PARAGRAPHE 2 : Bref aperçu sur l'environnement des
PME béninoises
Au Bénin, le développement des entreprises
privées, en général, et des PME en particulier est
lié à l'historique de l'économie.
En 1972, suite à l'avènement du GMR
(Gouvernement Militaire Révolutionnaire), le Bénin avait
opté pour une économie socialiste où les entreprises
publiques occupaient une place de choix. Mais en 1982, une évaluation de
la performance des entreprises issues de ce régime a
révélé des résultats mauvais (CAE, 2010). Ce qui a
amené le Bénin, après la conférence des forces
vives de la nation, à abandonner le modèle socialiste au profit
du libéralisme économique avec la tenue en 1994 d'une table ronde
sur la relance du secteur privé où un accent particulier a
été mis sur la promotion et le développement des PME.
Le cadre institutionnel des PME béninoises est
constitué d'une multitude de structures publiques, parapubliques,
privées qui oeuvrent en faveur de la création et la croissance
des PME. Le répertoire des institutions de financement et d'appui aux
PME (CCIB, 2009) dénombre 12 banques, 05 établissements
financiers et institutions de garanties, 05 institutions boursières, 05
compagnies d'assurance, 31 IMF légales, 21 structures d'encadrement
technique, 04 institutions bancaires et financières régionales,
02 institutions financières et traditionnelles de l'Etat et les
institutions d'appui internationales.
Ainsi, les PME ne souffrent pas de l'inexistence du cadre
institutionnel au Bénin. Toutefois, les insuffisances demeurent. Il
s'agit notamment (CAE, 2010) :
- des superpositions de structures ou cellules de projets avec
des missions proches voire similaires ;
- des structures étatiques disposant
généralement de moyens limités, de ressources
financières inadéquates, des compétences inadaptées
pour réaliser pleinement leurs missions ;
- la culture bureaucratique généralement
partagée conduit souvent au traitement peu pragmatique des dossiers au
sein de ces structures et à la confiscation des programmes et projets
par des fonctionnaires peu qualifiés ou corrompus ;
- le manque de synergie avec les institutions chargées de
la mise en oeuvre des autres politiques sectorielles ;
- des associations, ONG et autres structures
créées par les privés béninois dont la plupart
sont peu ou pas outillées, avec un personnel souvent peu
qualifié et mal rémunéré. On relève
beaucoup plus à ce niveau un opportunisme et une tendance
au gain facile, plutôt qu'une adhésion réelle aux objectifs
de développement des PME ;
- l'absence d'informations coordonnées et
centralisées sur les PME pour leur suivi en vue de faciliter
l'identification de leurs besoins ;
- l'insuffisance de coordination au niveau des structures de
gestion de la qualité ;
- l'absence de banques de données sur les filières
porteuses, ce qui freine l'orientation des PME vers les activités
à fort taux de valeur ajoutée ou tournées vers
l'exportation.
Sur le plan juridique et réglementaire, on peut noter
entre autres la diversité des textes et lois, l'existence d'un guichet
unique de formalité des entreprises, d'un régime fiscal, d'un
code des investissements qui prévoit des tarifications
préférentielles aux PME. Mais, des insuffisances s'observent
également : formalités contraignantes, régime fiscal pas
suffisamment incitatif, lourdeur administrative. Notons qu'en 2008, la
commission ADJAHO a effectué une étude conduisant à une
réforme de fiscalité de développement au Bénin, sur
demande du gouvernement. Mais, l'application des recommandations n'a pas
été totalement effective.
Au niveau du dispositif de financement, on note l'existence de
trois secteurs : le secteur bancaire, le secteur microfinance et le capital
investissement.
Au niveau du système bancaire, il n'existe pas
véritablement des banques spécialisées dans le financement
des activités de PME. Notons toutefois les efforts du groupe Financial
(actuellement Orabank) qui a été la première banque
privée à y instituer les crédits sociaux et l'effort du
groupe BOA en matière de financement des PME du secteur BTP.
Précisons également que la BCEAO a mis en place un dispositif
d'accord de classement dont les PME bénéficiaires jouissent d'un
allègement en termes de frais de dossiers, garanties et autres. Le
même dispositif visant la bonne qualité des portefeuilles de
crédit des banques de la sousrégion leur impose un ratio de
structure : la somme des crédits bénéficiant d'un accord
de classement doit être supérieure ou égale à 60% du
total des crédits bruts. (Voir résumé sur accord de
classement en ANNEXE 6)
Cependant, la microfinance s'est révélée
efficace pour le financement de la plupart des micros et toutes petites
entreprises qui remplissent ses conditions d'éligibilité moins
contraignantes que celles des banques.
L'avènement du capital-investissement y favorise le
financement des PME bien structurées avec pour missions le financement
en fonds propres et des prêts à moyen et long terme afin
d'accompagner la PME à bien se développer pour être plus
tard mieux finançable
par les banques. Mais, cette nouvelle industrie
financière des PME est en développement. En effet, la
société de capital-risque (investisseur et partenaire pour le
développement) qui a servi de référence pour notre
étude en ce qui concerne le financement par capital-risque n'a que trois
moyennes entreprises au Bénin.
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