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Analyse économique des décisions de financement des PME au Bénin

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par Yémalin Judicael TOSSOU
Université d'Abomey-Calavi faculté des sciences économiques et de gestion (Bénin) - Maà®trise es sciences économiques 0000
  

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CHAPITRE TROISIEME : DISCUSSION DES

RESULTATS ET SUGGESTIONS

Ce chapitre est essentiellement consacré à la discussion des résultats et aux suggestions de politiques utiles pour un financement des PMEB plus accessible et plus efficace. Il y figure également les limites et difficultés de la présente étude.

Section 1 : Discussion des résultats

Comme son intitulé, cette section présente la discussion des résultats issus des analyses précédentes. Elle comporte, de ce fait, trois paragraphes dont un par hypothèse de recherche.

Paragraphe1 : Discussion des déterminants d'octroi de crédits aux PMEB

En conformité avec l'hypothèse H1, les analyses menées au chapitre précédent montrent que c'est l'analyse de risque qui détermine la décision de financement des PME.

On constate par exemple que la qualité des livres comptables, l'expérience de l'entrepreneur, la localisation de la PME, la situation du secteur d'activité et l'historique de remboursement sont très importantes dans la décision d'octroi de financement aux PME.

L'importance accordée à la disponibilité de l'information sur les flux économiques, financiers ou même administratifs peut se justifier en ce sens qu'elle augmente la transparence et atténue les réticences. Cette position est soutenue par tous les développements tant théoriques qu'empiriques de notre revue littéraire.

De même l'historique de remboursement de crédit n'est pas sans importance dans leurs décisions de financements des PME béninoises. Cette significativité est certainement la conséquence que les analystes de crédits font usage du modèle de scoring de renouvellement de crédit. Il s'agit en théorie d'une technique qui se base, dans le cas de financement de PME, sur les comportements passés de cette dernière en matière de remboursement de crédit pour prédire sa probabilité de défaut. Dans une telle logique, les analystes font davantage confiance aux PME béninoises qui ont bien honoré leurs engagements contractés par le passé.

L'expérience de l'entrepreneur revêt également une importance capitale dans la mesure où avec un entrepreneur expérimenté, les différents processus de production de la

PME sont mieux maîtrisés. Cette expérience peut rassurer l'analyste de crédit que les erreurs de gestion de la PME seront davantage réduites et donc une gestion améliorée.

La localisation de la PME a été aussi une variable de risque significative. Ce résultat peut s'expliquer par le fait que la bonne marche d'une activité et donc le retour du capital sur investissement en dépend. D'ailleurs, on entend souvent dire que « tel milieu ne vend pas ». Les analystes en tiennent donc compte parce que ce facteur constitue pour eux une assurance additionnelle de la bonne marche des activités et donc d'un bon remboursement du crédit.

Avec les résultats des tests de comparaison de khi-2, l'on remarque que les établissements de crédits financent davantage les PME localisées en milieu urbain que celles localisées en milieu rural. Une telle préférence est certainement due au fait que la plupart des activités du milieu rural sont non seulement dans l'informel mais aussi utilisent pour leur développement de moyens rudimentaires ; et donc des technologies qui ne rassurent pas l'analyste de la réussite opérationnelle desdites activités.

Par ailleurs, la prise en compte de la situation du secteur d'activité dans la décision d'octroi de financement aux PMEB nous paraît bien justifiée. En effet, ce n'est pas prudent pour l'établissement de crédit de financer un secteur en «crise», c'est-à-dire un secteur où les fluctuations ne sont plus maîtrisées, de peur que la capacité de remboursement anticipée de la PME ne soit modifiée à la baisse et impactée négativement sur le respect de l'échéance. Une parfaite illustration en est le comportement des établissements de crédits quant à l'avènement du Projet de Vérification des Importations (PVI) au Bénin. Certains analystes de crédits nous ont confié que la plupart des PME qui font de l'importation et qui ont eu du financement dans cette période n'ont pas pu respecter leurs premières échéances de remboursement ; de facto ces analystes sont devenus réticents dans leur décision d'octroi de crédits aux PME qui font l'importation durant cette période. Alors que pour un secteur d'activité «en expansion», c'est-à-dire un secteur où les activités connaissent un développement sans faille, ils adopteraient le comportement contraire.

Aussi dans leur décision de financement des PMEB, les analystes de crédits tiennent compte du secteur d'activité.

A ce niveau, nous remarquons une préférence du financement des PME du secteur tertiaire au détriment des autres. Ce résultat peut s'expliquer par le fait que la plupart des PMEB exercent dans le commerce et que les secteurs primaire et secondaire plus risqués du fait certainement de la non-maîtrise des technologies et de leur caractère informel dominant.

Par ailleurs, la non significativité du facteur ` `exportation» est la conséquence de la faible production des PME industrielles qui ont souvent du mal à être financées. En effet, sur le plan technologique, le Bénin, à l'instar de la plupart des pays de l'Afrique du sud du Sahara, est à un niveau de développement technologique très faible. Ce qui limite leur réussite opérationnelle : une justification essentielle de la réticence des établissements de crédits en matière de financement de ces catégories de PME.

De même le niveau d'instruction des entrepreneurs n'a pas été significatif, par contre leur «expérience en affaire» l'a été. Cela suppose donc que les analystes de crédit s'intéressent plus, en termes de facteurs de risque liés à l'entrepreneur, aux dirigeants qui ont une certaine maîtrise de l'activité à financer qu'au niveau intellectuel de ce dernier. Le degré de maîtrise de l'activité menée compte alors dans la décision de financement des PMEB.

Quant aux facteurs de risque global, la taille des entreprises n'a pas été significative alors qu'elle a été annoncée dans le modèle théorique de risque. Cela peut être lié au fait que la plupart des PME ont environ le même nombre d'employés (entre 1 et 9). Il n'y a donc pas une différence en matière de nombre d'employés entre les PME ayant obtenu de financement et les autres.

Par ailleurs, tous les facteurs de risque opérationnel et technologique (formation continue des employés, succès d'application d'un nouveau processus) n'ont pas été significatifs. Pour le premier facteur, cela semble lié à l'état d'être des PMEB. En effet, les dirigeants des PME ne s'intéressent pas à la formation de leurs employés : ils pensent qu'ils ont déjà énormément de charges pour supporter la formation continue de leurs employés. Ils n'y voient pas un gain additionnel. Cela pose un problème d'expertise des dirigeants des PME.

Quant au deuxième facteur (application d'un nouveau processus), sa nonsignificativité, peut provenir de la préférence de l'expérience en affaire par les analystes. Ils préfèrent souvent que la PME ait un résultat satisfaisant pour ces premiers essais. Cela émane certainement du fait de la forte prévalence de risque qui laisse les établissements de crédit toujours «prudents».

Les tests de comparaison effectués révèlent également que le facteur «sexe» n'est pas déterminant dans la décision d'octroi de crédit aux PME. Cependant, il ressort de nos entretiens que certains analystes (minoritaires) ont une préférence féminine dans leur décision d'accord de crédit aux PME. Comment cela peut-il s'expliquer ? Peut-être qu'ils estiment que la femme a une bonne culture de remboursement ou bien qu'elle est une cliente

facile à relancer en cas d'impayés. Mais, aucune des études revues dans notre étude n'a révélé cela. Même notre analyse a montré l'indépendance de la décision de financement avec le sexe de l'entrepreneur.

Ces résultats ne sont pas tellement en déphasage avec les résultats issus des entretiens où une importance a été accordée à l'ordre d'analyse. En effet, il y ressort que la décision de financement des PME dépend en premier lieu d'une part de la capacité de remboursement de la PME que dévoile les diverses analyses de risque et de rentabilité et d'autre part des motivations du client à rembourser. En second lieu vient la garantie proposée en couverture du prêt. Tels sont les éléments très décisifs pour les analystes de crédit en matière de financement des PME.

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