Paragraphe 2 : Discussion de l'effet des financements sur
la PMEB
La relation positive et significative annoncée
par l'hypothèse N°2 se confirme entre le montant de
financement reçu par la PME et les indicateurs du niveau de
développement de la PME : chiffres d'affaire mensuels après le
financement, la rentabilité mensuelle après le financement, le
fonds de commerce et la croissance du FDC et la croissance du chiffre
d'affaire.
Avant de discuter ces résultats, il est important de
préciser que les données utilisées pour la
vérification de cette hypothèse sont celles des PME qui ont
demandé au moins un renouvellement de crédit. Cette approche
s'est imposée à nous parce que les PME, pour la plupart, ne
produisent pas elles-mêmes ces informations, il fallait donc qu'elles
renouvellent la demande de crédit pour que nous puissions avoir les
informations produites par l'analyste de crédits après entretien
avec l'entrepreneur.
Ainsi la relation positive constatée peut même
être le fait que les PME qui ont renouvelé sont soient celles qui
ont eu un effet positif du précédent crédit sur leurs
indicateurs de développement ; c'est d'ailleurs pourquoi une
enquête qualitative a été également faite
auprès des PME pour ce qu'il en est de leur niveau de
développement suite aux financements reçus. Mais au-delà
de cette conception, certains entrepreneurs confirment qu'une injection de
fonds dans leurs entreprises augmente leurs fonds de commerce. Il en est de
même pour le chiffre d'affaires et la variation relative de ce
dernier.
Toutefois, les mêmes analyses indiquent que la
contribution des financements accordés aux PME est non significative
quant à la croissance du niveau de rentabilité. Pourquoi un tel
résultat ?
En effet, pour que le taux de croissance de la
rentabilité augmente, il faut que la PME réalise d'importants
chiffres d'affaire mais à moindre coût. Et c'est certainement
là le problème. Avoir un coût minimum de production ou de
vente suppose au moins l'un des cas suivants :
o la PME achète ses marchandises ou input en
quantité pour bénéficier d'éventuelles
réductions : chose aisée si la PME dispose de gros fonds dans le
temps par exemple un gros financement à rembourser sur une longue
durée ;
o ou la PME a une parfaite information sur la variation des
prix sur le marché des facteurs de production et peut donc saisir des
opportunités en cas de bas prix : chose difficile du fait d'abord de la
forte prévalence des risques en Afrique (où les chocs sont
difficiles à prévenir), ensuite de la non production
régulière des informations utiles à une prise de
décision et enfin du manque d'expertise des promoteurs et dirigeants des
PME ;
o ou bien la PME mène une politique de réduction
de ses charges : l'augmentation du résultat y lié est sans lien
direct avec le financement reçu par la PME ;
o ou encore qu'elle est une filiale d'une grande entreprise
ou membre de réseau (concentration) où les conditions de
marché sont spécifiquement revues pour les membres : cas non
découvert dans nos études empiriques au Bénin où la
logique de fusion ne semble pas intéresser les PME.
C'est la première option qui paraît aisée
pour aider une PME à augmenter son résultat mais à
condition que le montant de financement soit consistant.
Comme l'a souligné l'analyse qualitative, les
crédits accordés aux PMEB et la durée de remboursement
associée semblent insuffisants pour accompagner la croissance du niveau
de rentabilité de la PME.
Mentionnons également les pertes d'opportunités
occasionnées par la longue durée de traitement des dossiers :
avec un crédit débloqué au moment inopportun, la PME a une
très faible chance d'atteindre les objectifs qu'elle s'est fixée
lors de sa demande de financement.
En outre, le montant de financement net est souvent insuffisant
du fait des coûts de
crédit.
Récapitulons qu'en termes d'efficacité
vis-à-vis de la PME, le financement que reçoivent les PME
contribue positivement à l'amélioration de tous les indicateurs
de développement d'une PME retenus sauf la croissance de la
rentabilité dont les effets sont insignifiants du fait de la faiblesse
du financement alloué et des coûts de financement
élevés.
C'est vrai que les accords de classement en vigueur dans
l'UMOA devraient contribuer à la réduction des coûts de
crédit bancaire. Mais, très peu de PME y accèdent du fait
des conditions trop contraignantes (voir résumé des conditions en
annexe 6) et surtout du manque d'informations.
En résumé les financements accordés aux
PMEB influent positivement sur la plupart de leurs indicateurs de
développement. Cependant l'analyse qualitative nous a
éclairés sur quelques limites à cette efficacité
à savoir : l'insuffisance du montant de financement, le coût du
crédit, la durée de traitement des demandes de crédit.
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