo dans la mesure où ses missions ne sont pas du tout
accomplies par le pouvoir. La situation s'est encore amplifiée à
la suite des guerres à répétition dans notre pays et
particulièrement à l'Est du pays où toutes les
infrastructures ont été détruites ; occasionnant ainsi des
pertes d'emplois ou encore ceux qui l'ont gardé ne savent pas satisfaire
leur besoin mensuel de part le revenu qu'ils gagnent.
La mauvaise gouvernance observée dans notre pays a de
ce fait entraîné quelques conséquences qui sont à la
base de l'amplification des activités du secteur informel. Parmi ces
conséquences nous citons :
· la crise socio-économique ;
· l'inefficacité de l'intervention de l'Etat ;
· le chômage.
a) L a crise socio-économique
La crise socio-économique à la quelle est
confrontée actuellement la RD Congo en général et la
province du Sud Kivu en particulier émane de plusieurs
responsabilités tant internes qu'externes.
Partant du modèle économique extraverti,
MUHEME Gaspard situe la crise socioéconomique dans
l'évolution des petites économies.
Précisément au 19ème
siècle et au cours de la première moitié du
20ème siècle, l'Europe et les Etats-Unis ont
développés dans les pays colonisés une économie
essentiellement basée sur l'exploitation des matières
premières vers les pays riches industrialisés : une
économie principalement axée sur le secteur primaire et
fondamentalement destinée à satisfaire les besoins de
métropoles.[CEIF,1996]
Or, avec la dépréciation des termes de
l'échange qui caractérise les échanges entre les pays
développés et sous-développés, plus les besoins des
pays développés sont satisfaits moins les pays
sous-développés améliorent leurs conditions de vie et plus
donc la crise socio-économique s'y accroît.
On y assiste dès lors à des nombreux
problèmes économiques et sociaux comme le manque
d'épargne.
la crise socio-économique peut se qualifier et se
présenter différemment. Le secteur informel est donc un produit
de l'inefficacité de l'intervention de l'Etat, une alternative au
problème de chômage urbain, et un correctif à la baisse du
pouvoir d'achat des consommateurs.
b) L'inefficacité de l'intervention de
l'Etat
L'absence de l'Etat dans la répartition
équilibrée du revenu national, dans l'encadrement des
chômeurs ainsi que la jeunesse a entraîné plusieurs
conséquences et surtout l'appauvrissement des masses. L'intervention de
l'Etat se révèle très décevant sur tous les plans.
Les masses populaires voulant vivre mieux, elles créent leurs propres
moyens de survie. Car la seule issue pour ces gens a été et
demeure la magie de l'autopromotion ; d'où une porte ouverte à
l'informel. C'est à ce sujet que MUBAKE a
affirmé que la cause la plus ancienne de l'économie souterraine
dans notre pays a été le comportement de l'Etat sur un certain
nombre des marchés; les interventions des pouvoirs publics sur ces
marchés ont de tout temps été à la base de
l'existence et même de l'amplification de l'économie souterraine.
Celle-ci reste et demeure une voie offerte aux sans emplois de tenter quelques
solutions adaptées à leurs niveaux aux sérieux
problèmes socioéconomiques, notamment celui de chômage
qu'ils vivent et qui les tracassent nuit et jour. [CEIF,1996]
c) Le chômage
Le chômage que nous qualifions de crise d'emploi est le
résultat de la coïncidence des plusieurs éléments :
explosion démographique, fuite des investissements,
détérioration des cours des matières premières,
modification radicale de l'attitude des Congolais à l'égard de
l'emploi salarié, celui-ci étant mal ou pas
rémunéré, exode rural massif, structure économique
extravertie, guerres, troubles politiques, baisse de la production. Le
délabrement économique aux conséquences incalculables
s'est ainsi poursuivi, le chômage étant devenu un mal qui
sévit dès lors dans les milieux urbains car la ville
évidemment, ne peut donner du travail à tous, tout au plus
permet-elle de survivre en exerçant mille petits trafics.
Certes, face à cette situation, les populations
désoeuvrées ne devraient plus attendre une quelconque
intervention de la part du pouvoir public. C'est pourquoi des milliers
d'emplois informels se sont créés, surtout dans les villes
urbaines.
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