2.2. Les Coléoptères Curculionidae
Les Curculionidae, ou charançons, représentent la
plus grande famille de coléoptères. Cette famille compte
plusieurs espèces dont Sitophilus zeamais, ravageur principale
du maïs. Ils se reconnaissent facilement par leur allure
générale et particulière, leur corps souvent trapu et
surtout leurs pièces buccales transformées en
une sorte de trompe, appelée rostre. Les antennes présentent
également une forme caractéristique, coudée à angle
droit, avec un premier article (le scape) très long. Les élytres
sont contigus et peuvent parfois être soudés, rendant impossible
leur écartement (Anonyme, 2009). Les charançons présentent
une diversité extraordinaire, tant dans les formes, les couleurs, les
habitats ou la biologie des espèces. La reproduction des
charançons est directe et sexuée, mais chez certaines
espèces elle peut être parthénogénétique. Le
nombre d'ufs pondus par les femelles est d'importance très variable
(quelques-uns à plusieurs centaines) (Anonyme, 2009). La larve,
éruciforme et apode, va subir plusieurs transformations avant de se
nymphoser (insectes holométaboles). Elles peuvent s'attaquer à
toutes les parties vivantes des plantes : bois, racines, tiges, feuilles,
fruits ou graines (Anonyme, 2009).
Le charançon du maïs (Sitophilus
zeamais Motchulsky)
Le genre Sitophilus est uniquement inféodé aux
céréales qu'elle contamine généralement dans les
stocks. Il se reconnaît par la présence d'un rostre renflé
triangulairement et portant les antennes à sa base. La larve blanche et
charnue est apode et mesure de 2 à 4 mm. Parmi les trois espèces
du genre Sitophilus, seules deux (S. zeamais et S.
oryzae) sont présentes dans les régions tropicales (Seck,
2009). Elles se multiplient dans les graines sèches et causent beaucoup
de dommages aux stocks.
a. Systématique et morphologie de
Sitophilus zeamais.
Sitophilus zeamais appartient à la famille des
curculionidae, ordre des coléoptères, genre Sitophilus. Son corps
a la forme d'un cylindre. Son rostre porte des antennes en forme de massues
à sa base. L'extrémité de ce rostre est
équipée de pièces buccales de type broyeur. Chez la
femelle, le rostre est long et effilé tandis que chez le mâle, il
est plus court, plus épais et moins lisse que celui de la femelle
(Sissoko, 2010 In Aboubakry, 2010). Le corps, d'une longueur comprise
entre 3 et 4mm, est couvert d'un tégument dur et rugueux. Les larves
sont des asticots charnus pourvus de pattes rudimentaires, de mandibules
puissantes et d'yeux peu perfectionnés. Le prothorax de l'adulte est
recouvert de piqure ronde ou irrégulière. Il porte des ailes. Les
ailes antérieurs sont dures et tannées et rejoignent le long de
la ligne centrale dorsale. Quant aux postérieures, elles sont
membraneuses quelquefois absentes. Les pattes portent à leurs
extrémités des tarses à quatre(4) articles. Longtemps
considéré comme une forme de S.oryzae de grande taille
(larger strain), S.zeamais se distingue néanmoins de ce
dernier. Certains auteurs (Kranz et al., 1977 In Seck, 2009)
ont proposé des critères d'ordre éthologiques pour les
différencier. Sitophilus oryzae (2 à 5 mm) est un bon
voilier, capable d'attaquer les céréales stockées depuis
le champ. Il a une
préférence pour les grains de petite taille comme
le riz. Au contraire, S.zeamais (3 à 4mm) vole très peu
et préfère les graines de grande taille comme le maïs.
b. Biologie de Sitophilus zeamais
S.zeamais ne peut se reproduire que dans un
grain dont le taux d'humidité est supérieur à 9,5%, sur un
pelage de températures allant de 15 à 35°C. Les femelles
adultes pondent environ 200 ~ufs à une vitesse de 20 à 30 par
jours. Ces derniers sont déposés au fond de cavités
creusées dans l'endosperme du grain et rebouchées à l'aide
d'un tampon mucilagineux (Danho & Haubruge, 2003). Après 8 à
11 jours d'incubation, les ~ufs éclosent avec une gamme de
température allant de 18 à 20°C. Les larves de couleur
blanche, apodes, dures, légèrement courbées consomment
l'endoderme du grain. Elles muent quatre (4) fois pour finalement se
transformer en nymphe après 6 à 8 semaines. Le nombre d'ufs
pondus dans un site nourricier, va conditionner en fonction de la
quantité de ressources disponibles, l'intensité d'une
compétition larvaire (Tilman, 1980 In Danho & Haubruge,
2003).Cette compétition larvaire affecte le taux d'émergence des
adultes mais aussi la capacité reproductive (Klomp, 1964 ; Hawley, 1985
; Mangel et al.,1994 In Danho & Haubruge, 2003). Les
adultes émergent après 5 à 16 jours
supplémentaires. Le plus grand nombre d'individus provient des lots
contenant le plus grand nombre de grains (Danho & Haubruge ,2003). Ils
vivent environ 8 mois. En effet, les ~ufs ne sont guère affectés
par les ovicides durant les 6 jours d'incubation. Le premier stade larvaire est
vulnérable aux conditions de l'environnement (humidité relative,
oxygène, densité de la population, température) (Hardman,
1978 ; Longstaff, 1989 In Aboubakry, 2010). Il peut y avoir
jusqu'à 90% de mortalité à ce stade. Les survivants
réussissent généralement à atteindre le stade
adulte. Le cycle complet dure de 26 à 35 jours dans les zones
tropicales.
c. Dégâts de Sitophilus zeamais
sur le maïs.
L'adulte de S.zeamais ne cause pas directement de
dégâts sur le maïs au champ ni en stock. Ce sont les stades
juvéniles qui causent les ravages sur stock puisqu'ils ne vivent jamais
à l'air libre et se développent à l'intérieur du
grain consommant, avant le stade pupe une partie importante des réserves
nutritives du grain de maïs. Les dégâts sont de plus en plus
lourds à partir de la 2eme génération. En zone rurale
où les techniques de conservation des denrées agricoles sont peu
élaborés, ce ravageur peut occasionner des pertes
post-récolte pouvant atteindre 90% pendant 5 mois de stockage (Nukenine
et al., 2002; Boura, 2006 In Ngamo et al.,
2007)
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