3.2 Intégrale stochastique
3.2.1 L'intégrale d'Itô
On considère une espace de probabilité
(Ù,.i,P) muni d'une filtration 3t, i.e. une suite de
tribus croissantes pour l'inclusion. On appelle tribu des
prévisibles sur Ùx [0,8[ la plus petite tribu rendant
mesurable tous les processus continus adaptés à la filtration
3t. Un processus ou un ensemble est prévisibles s'il
est mesurable par rapport à cette tribu. Supposons donné un
processus de Wiener standard Wt, adapté à la filtration
3t et tel que pour tout 0 s t l'accroissement
Wt(ù) -Ws(ù) soit indépendant
de 3t. Sur un intervalle de temps [a,b], on note
H2 l'ensemble des processus f(t,ù)
définis pour t E [a,b], 3t-mesurable
et de carré intégrable presque sûrement. Dans ces
conditions, si f est dans H2 et si a = t0
< t1 < ··· < tn <
tn+1 = b est subdivision de l'intervalle
[a,b], alors f est indépendant des
incrementsWtj+1 -Wtj, en d'autre termes
f est prévisible. Pour toute fonction f de
H2, on définit l'intégrale stochastique
d'Itô comme la limite dans L2 des accroissements
ci-dessous (on notera que toutes les limites de cette section sont des limites
quadratiques, i.e. dans L2). On définit ainsi
l'intégrale stochastique comme la limite des sommes Riemann.
Za
b n
f(t,ù)dW(t,ù) =
lim ?f(ti,ù)(W(ti+1)
-W(ti))
n?8i=0
Cette définition est cohérente avec les
propriétés usuelles de l'intégrale. On a de plus quelques
propriétés complémentaire liées à la
dépendance aléatoire de f
(1) Si f ? H2 et si
fab
E(f2(t))dt < 8, alors
Za b E(f2(t))dWt
= 0
(2) Si f ,g ? H2 et si R b
~E~ f 2(t) +
Eg2(t)dt < 8, alors
a
~Z b ~~Z b ~ Z b
E a f (t)dWt a
g(t)dWt = a E(f
(t)g(t))dt
En particulier, on a
~Z b ~2 Z b
a E f 2(t)dt
E a f (t)dWt =
Le résultat suivante montre que l'intégrale
stochastique est une martingale. Si f (t,ù) ?
H2 et si pour tout t ? [a,b], la somme
fab
E(f2(t))dt < 8, alors
l'intégrale stochastique
Z b
a
f
(t,ù)dW(t,ù)
est une martingale (la démonstration dans la page 40) est
ces trajectoires sont p.s. continues.
Exemple 3.1 Calcul de I0 =
ft0tWsdWs
Considérons la subdivision de l'intervalle
[t0,t] : t0 < t1 < ···
< tn < tn+1 = t et appliquons la
définition. On rappelle que toutes les limites sont des limites prises
dans L2
I0 = lim
|
n
?
i=0
|
wti [Wti+1 -wti]
|
En considérant la somme
I1 = lim
|
n
?
i=0
|
Wti+1 [Wti+1 -wti]
|
on peut former la différence et appliquer les
propriétés du mouvement brownien
I1 -I0 = lim
|
n
?
i=0
|
[Wti+1 -Wti]2 =
t -t0
|
De manière générale, considérons
Ië = (1 -ë)I0 +ëI1
On a
Ië = lim
|
n
?
i=0
|
[ëwti+1 + (1 - ë)Wti][Wti+1
-wti]
|
|
|
= lim
|
?n h ti + ë~Wti+1
-Wti ~2i WtiWti+1 -W2
i=0
|
= lim
|
n
?
i=0
|
h i ~ ~
1 W2 ti+1 -W2 ë -
1
+ (t -t0)
ti
2 2
|
~ ~
1 ~W2 ~ +
= t -W2 ë - 1 (t
-t0)
t0
2 2
d'où la valeur de l'intégrale d'Itô obtenue
pour ë = 0
rt 1t - t0
I0 = J2 iW2 -W0 J
2i
2
t0
Remarquons que ce type de calcul ne respecte pas les lois du
calcul différentiel ordinaire puisqu'on voit apparaître un terme
supplémentaire. Pour t0 = 0 l'équation
fto
WsdWs =1 2W2 t - t
2
peut s'écrire
Wt 2 = Z ds + 2 f
WsdWs
soit sous forme différentielle
dWt2 = dt
+2WtdWt
ce qui montre clairement le terme supplémentaire
(dt). Dans les calculs stochastiques, la dérivation doit
être poursuivie à l'ordre 2, les termes croisés sont
nuls dWt · dt = dt · dWt = 0, de
même que le terme dt · dt = 0. En revanche, le
terme dWt · dWt = dt donne naissance à
un terme supplémentaire.
|