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Analyse économique des décisions de financement des PME au Bénin

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par Yémalin Judicael TOSSOU
Université d'Abomey-Calavi faculté des sciences économiques et de gestion (Bénin) - Maà®trise es sciences économiques 0000
  

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SECTION 2 : Revue de littérature, objectifs, hypothèses et méthodologie

Cette section est consacrée à la revue de littérature, la présentation des objectifs et hypothèses de recherche et la méthodologie.

Paragraphe 1 : Revue de littérature

Tout projet d'investissement ou de développement en entreprise nécessite un plan de financement : soit l'autofinancement ou un recours à l'endettement ou encore un appel aux actionnaires. Le mode de financement qui est analysé dans notre étude est celui du financement indirect accordé par les banques et établissements de crédit. Bien que la littérature à exposer dans notre revue ne soit pas spécifiquement relative aux PME, elle lui est néanmoins applicable à quelques nuances près.

Dans ce paragraphe, nous ferons donc le point des connaissances essentielles émises au sujet des décisions de financement des entreprises en général et des PME en particulier. Ce récapitulatif concerne tant les développements théoriques qu'empiriques.

A- Développements théoriques

Les informations issues des recherches effectuées en vue de recenser les travaux théoriques en matière de décisions de financement des entreprises, spécifiquement ceux relatifs à notre problématique, abordent généralement quatre aspects.

Le premier est relatif à l'arbitrage que font les entreprises afin de choisir leur mode de financement. Nous pourrons mettre également dans cette catégorie, les justifications théoriques du choix ou de l'existence de l'intermédiation.

Modigliani et Miller (1958) furent les premiers à réaliser des modèles d'optimisations de la structure financière des entreprises. Ils démontrent, en tenant compte des spécificités de l'environnement à revenus incertains, la neutralité de la combinaison du fonds propres et

dettes sur la valeur de l'entreprise. Cependant, Myers (1984) révèle que les fonds propres sur le marché sont plus couteux que les fonds propres internes. Cela suppose en principe que les entreprises en particulier les PME devraient recourir le plus souvent à l'autofinancement au détriment de la finance de marché.

Cassar et Holes (2003) expliquent la structure financière des PME par la théorie de l'ordre hiérarchique selon laquelle pour financer leurs activités, les entreprises privilégieraient, dans l'ordre, le financement interne au financement externe (et pour ce dernier cas le financement par dette à celui par fonds propres). Néanmoins, on note généralement un grand recours à la finance indirecte par les entreprises en particulier les PME. Plusieurs travaux théoriques justifient l'adoption par les entreprises de cette forme de finance.

Gurley et Schaw (1960) justifient l'existence de l'intermédiation financière par

l'incompatibilité des désirs d'emprunt et de prêt.

Pyle (1971) soutient que l'existence des intermédiaires financiers est le fait de l'aversion différenciée pour le risque caractérisant les agents non financiers. En 1977, Pyle et Leland (p.382) écrivaient : « les modèles traditionnels des marchés financiers ont des difficultés à expliquer l'existence des intermédiaires financiers, des firmes qui détiennent un type d'actifs et vendent des actifs d'un autre type. S'il n'y a pas de coût de transactions, les prêteurs ultimes doivent acheter directement les titres primaires et éviter les coûts impliqués par l'intermédiation. Les coûts de transactions peuvent certes expliquer l'intermédiation mais leur ampleur, dans de nombreux cas, n'apparaît pas suffisante pour être la seule explication. Nous suggérons que les asymétries informationnelles peuvent être une raison fondamentale de l'existence des intermédiaires ».

Cette asymétrie d'information entre les bailleurs et les PME est le fait pour les entreprises de posséder plus d'informations que les bailleurs sur leurs propres entreprises (Fraiser et Al., 2001). L'économie de l'information distingue deux types de risques d'asymétrie informationnelle : le risque d'anti-sélection et le risque d'hasard moral. La prévalence de ces deux risques justifie alors l'avènement des intermédiaires financiers.

LANHA (2005) nous éclaire un peu plus sur l'asymétrie d'information sur le marché du crédit: sur ce marché, « le prêteur échange de la liquidité contre une promesse de remboursement futur. Pour un crédit à la production, ce remboursement dépend du résultat du projet qui à son tour est influencé par le degré de risque du projet et de la nature qui se réalise. Quand le projet réussit, le remboursement peut être conditionné par la volonté du

débiteur à rembourser ou non. L'emprunteur connaît la qualité de son projet, son degré de risque, l'état de la nature qui s'est réalisé, sa richesse finale et sa propre volonté de rembourser alors que ces éléments ne peuvent facilement être connus du prêteur.»

Pour cet auteur, le problème d'asymétrie informationnelle se pose avant et après le contrat de prêt. Avant le contrat (asymétries précontractuelles), « on parlera de type caché et le banquier sera confronté au problème d'antisélection » ; et après le contrat (asymétries post-contractuelles), « on parlera d'action cachée et le banquier sera confronté au problème d'aléa moral ». Il précise que ce dernier survient à deux niveaux par rapport à la signature du contrat : On parlera d'aléa moral ex ante en cours d'exécution du projet et « le banquier sera confronté au problème de la surveillance et du contrôle de l'exécution » ; et d'aléa moral ex post en fin d'exécution et « le banquier sera confronté au problème de la vérification des états de nature ».

Toujours selon LANHA (2003), l'émergence des IMF dans les pays de l'UEMOA s'explique essentiellement par la forte asymétrie d'information entre banques et micro-entrepreneurs, la faiblesse des juridictions régionales en matière de procédures bancaires, et du faible degré d'alphabétisation des populations.

Les théories relatives à la justification de l'intermédiation financière ont été prolongées par la définition des relations entre PME et institutions financières.

L'article fondateur de Jensen et Meckling résumé par Hellwig (1989) énonce que (Scialom, 2007) :

- toute forme de finance externe entraîne des coûts d'agence car le comportement de l'entrepreneur ou du manager ne peut être contrôlé sans coût par le prêteur et parce que certaines conséquences de son action affectent le financier externe ;

- les différentes formes de finance externe (dettes, actions, etc.) impliquent différents types de risques et donc différents types de coûts d'agence. L'investissement dans les activités de contrôle est couteux mais peut, dans une certaine mesure réduire l'aléa moral et les coûts d'agence ;

- à l'équilibre, la structure du capital de la firme ainsi que les activités de contrôle sont sélectionnées pour minimiser l'ensemble de ces coûts.

Toujours au sujet des relations théoriques entre IF et entrepreneurs, Saravath (1998) souligne que les entrepreneurs contrôlent le rendement en fixant le niveau de risque alors que les financiers contrôlent le risque en visant un très bon rendement.

Ignoré par la théorie financière néoclassique, le financement en fonds propres des sociétés non cotées à la bourse donc de petite taille a été négligé pendant longtemps par les recherches en finance traditionnelle. Cependant, la relation entre les apporteurs de fonds propres, les firmes et leurs investissements a été progressivement éclairée par la finance organisationnelle. En quoi consiste donc le capital-investissement ?

Le capital-investissement intervient dans le financement des firmes nouvelles ou en phase de changement radical qui diffère du financement classique (par le marché boursier) des sociétés cotées, notamment en matière d'asymétrie informationnelle (Barry et al., 1990; Megginson et Weiss, 1991). La finance organisationnelle enseigne que le capitalinvestissement s'attache à réduire le déséquilibre informationnel en adoptant une méthode d'analyse à deux volets : évaluer d'une part le projet à financer et d'autre part, mettre en place des mécanismes de contrôle appropriés.

Cooper et Caleton (1979) mettent en exergue la facilité de cession des investissements en fonds propres réalisés par le capital-investissement du fait de leur caractère peu liquide.

L'analyse des projets à financer par le capital-investissement n'est pas si aisée. Et cela, certainement à cause de l'inefficience du marché du capital-investissement révélée par Admati et Pfleiderer (1994). Cette inefficience exige aux capital-investisseurs une connaissance spécifique à mieux décider dans un environnement à forte prévalence de risque informationnel.

L'une des spécificités réside dans le comportement plus actif des capital-investisseurs à contrôler davantage la firme financée (Spienza et al., 1996). C'est un système caractérisé par la forte présence des capital-investisseurs au conseil d'administration. Cette spécificité concerne le mode d'identification, de sélection, d'investissement et de contrôle en ce sens que les fonds investis par les CI n'ont pas les mêmes caractères que les capitaux mobilisables (Debrierres et al., 1998).

Par ailleurs, l'on apprend dans les travaux de Williamson (1988) que le capitalinvestissement est particulièrement adapté au financement d'actifs très spécialisés ou non redéployables. Pour Desbrierres (1998), il l'est aussi si l'on considère l'incertitude pesant sur les cash-flows futurs d'activités en démarrage.

Les institutions financières apparaissent ainsi très importantes dans la réduction du risque moral affectant les relations entre firmes et leurs créanciers.

Que doit-on financer en réalité pour une entreprise?

A cette question, Schumpeter cité par Goux (1995) répond « la théorie régnante est d'accord avec nous, comme nous, elle voit dans les financements ordinaires qui portent sur les marchandises rien d'essentiel pour la compréhension du crédit(...) Ce crédit d'exploitation, nous pouvons l'éliminer de notre examen(...) ».

Toutefois, selon une approche plus classique, c'est le financement de l'exploitation qui est déterminant.

Il ressort, grosso modo, des réponses théoriques que l'on peut financer soit un investissement, un fonctionnement ou un développement en entreprise.

Quels sont les critères théoriques d'octroi de financement aux entreprises, particulièrement les PME ?

Telle est la question pour laquelle le second aspect apporte des clarifications théoriques.

Les théories en la matière soutiennent qu'on finance des projets ou des entreprises qui inspirent confiance à deux niveaux : la capacité de l'entreprise ou du projet à dégager le flux financier nécessaire à rembourser le crédit, la volonté morale de l'entrepreneur à rembourser le crédit.

Stiglitz et Weiss (1981) infirment l'hypothèse selon laquelle la distribution de probabilités des rendements incertains des projets est parfaitement connue. Ils montrent que l'emprunteur possède des informations privées sur ses intentions, informations non disponibles sans coût pour le financier, alors que le rendement anticipé du prêt pour la banque dépend de la probabilité de remboursement. Ainsi, Stiglitz propose un mécanisme de tri basé sur le taux d'intérêt dans l'optique qu'un taux d'intérêt débiteur est fonction croissante du risque moyen des emprunteurs et influe négativement sur le profit des institutions financières.

La théorie des cycles financiers (Bernake et Getler, 1990) indique que l'octroi de prêt est fonction essentiellement de la richesse nette des entreprises.

Des travaux de Gutentag et Herring (1986), il ressort que la probabilité de défaillance d'un emprunteur dans l'avenir est conditionnée par l'endettement total de l'emprunteur dans le futur, par l'affectation des fonds empruntés à des emplois plus ou moins risqués et par l'évolution à l'avenir du contexte économique pouvant grever les revenus futurs et par suite sa capacité de remboursement.

Pour Fraisano et Gfeller (2003), les banques exigent plusieurs documents et informations afin d'évaluer l'exposition au risque des PME.

Il ressort de ces théories que les établissements de crédit tiennent essentiellement compte de leurs expositions au risque associées au financement des PME avant toute décision d'octroi de crédit.

Les institutions financières exigent aussi des collatéraux. Pour Scialom (2007), ce sont des garanties que les emprunteurs offrent au prêteur lors d'une opération de prêt (cautions, hypothèques, apports personnels, gages, titres, etc.), lesquelles garanties reviennent au prêteur afin de réduire ses pertes en cas de défaut de remboursement. Elle explique par ailleurs que les banques, en observant le contrat de dette choisi par le client, peuvent en inférer son niveau du risque. Ainsi, les institutions financières dont la mission ne consiste pas à prendre des risques, n'octroient des fonds qu'à la condition d'observer une capacité de remboursement élevée chez les emprunteurs. A en croire Hong et al. (2009), c'est d'ailleurs la première préoccupation des prêteurs, alors que les risques des entreprises peuvent augmenter les probabilités de défaut de paiement.

S'agissant du risque, les outils de prise en compte du risque associé à un investissement, un projet, une entreprise où dans une décision de financement sont divers.

Les méthodes traditionnelles d'analyse de risque se fondent sur le principe de la valeur actuelle nette qui mesure la valeur engendrée par l'investissement, le taux de rentabilité interne, et le délai de récupération (pay-back period ratio). Les théories enseignent que les flux à prendre en compte sont les flux de trésorerie disponibles, c'est-à-dire :

Excédent brut d'exploitation de l'investissement

- Impôt théorique sur les sociétés, calculé sur le résultat d'exploitation de l'investissement

- Variation du besoin en fonds de roulement de l'investissement

- Investissements nets des désinvestissements éventuels

= Flux de trésorerie disponible.

Pour De Coussergues (2007), l'étude de risque de crédit des entreprises a été longtemps considérée comme une fonction noble dans la banque, fonction qui permet au banquier de faire la preuve de son sens des affaires, de son flair et cela selon une approche traditionnelle complétée par des méthodes de crédits scoring.

Les méthodes d'évaluation en capital-investissement ne s'écartent pas trop de celle de la finance traditionnelle, mais l'accès à l'information parfaite et pertinente demeure un

problème. Cela s'explique pour Debrierres (1998), par l'insuffisance évidente des informations financières et comptables des entreprises nouvellement créées et se caractérisent aussi par des cash-flows futurs aléatoires et en croissance ainsi que par une politique de rétention des bénéfices. Desbrierres (1998) ajoute que dans un tel contexte, l'utilisation des données historiques recourant à une analyse prévisionnelle est problématique.

En outre, la faible séparation des décisions d'investissement et de financement rend théoriquement inapplicable le critère de VAN.

Quant au processus du capital-investissement, Hisrich et Jankowicz (1990) distinguent 5 étapes : l'identification des projets, le filtrage initial, la sélection finale, l'évaluation et les dues diligences.

Les troisième et quatrième aspects abordent respectivement l'efficacité microéconomique et macroéconomique des financements accordés aux entreprises en particulier aux PME.

Que vise essentiellement une institution financière dans sa décision de

financement d'une PME? Quelles sont les attentes d'une PME qui demande du financement?

Les réponses théoriques à ces questions nous éclairent sur le résultat espéré de chaque agent (PME, établissements de crédit) suite à une décision de financement des PME.

La théorie du producteur nous enseigne que tout producteur vise la maximisation de son profit sous contrainte de la minimisation des coûts. Il en est de même pour l'offreur de financement. Ainsi, toute institution financière qui offre de financement aux PME s'attend à mettre en place le plus grand nombre de crédits possibles et ce à très moindres coûts. Selon LANHA (2003), il existe un certain volume nécessaire de prêts pour amortir les coûts fixes unitaires qu'impose la technologie d'une institution financière. Il s'agit des frais de dossiers, des commissions non proportionnelles au montant du crédit et divers ; ces frais, n'incitant pas à faire de petits prêts, servent à supporter la qualité des locaux, les supports papiers, le salaire moyen du personnel, le coût du SIG et divers.

L'IF dans sa décision d'offre de financement doit veiller alors à sa survie, c'est-à-dire accorder des crédits pouvant lui permettre de se donner des moyens suffisants de fonctionnement, bref de viabilité.

Les attentes des capital-investisseurs dépendent de leur structure de propriété. La théorie stipule que les investisseurs indépendants maximisent leur rentabilité pour un niveau de risque accepté. Cependant, selon Desbrières (1998), la « CI filiale d'une banque espèrera

via son investissement dans une firme, que celle-ci recourra davantage à ses produits et services, notamment en matière de gestion des risques de taux d'intérêt, de change, ou lors de leur transmission future de l'entreprise».

Quels sont les fondements macroéconomiques du financement des PME ?

A cette question, Paul Collier (2009) montre que ce sont les petites entreprises ayant un réel potentiel de croissance qui sont susceptibles d'avoir l'impact le plus significatif sur l'économie.

La théorie néolibérale postule que le secteur financier affecte le secteur réel par le canal de l'investissement d'une part et celui de la productivité d'autre part, grâce notamment à une meilleure allocation du capital.

B- Les tentatives de validation empirique

Cette partie, comme son intitulé l'indique, fait la recension des tentatives de validation empirique des diverses réflexions théoriques en matière de décisions de financement des entreprises en particulier des petites et moyennes entreprises. Les travaux empiriques explorés dans cette étude répondent essentiellement à trois questions liées à notre problématique : quels sont les déterminants des décisions de financement des PME ? quels sont les effets des décisions de financement sur les IF ? quelle est l'efficacité microéconomique des décisions de financement des PME ?

Récapitulatif des notions empiriques relatives aux déterminants des

décisions de financement des PME

Notons qu'il y a une multitude de publications empiriques qui abordent cet aspect. Hong et al. (2009) ont mené une étude empirique portant sur les déterminants de l'accès au financement bancaire des PME dans un pays en transition (le Vietnam). Les données utilisées pour les fins de leur recherche ont été recueillies dans le cadre des enquêtes effectuées en 2002 et en 2005 par l'ISTAS et l'IGEN du Vietnam. Avec un échantillon de taille 1391 PME, les questionnaires pour ces enquêtes touchent les aspects suivants de l'entreprise : caractéristiques générales de l'entreprise, leur historique, les caractéristiques de l'entrepreneur, le système de production, les ventes, la gestion des coûts, les ressources humaines, l'actif et les dettes. La méthode d'analyse a consisté à comparer les facteurs de risque caractérisant les PME vietnamiennes ayant obtenu du financement à celles n'en ayant pas obtenu. Les tests de variance (variables continues) et de chi-square (variables discrètes) et un modèle de régression logistique ont été utilisés afin d'identifier les variables susceptibles

d'expliquer l'obtention de financement par une PME vietnamienne. L'hypothèse de base a été le modèle théorique suivant :

Probabilité d'obtention de financement = f (risque d'asymétrie d'information, risque de remboursement, risque global, risque opérationnel, risque lié à l'emprunteur, risque pays).

Le résultat de leur étude indique que la majorité des variables théoriques de risque permettent de distinguer les PME ayant obtenu du financement des autres.

Au Bénin, Igue et Quenum (2004) ont élaboré une fonction d'offre de crédit au secteur primaire. Dans leur analyse microéconomique, la variable dépendante retenue était le montant de crédit accordé aux activités du secteur primaire par l'institution financière ; taux d'intérêt débiteur, le niveau des dépôts totaux disponibles, l'apport financier personnel exigé ou garantie exigée exprimée en pourcentage du montant du crédit demandé, l'indicateur de crédibilité des demandes de crédits (rapport du montant accordé sur montant total demandé), la profitabilité des institutions (rapport bénéfice net sur fonds propres), la durée des crédits, l'accessibilité de l'institution financière. Ayant utilisé un échantillon de 50 sur 65 agences de crédit des trois départements du sud Bénin, les résultats de l'estimation de la régression de leur modèle indiquent que les variables comme les dépôts disponibles, le taux d'intérêt débiteur, l'apport financier exigé des débiteurs, la crédibilité des demandes de crédit et l'accessibilité des institutions financières influencent l'offre du crédit.

Par ailleurs, selon le rapport de l'observatoire européen des PME (2003), le bilan et le compte de résultat sont les documents les plus demandés par les institutions financières. La même étude remarque que l'information fournie par une PME est incomplète, notamment en ce qui concerne les informations stratégiques et informelles (relation des PME avec leurs partenaires, les autres créanciers, les compétences de l'entrepreneur, etc.), vu la petitesse et le peu de notoriété de la plupart des PME.

En 1991, l'enquête de wynant et Hatch auprès de 1539 dossiers de crédits révèle que 95% des rapports financiers ne sont pas vérifiés. Alors que la qualité des documents présentés revêt une grande importance pour les institutions financières, laquelle envergure est confirmée par 92% des banquiers interrogés au cours de l'étude portant évaluation des défis et difficultés rencontrées par les IF dans leur relation d'affaires avec des PME, menée en 2003 par Fasano et Gfeller. La dite étude précise que les financiers confirment leur importance avec un score de 4,1/5 pour l'information passée, 4,3/5 pour l'information future pendant que la qualité de ce qui est présenté par les chefs d'entreprise tombe à 2,8/5 pour l'information future.

Peria (2009), s'appuyant sur les données d'une enquête réalisée en 2007-2008 auprès de 16 banques dans 8 pays africains et 64 banques actives dans 30 pays en développement hors d'Afrique , souligne que les banques acceptent en moyenne 81,4% des demandes de prêts de PME dans les pays en développement non africains contre seulement 68,7% en Afrique. Pour expliquer cette réticence, la même étude nous révèle les principaux motifs et obstacles de l'engagement des banques sur les PME, par groupe de pays : 60% des banques africaines misent sur la rentabilité attendue sur le segment PME, 60% des banques africaines perçoivent les facteurs macroéconomiques comme obstacles,15% perçoivent la réglementation, l'environnement juridique, les facteurs spécifiques aux banques, la nature des technologies, l'insuffisance de demande adéquate comme obstacles.

L'enquête Investment Climate Assessment (ICA) effectuée dans les pays tels que le Cameroun, le Kenya, le Mali, l'Ouganda, le Rwanda, le Sénégal et la Tanzanie confirme que les établissements de crédit exigent des garanties constituées essentiellement de biens immobiliers et dans une moindre mesure, d'actifs personnels du propriétaire, de machines et équipements et d'effets de commerce.

La présence d'un collatéral apparaît donc souvent comme une condition nécessaire à l'octroi d'un prêt aux PME (Africapractice, 2005).


· Effets des décisions de financement sur les IF

Peria (2009) révèle que la PNP (Proportion des Prêts non Performants) atteint 14,5% pour les petites entreprises en Afrique, contre 5,5% dans les autres économies en développement ; et 6,8%, contre 5,1% pour les moyennes entreprises.

Selon les publications du FMI en 2006, la complexité de l'enregistrement des sûretés et des procédures de recouvrement ainsi que la faiblesse des systèmes judiciaires et l'incertitude sur l'issue des procédures de recouvrement font que la prise de garantie apparaît ne pas être un bon moyen pour atténuer le risque.

La décision de financement des PME est aussi fonction de temps ; un calcul effectué par Julien Lefilleur (chargé d'affaires à Proparco), à partir des données de la banque mondiale (2008), montre que le nombre de jours pour traiter une candidature de prêt d'une PME en ASS est de 12,04.

Efficacité microéconomique pour l'entreprise

Peria (2009) montre que les frais appliqués aux prêts accordés aux PME sont plus élevés en Afrique, soit 1,97% du prêt accordé pour les petites entreprises et 1,79% pour les

entreprises de taille moyenne. Les taux d'intérêt sont de l'ordre de 15,6% pour les meilleures clientes.

Le rapport sur la compétitivité en Afrique (2007) de la Banque Africaine de Développement indique un lien entre l'accès au financement et la productivité des PME d'Afrique.

En termes d'efficacité vis-à-vis des PME, HOPPENOT (2009) nous informe qu'un an après le premier financement que sa société a accordé à une PME nigérienne, le chiffre d'affaire de l'entreprise financée a connu une augmentation de 40%, trois ans plus tard l'entreprise qui emploie une dizaine de personnes apparaît rentable et durable.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein