Paragraphe 3 : Discussion de la relation entre les
financements accordés aux PMEB et les indicateurs de viabilité
financière des IF
Les analyses quantitatives menées dans le chapitre
précédent ont montré une relation positive entre
des indicateurs clés de viabilité financière des
établissements de crédits et l'encours des
crédits accordés aux PME béninoises. Ce
résultat peut s'expliquer par le fait que les établissements de
crédits sont très sélectifs dans leurs décisions de
financement des PME béninoises. C'est donc une preuve de l'aptitude
très prudente des analystes de crédits en matière de
financement des petites et moyennes entreprises béninoises et que les
PME qui ne remplissent pas un minimum de conditions ont un accès
très difficile au financement.
Mais, l'analyse de contenu nous a éclairés sur
les blocages courants à l'efficacité microéconomique
annoncée vis-à-vis des établissements de crédits:
les impayés, les crédits irrécouvrables, la
non-fiabilité du système juridique, le manque de ressources
longues, les accords de classement contraignants.
Les impayés proviennent souvent de la
précarité des informations qui parfois biaisent l'analyse. De
même, les crédits irrécouvrables y sont liés et
dépendent également du faible degré de fiabilité du
système juridique. En effet, le système juridique qui
prévaut actuellement dans la plupart des pays de la sous-région
dont le Bénin rend difficile la réalisation des garanties : les
insuffisances des actes juridiques en vigueur et la lourdeur des
procédures administratives compliquent la saisine des biens. S'agissant
de ces procédures, le nouveau pacte commissoire en matière
d'hypothèque est à louer mais le problème d'identification
exacte des titres de propriété foncière, objets de
garantie se pose souvent dans la mesure où les réformes
d'urbanisation vont à la traîne. Que prévoit, en fait, ce
nouveau pacte ? Et en quoi la lenteur des réformes d'urbanisation en
constitue une limite ?
Grâce aux nouvelles dispositions, certains
établissements de crédits acceptent, en lieu et place d'une
hypothèque sur titre foncier, la promesse d'affectation
hypothécaire. Cette dernière est un acte sous-seing privé,
dont sont signataires l'emprunteur et l'établissement de crédit,
dans lequel l'emprunteur donne les autorisations nécessaires à
l'établissement prêteur d'obtenir une hypothèque sur son
titre de propriété foncière, objet de garantie. Pour la
validité de cet acte, il faut au moins que les références
de la parcelle soit bien précises alors que les travaux d'urbanisation
consistant à bien référencer les titres de
propriétés foncières évoluent très
lentement. Il serait donc difficile d'indiquer avec précision et de
façon légale la parcelle physique à réaliser en cas
de non remboursement de la PME.
Concernant le manque des ressources longues, la durée
maximale des refinancements en microfinance est de trois (03) ans alors que les
IF rêvent d'allouer aux PME de gros financements et pour une durée
nécessaire pour impacter très positivement le
développement de ces dernières. Notons d'ailleurs que, plus la
durée de remboursement est longue, plus la PME paye
d'intérêts (un avantage de plus pour l'institution
financière mais aussi une augmentation de risque de
défaillance).
Toujours par rapport au manque de ressources longues, la
petite taille du marché financier de la sous-région, le cadre
macroéconomique non attrayant peut en être une justification. Il
en est de même pour la culture d'épargne. La plupart des
ménages de la sousrégion ont une faible culture d'épargne
surtout des dépôts à terme. Cependant cette
considération populaire a été infirmée par
l'avènement et le développement pour une durée relative de
quatre (4) ans des sociétés dites de «placement
illégal». Il s'agit des structures informelles qui proposaient des
dépôts à terme fortement rémunérés
(150% à 200% l'an) aux ménages béninois. Le nombre
très considérable des adhérents à ce fameux
programme montre qu'il y a quand même une culture d'épargne
longue. Le problème réel peut être au niveau des moyens
d'incitation à l'épargne longue, tout en restant dans les normes
fixées par la BCEAO, lesquelles dispositions s'avèrent, selon les
décideurs de la BCEAO, nécessaires pour maîtriser les
fluctuations y liées.
Notons quand même qu'il existe bien des dispositifs
d'appui : fonds de garanties (FSA, GARI, FAGACE, ARIZ) pour aider les banques
et institutions financières dans leurs garanties, banques de
développement pour trouver des ressources longues, mais cela reste du
cas par cas et s'adresse souvent aux PME « du haut secteur ».
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