2. Généralités sur les
Coléoptères Bruchidae et Curculionidae
2.1. Les Coléoptères Bruchidae
Les Bruchidae sont uniquement inféodées aux
légumineuses qu'elles contaminent généralement en plein
champ, cette famille compte environ 1300 espèces dont C. maculatus
principal ravageur du niébé sous nos tropiques. Après
1a préinfestation au champ, les larves pénètrent dans les
graines et sont transportées avec les récoltes dans les
entrepôts. Durant le stockage, elles trouvent les conditions
idéales pour compléter leur cycle et proliférer dans les
stocks ou se disséminer dans la nature. Après l'éclosion,
la larve néonate et la larve L4 (dernier stade) sont mobiles tandis que
les larves L2 et L3 sont généralement apodes. Avant d'entrer en
nymphose dans la graine, la L4 prépare un trou de sortie pour l'adulte.
Ce trou est couvert d'une fine pellicule (opercule). La nymphose peut
également se dérouler hors de la graine et parfois dans le sol
(Camara, 1997).
Selon Delobel et Tran (1993), on distingue 3 groupes suivant
l'écologie du développement :
1- les espèces qui pondent sur les fruits encore verts au
champ. Le cycle de développement se déroule dans les graines en
cours de formation avec une teneur en eau élevée.
2- les espèces dont la femelle pond dans les mêmes
conditions que précédemment, mais le développement se
poursuit et s'achève dans la graine sèche, éventuellement
dans les stocks.
3- les espèces dont l'ensemble du développement se
déroule sur les graines sèches, le développement larvaire
se déroulant entièrement à l'intérieur de la
graine. Les espèces Les plus nuisibles s'inscrivent à ce
groupe.
La Bruche du niébé (Caiosobruchus
maculatus Fabricius)
Le genre Callosobruchus est constitué d'un grand nombre
d'espèces parmi lesquelles apparaissent des formes polyvoltines. Ces
espèces se multiplient dans les graines sèches et causent
beaucoup de dommage aux stocks (Camara, 1997). C. maculatus est
l'espèce tropicale qui est la mieux adaptée aux systèmes
de stockage grace à l'existence d'un polymorphisme imaginal (Anonyme,
2008). La forme non voilière est capable de se reproduire et de se
développer dans les systèmes de stockage ; les différentes
générations qui se succèdent causant des pertes
importantes aux récoltes. La forme voilière apparait au cours du
stockage ; elle est surtout constituée d'adultes diapausants qui
survivent dans la nature (Anonyme, 2008).
a. Systématique et morphologie de
Caiosobruchus maculatus
C.maculatus appartient à la famille des
Bruchidae, sous famille des Bruchinae, genre Callosobruchus. A l'état
adulte, il existe deux formes de C. maculatus que l'on distingue par
la coloration des élytres et le pygidium, l'aptitude au vol et la
fécondité :
1- la forme non voilière ou normale est
caractérisée par un pygidium pigmenté chez la femelle et
peu tacheté chez le mâle. Les individus ayant cette forme ont un
muscle alaire atrophié et par conséquent, ils sont incapables de
voler (Ouédraogo, 1991). Selon les études, la
fécondité moyenne varie entre 100 ~ufs par femelle (Glitho et
al.,1988), 60-90 ~ufs (Delobel & Tran, 1993) et 91,2 ~ufs par femelle
(Akpovi, 1993). Les individus sont inféodés au stock de
niébé et ont une longévité faible (6-8 jours
à 30°C) (Delobel & Tran, 1993). Les adultes de cette forme sont
toujours reproducteurs.
2- La forme voilière ou active a un pygidium clair
chez la femelle et les élytres sont tachetés chez le mâle.
Les individus de cette forme sont caractérisés par une faible
fécondité (deux ~ufs en moyenne par femelle) ; leur descendance
est constituée des individus non voiliers (Glitho et al.,1988).
La longévité est d'environ un mois à 30°C (Delobel
& Tran, 1993). La teneur en eau des graines, la température,
l'humidité relative influencent l'apparition de cette forme en
élevage de masse. L'apparition des voiliers est
précédée par l'augmentation du nombre de larves par graine
dont l'activité entraîne l'élévation de la
température et de la teneur en eau des graines (Tchokossi, 1995
In Djossou, 2006).
Figure 3 : mâle de la forme active de
C.maculatus avec ses élytres tachetés
Figure4 : Femelle de la forme normale
de C.maculatus avec son pygidium pigmenté
b. Biologie de Caiosobruchus maculatus
Le cycle de développement de C.maculatus est
fonction de la température et l'humiditérelative du
milieu. Les femelles sont réceptives dès l'émergence. Les
~ufs sont de forme
pigmeté.
ovoïde et sont déposés sur le
péricarpe (Huignard et al., 1985 ; Delobel & Tran, 1993).
Ils sont pondus et fixés par la femelle avec une substance
gélatineuse à la surface des graines et des gousses. Lors de la
ponte, une phéromone de marquage est déposée en même
temps que l'uf (Delobel & Tran, 1993), elle permet à la femelle
d'éviter les graines fortement infestées, et de réduire
ainsi la compétition inter-larvaire. L'éclosion des ~ufs survient
5 à 7 jours après la ponte dans les conditions les plus
favorables. Après éclosion, la larve qui n'a pas encore de pattes
motrices, fore la paroi externe de l'enveloppe de la gousse ou du
tégument de la graine
et rentre à l'intérieur (Lenting, 2000). A la
différence de la graine où la larve peut accéder
directement aux réserves nutritives avec plus de chance de survie ; au
niveau des gousses, la jeune larve peut échouer dans le vide (espace
inter-grain) ou déboucher, au cours de son transit trophique, sur un
petit grain à faible réserve ne pouvant lui permettre d'atteindre
le stade final de développement. Dans les derniers cas, la mort de la
larve est inévitable. C. maculatus se nymphose à
l'intérieur d'une seule graine après avoir construit une
fenêtre au niveau du tégument (Southgate, 1979). La durée
de la nymphose varie entre 7 à 28 jours. Au terme de la nymphose,
l'adulte émerge de la graine pour commencer un nouveau cycle
après avoir traversé la fenêtre de sortie
préparée par la larve. Le pourcentage le plus élevé
d'adultes s'obtient à partir des ~ufs pondus sur les graines. Avec les
pontes sur graines vertes ou mûres, la mortalité
élevée se produirait lors de la pénétration dans la
gousse (Messina, 1984).La durée de développement ~uf-adulte est
fonction des conditions atmosphériques. Dans les conditions optimales
(30-35°C ; 70-90% HR), le développement complet varie de 22 -25
jours (Rees, 1996 In Djossou, 2006).
c. Dégâts de Caiosobruchus maculatus
sur Le niébé.
C. maculatus exerce une pression permanente sur les
légumineuses ; cette menace est due à sa grande polyphagie et sa
faculté d'adaptation à des régions climatiques
variées (Utida, 1954). L'adulte de C. maculatus ne cause pas
directement de dégâts sur le niébé au champ ni en
stock ; les individus mâles et femelles vivent des grains de pollen et de
nectar (Alzouma, 1981 ; Messina, 1984). Ce sont les stades juvéniles qui
causent les ravages sur stock en consommant, avant le stade pupe une partie
importante des réserves nutritives des cotylédons de la graine du
niébé. L'activité de consommation des réserves des
graines par les larves provoque de la chaleur et de l'humidité qui
engendrent le développement des champignons comme Aspergillus,
Fusarium, Botrytis, conduisant à des pertes
quantitatives et qualitatives. C. maculatus entraîne non
seulement une réduction de poids sec, mais également une
diminution de la qualité des graines et de la viabilité des
semences compromettant leur consommation et leur semis (Singh, 1992). Lorsque
les dégâts excèdent un trou d'émergence par graine,
la valeur marchande du niébé s'en trouve substantiellement
réduite (Murdock et al., 1997). Il existe une relation
entre le nombre de trous d'émergence des bruches sur les graines et les
pertes de poids (Tchamou, 1995 In Djossou, 2006).
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