Section 2 : Suggestions de politiques et limites de
l'étude
La présente section compte deux paragraphes : le
premier fait cas de nos suggestions pour un financement des PME plus facile et
efficace. Le second présente les principales limites et
difficultés du présent travail de recherche.
Paragraphe 1 : Suggestions de politiques
Il ressort de nos analyses que la qualité des
informations comptable, financière et environnementale de la PME,
l'expérience en affaire de l'entrepreneur, le secteur d'activité,
la garantie proposée constituent des éléments
déterminants dans la décision de financement des PME. Quant au
blocage à l'efficacité des financements accordés aux PME,
on a noté principalement l'insuffisance du financement accordé,
la courte durée de remboursement, le manque de ressources pour les
institutions financières et le manque de fiabilité du
système juridique.
Compte tenu de ces blocages à un financement des PME plus
facile et efficace, nous suggérons ce qui suit :
Pour la disponibilité et la qualité des
informations sur la PME
La création d'un cadre institutionnel maîtrisant
les risques s'impose davantage au Bénin. Il s'agit d'un cadre qui doit
permettre de créer et d'améliorer la qualité des
informations sur la PME. Il faudrait aller au-delà des initiatives de
centrale de risques (déjà existant mais dont le taux de
couverture est à améliorer) pour un dispositif pouvant retracer
l'historique des données de la PME. Comment y
parvenir?
Nous proposons par exemple la création d'une cellule de
surveillance des PME. Laquelle cellule aura pour but d'une part de collecter et
de centraliser périodiquement les informations comptables et
financières des PME ; et d'autre part de veiller au respect des normes
comptables en vigueur par les PME. A ce niveau, l'usage des tics pourra
faciliter l'accès à ces informations à temps par les
établissements de crédits ou banques. Mais une telle cellule aura
un faible taux de couverture des PME car l'informel domine. Donc bien avant une
telle initiative l'Etat doit beaucoup contribuer à lever les contraintes
à la formalisation des entreprises béninoises (principalement les
lourdeurs administrative et fiscale, le manque d'information des PME sur les
avantages d'être dans le formel). Cette cellule pourrait publier
également des informations périodiques sur l'environnement des
PME.
En attendant l'heureux avènement d'une telle cellule,
les établissements de crédit en particuliers les IMF qui
n'exigent pas de livres comptables peuvent créer individuellement ou
collectivement (afin de réduire le coût de production
individuelle) une base de données de référence par type
d'activités. Avec une telle base, on aura à titre d'exemple des
informations comme : dans telle région du Bénin, une PME
spécialisée dans tel type d'activité, a tel taux de
rendement moyen, tels avantages et tels obstacles pour son
développement. Le chargé de crédit pourrait comparer les
informations (non vérifiées par un expert) fournies par la PME
à ces références. Comment s'y prendre
?
La responsabilité de la création et de la mise
à jour d'une telle base peut être confiée aux cellules des
études économiques des établissements de crédits
(cellule presque inexistante dans les institutions financières
enquêtées) ou bien aux laboratoires de recherche en sciences
économiques et de gestion du pays, lesquels laboratoires bien
disposés souffrent souvent de financement.
Pour l'efficacité des financements
accordés aux PME
La disponibilité d'information est encore très
importante ici, en ce sens qu'elle aidera les analystes à prendre de
bonnes décisions, et les entrepreneurs à mieux surveiller les
indicateurs clés de leur entreprise afin d'en faire une gestion plus
efficace et dans les normes.
Quant à la qualité des garanties
proposées, rappelons une fois encore que les autorités politiques
doivent accélérer les réformes judiciaires telles que les
réformes des titres de propriété ou les réformes
visant à accélérer les procédures de recouvrement
des dettes et à faire respecter les jugements prononcés, qui
progressent très lentement. Nous encourageons ainsi les projets de genre
« accès au foncier » et « Accès aux services
financiers » pilotés avec de résultats presque satisfaisants
par le MCA-Bénin (Millenium Challenge Acount - Bénin).
Grâce à ces projets plusieurs Titres fonciers sont en cours de
délivrance aux propriétaires de parcelle et plusieurs
établissements de crédit ont reçu des facilités de
financement. Pour parvenir à améliorer la fiabilité du
système judiciaire ainsi décrié, l'allocation de
ressources supplémentaires importantes en matière de formation du
personnel, d'équipement des tribunaux et de système d'information
sont très importantes.
Par rapport au manque de ressources longues le plus
évoqué par le secteur de la microfinance, un accord de classement
spécifique serait très intéressant pour ces
institutions.
De même des recherches portant sur l'incitation à
l'épargne de la population béninoise pourraient amoindrir le
problème de ressources longues.
En ce qui concerne les PME industrielles ou nouvellement
créées, une caution de l'Etat, d'un fonds de garantie, ou d'une
société de caution scientifique serait utile. Ces PME
accèdent difficilement au financement parce qu'un grand doute plane sur
le succès de leurs activités car n'ayant pas d'expériences
précises voire la technologie nécessaire. Ainsi une
société de caution scientifique pourrait servir de gage en
matière de faisabilité technique de leurs projets.
Une fois ces problèmes réglés, nous
pensons que les institutions de crédits auront davantage confiance aux
PMEB et pourront leur accorder de gros montants pour une durée de
maturité nécessaire pour accompagner la croissance des PMEB. Il
s'en suivra alors une croissance considérable de l'économie.
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