CHAPITRE DEUXIEME
ANALYSE DE L'ECONOMIE CONGOLAISE EN 2005
A TRAVERS LA MATRICE DE COMPTABILITE
SOCIALE
Dans ce travail, il est question de faire une analyse en
équilibre général des éventuels effets statique de
l'UD du COMESA sur l'économie et le bien-être des populations
congolaises. Une telle analyse requiert l'utilisation d'une MCS pour le
calibrage du MEGC sur l'économie congolaise32. Dans ce
chapitre, il est question d'analyser les caractéristiques de
l'économie congolaise, et cela à travers la matrice de
comptabilité sociale de 2005. Il sera question de construire le cadre
comptable (II.1) et de l'analyser en vue de dégager les principales
caractéristiques de l'économie congolaise (II.2).
II.1. MATRICE DE COMPTABILITE SOCIALE DE LA R.D. CONGO
POUR L'ANNEE
2005 (MCS-R.D.C 2005)
Une MCS est un tableau à double entrée qui donne
une vue d'ensemble d'une économie donnée, pendant une
période de temps donnée, généralement une
année. « Elle retrace les flux comptables entre les agents
économiques ayant pris place dans une économie donnée. Ces
flux se présentent sous forme de recettes en ligne et de dépenses
en colonne. Ainsi, un chiffre à l'intersection d'une ligne et d'une
colonne donnée indique les paiements du compte correspondant à la
colonne au compte représentant la ligne. La cohérence comptable
d'une MCS est garantie par l'égalité entre les recettes totales
(ligne) et les dépenses totales (colonne) pour chaque
compte33»
La matrice de comptabilité sociale (MCS) est
définie aussi comme un outil permettant de présenter les comptes
du Système de Comptabilité Nationale (SCN). En effet, le SCN
consiste en un ensemble cohérent, logique et intégré de
données macro-économiques, organisées sous forme de
comptes de flux, de comptes de patrimoine et de tableaux, qui s'appuie sur un
ensemble de concepts,
32 Blaise NLEMFU (à paraître) en a
construit une MCS, comprenant 2 facteurs de production, 5 agents
institutionnels
33 Ismaël FOFANA, Elaborer une Matrice de
Comptabiité Sociale pour l'analyse d'impacts des chocs et politiques
macroéconomiques, CIRPEE, Quebec, 2007, p.3
de définitions, de nomenclatures et de règles de
comptabilisation approuvés au plan international. Il propose un cadre
comptable complet, au sein duquel les données économiques peuvent
être exploitées et présentées sous une forme qui
convient aux besoins de l'analyse économique, de la prise de
décisions, et de la définition des politiques. (Système de
Comptabilité Nationale de 1993)34.
Les premières matrices de comptabilité sociale
de la R.D.C remontent aux années 1980 et 1987 respectivement, et se
fondent sur le Système de Comptabilité Nationale de 1968, (United
Nations, Economic Commission for Africa, 1984 et Kamiantako, 1993). La
particularité de la matrice de comptabilité sociale de 2005
(MCS-RD005) est qu'elle s'appuie sur les comptes nationaux
élaborés selon le SCN93, dans le cadre d'un programme
d'assistance technique du Fonds Monétaire International (FMI) qui vise,
outre le renforcement des capacités dans le secteur des statistiques du
secteur réel, d'aider la R.D.C à être à jour en
matière de la comptabilité nationale.
Dans cette optique, deux années ont été
retenues pour l'élaboration des comptes nationaux : les années
2005 et 2006, comme année de base et année courante
respectivement. C'est dans ce contexte que nous avons élaboré la
présente Matrice de Comptabilité Sociale de la R.D.C pour
l'année 2005 : « MCSRD005 ». La MCS-RDC 2005 est une matrice
agrégée (ou macroéconomique). Elle offre une
présentation cohérente des transactions qui ont eu lieu au sein
de l'économie congolaise au cours de l'année 2005 et fournit en
outre, la base comptable d'un cadre analytique susceptible de faciliter les
choix des décideurs de la politique économique (Decaluwé,
Martens et Savard, 2001). L'économie de la RDC de l'an 2005 sera
présentée à travers le tableau des ressources et des
emplois (TRE)35 communément appelé Tableau
Entrées- Sorties (TES) et le tableau des comptes économiques
intégrés (TCEI)36 le Tableau de la distribution des
inputs (TDI)37 Tableau de distribution des outputs38. Le
TES et le TCEI seront
34 Blaise NLEMFU, la MCS pour l'économie de
la République Démocratique du Congo, 2005
35 Hubert H.V.GBOSSA, les travaux de
comptabiité Nationale: séminaire de présentation des
résultats des comptes nationaux selon le SCN93, Kinshasa, 2008, p.
20
36 Idem
37 James WABENGA Yango, Analyse de
l'intégration économique au moyen d'un modèle
d'entrées-sorties : « cas de la RDC en 2005 », TFC,
Inédit, UNIKIN, 2008, p.63
38 Idem
à la base de la construction de la matrice de la
comptabilité sociale(MCS)39 de la RDC pour l'année
2005.
La MCS d'une petite économie ouverte au reste du monde
possède cinq types de comptes :
![](Union-douaniere-du-COMESA-et-ses-enjeux-sur-l-economie-de-la-RDC-une-evaluation-par-un-MEGC-mo29.png)
Le compte des activités ;
Le compte des produits ;
Les comptes des facteurs ;
Les comptes des institutions ;
Le compte d'épargne investissement.
II.1.1. Structure de la MCS-RD005
Bien que la MCS puisse prendre diverses configurations, sa
présentation sous forme de tableau entrée-sortie constitue une
caractéristique commune. Elle retrace les flux comptables prenant place
dans une économie à une période donnée,
généralement une année. Ces flux se présentent sous
forme de recettes en ligne et de dépenses en colonne. Ainsi, un chiffre
à l'intersection d'une ligne et d'une colonne donnée indique les
paiements du compte correspondant à la colonne au compte
représentant la ligne. La cohérence comptable d'une MCS est
garantie par l'égalité entre les recettes totales (ligne) et les
dépenses totales (colonne) pour chaque compte. Le degré de
désagrégation des comptes d'une MCS peut varier selon les besoins
de l'étude et la disponibilité des
données40.
En général, une MCS standard se présente
sous forme de six (6) comptes agrégés: un compte courant des
facteurs productifs (travail et capital) ; un compte courant des unités
institutionnelles résidentes (ménages, firmes et gouvernement) ;
un compte des activités productives ; un compte de produits (biens et
services) ; un compte de capital; et enfin, un compte courant du reste du monde
(tableau 4).
Le compte des facteurs productifs
est représenté par le travail et le capital, chacun d'eux pouvant
être décomposé en plusieurs sous-comptes selon
39 Haykel H. SALEM, la construction de la MCS
Macroéconomique, université de Mons, Tunisie, 1996, p.3
40 Ismaël FOFANA, Elaborer une Matrice de
Comptabiité Sociale Pour l'Analyse d'Impacts des Chocs et Politiques
Macroéconomiques, Version révisée - Octobre 2007
les objectifs de l'étude et la disponibilité de
données. Les facteurs reçoivent les revenus de la vente de leurs
services aux activités de production (ligne 1) sous forme de salaire et
de loyer du capital, et sont ensuite distribués aux unités
institutionnelles (colonne 1) sous forme de revenus de travail et de
capital.
Le compte des unités institutionnelles
résidentes comprend les souscomptes "ménages",
"entreprises", et "Etat et administrations publiques", chacun pouvant
être désagrégé à son tour en plusieurs
sous-comptes.
· Le sous-compte des ménages
perçoit des revenus de facteurs (travail et capital), et des
revenus de transfert des entreprises, de l'État et du reste du monde
(ligne 2). Il verse des taxes et des prélèvements sociaux,
acquiert des biens et services de consommation, procède à des
transferts aux autres unités institutionnelles; le revenu
résiduel est investi/désinvesti par le ménage via le
compte de capital (colonne 2).
· Le sous-compte des entreprises reçoit
une part des profits générés par les activités
productives, et des revenus de transfert des autres unités
institutionnelles résidentes et du reste du monde (ligne 2). Ce revenu
est partiellement transféré sous forme d'intérêt, de
dividende, de loyer, d'impôt et de prélèvement social
obligatoire aux propriétaires d'actifs financiers, aux actionnaires et
à l'État ; le résidu du sous-compte des entreprises est
imputé au compte de capital (colonne 2).
· Le sous-compte de l'Etat et des administrations
publiques retient une part des revenus générés par
les agents et les transactions économiques sous forme de
prélèvement obligatoires (impôts sur le revenu et la
richesse, impôts sur la production et sur les produits, et impôts
et taxes sur les importations et les exportations) et des revenus de transfert
des autres institutions résidentes et du reste du monde (ligne 2). Le
revenu du compte de l'Etat et des administrations publiques est alloué
aux achats de services de l'administration publique, des transferts et des
subventions aux ménages, aux sociétés et au reste du
monde; le revenu excédentaire ou déficitaire est
transféré au compte de capital (colonne 2).
Le compte des activités
productives génère des recettes de la vente de
produits7 (ligne 3). Les dépenses de ces activités (colonne 3)
incluent l'achat de matière première et de produits
intermédiaires, le paiement de service locatif des
facteurs (travail et capital) et le paiement de taxes sur la
production net de subvention.
Le compte des produits achète
des biens et services (colonne 4) des producteurs locaux et étrangers
(importations), pour les céder aux ménages, aux administrations
publiques et aux entreprises des branches de production, sous forme de
consommation finale, d'intrants productifs et d'investissement (ligne 4).
Le compte d'investissement combine
la formation brute de capital fixe et les changements de stocks. Il collecte
les épargnes des unités institutionnelles résidentes et
non résidentes (ligne 5) pour l'investissement (colonne 5).
Finalement, les transactions entre les agents résidents
et non résidents sont consignées dans le compte du
reste du monde qui reçoit les revenus de vente des biens
et services à l'économie nationale (importations) et des
transferts des agents résidents (ligne 6). A son tour, le reste du monde
achète des biens et services à l'économie nationale
(exportations) et transfère des revenus aux unités
institutionnelles résidentes, avec soit un solde excédentaire ou
investissement net des agents non résidents dans l'économie
nationale, soit un solde déficitaire ou investissement net des nationaux
à l'étranger (colonne 6).
En somme, la MCS est une synthèse des opérations
comptables ayant pris place au sein d'une économie au cours d'une
période donnée, en général, une année. Ces
informations sont indispensables à l'analyse d'impacts des chocs et
politiques macroéconomiques sur la croissance et la réduction de
la pauvreté dans les pays en développement avec pour but ultime,
éclairer les choix politiques. Par conséquent, disposer d'une MCS
fiable et cohérente est une étape incontournable qui
mérite une attention particulière, tant au niveau des sources de
données primaires qu'à leur compilation pour l'élaboration
de la MCS. La construction d'une MCS standard fait principalement recours
à deux types de tableau des comptes nationaux : le Tableau des
Ressources et des Emplois (TRE) et le Tableau des Comptes Economiques
Intégrés (TCEI)41. La section suivante est
consacrée à la description de ces tableaux.
41 Appelés précédemment
Tableau Entrée-Sortie ou TES, et Tableau d'Ensemble Économique ou
TEE.
TABLEAU 4. STRUCTURE DE LA MCS STANDARD
![](Union-douaniere-du-COMESA-et-ses-enjeux-sur-l-economie-de-la-RDC-une-evaluation-par-un-MEGC-mo30.png)
Activités
3
Ventes Domestiques
Exportations
4
Consommation Intermédiaire
Consommation d'Investissement
Produits
5
Balance du Compte Courant
Capital/ Investissement
6
Importations
Reste Du Monde
1
Paiement aux facteurs
Facteurs
Facteurs
1
Activités
3
Produits
4
Reste Du Monde
6
Unités Institutionnelles Résidentes
2
Capital/ Investissement
5
Unités Institutionnelles
Résidentes
|
2
|
Revenus de facteurs
|
Transferts
|
Taxes et subventions de production
|
Taxes et subventions sur les produits
|
|
Transferts
|
Source : Elaboration
de la MCS d'Ismaël Fofana
![](Union-douaniere-du-COMESA-et-ses-enjeux-sur-l-economie-de-la-RDC-une-evaluation-par-un-MEGC-mo31.png)
TABLEAU 5. STRUCTURE DE LA MATRICE DE COMPTABILITE
SOCIALE DE LA RDC EN 2005
Travail
(1)
|
FACTEURS DE Travail (1)
|
PRODUCTION Capital (2)
|
Ménages (3)
|
UNITES INSTITUTIONNELLES Sociétés
(4)
|
Taxes & Subv.(5)
|
Etat (6)
|
Branches (7)
Paiement facteur travail
|
Produits (8)
|
E-I (9)
|
RDM (10)
Paiement du facteur
|
TOTAL
Rev. du facteur
|
Capital
(2)
|
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|
|
|
|
Paiement facteur capital
|
|
|
|
Rev. du facteur capital
|
Ménages
(3)
|
Revenu du facteur travail vers Mén.
|
Rev. du facteur capital vers mén.
|
Transferts courants divers
|
Dividendes &transferts divers
|
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Transferts courants &intérêts
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Transferts courants
|
Rev. des Mén.
|
Sociétés
(4)
|
|
Rev. du facteur capital vers les
sociétés
|
Contributions sociales vers sociétés
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Transferts courants
|
Rev. des entreprises
|
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Taxes & Subv.(5)
|
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Impôts sur le rev. & le patrimoine
|
Impôts sur le rev. & le patrimoine
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Taxes & Subv. Sur la production
|
Taxes & Subv. Sur produits
|
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T.V.A & Expl.
|
Etat (6)
|
|
Rev. du capital reçu par les APU
|
Contributions sociales vers APU
|
Dividendes & transferts divers
|
Taxes & Subv.
|
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Transferts courants
|
Recettes de L'Etat
|
Branches
(7)
|
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Ventes domestiques
|
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Prod. Dom. totale
|
Produits
(8)
|
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|
Consommation finale effective des mén.
|
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Conso. Fin.
effective
|
Consommation intermédiaire
|
Marges commerciale s &transport
|
Consomm ation Invest.
|
Exports
|
Demande du bien composite
|
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E-I (9)
|
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Epargnes des mén.
|
Epargne Entreprises
|
|
Epargne publique
|
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Epargne étrangère
|
Epargne Agrégée
|
RDM (10)
|
Revenu du facteur travail vers Rdm
|
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Transferts courants divers
|
Dividendes & transferts courants
|
|
Transferts courants & intérêts
|
|
Importations hors taxes
|
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Paiements des échanges
|
TOTAL
|
Valeur ajoutée du travail
|
Valeur ajoutée du capital
|
Dépenses totales
des mén.
|
Dépenses totales des entr.
|
T.V.A & d'expl.
|
Dép. publ. totales
|
Prod. Totale aux prix de base
|
Prod. Totale aux prix
du marché
|
Invest. Agrégés
|
Recettes des échanges Ext.
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Source : Blaise
NLEMFU(2010) BAHATI MULUNGULA Alain Billy
|
Union Douanière du COMESA et Ses Enjeux sur
l'Economie de la RDC : « Une Evaluation Par un MEGC
»
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P a g e 49
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TABLEAU 6. MCS-RDC 2005 AGREGEE (EN MILLIONS DE FC
COURANTS DE 2005)
![](Union-douaniere-du-COMESA-et-ses-enjeux-sur-l-economie-de-la-RDC-une-evaluation-par-un-MEGC-mo32.png)
Travail (1)
Capital (2)
FACTEURS DE PRODUCTION UNITES
INSTITUTIONNELLES
Ménages (3)
Sociétés (4)
Etat (6)
Taxes & Subv.(5)
Branches (7) Produits (8) E-I (9) RDM (10)
TOTAL
Travail
(1)
|
|
|
|
|
|
|
969487
|
|
|
4219
|
973706
|
Capital
(2)
|
|
|
|
|
|
|
4252265
|
|
|
|
4252265
|
Ménages
(3)
|
958396
|
3094378
|
51458
|
632733
|
|
196897
|
|
|
|
32173
|
4966035
|
Sociétés
(4)
|
|
1094631
|
12796
|
|
|
|
|
|
|
41228
|
1148655
|
|
Taxes & Subv.(5)
|
|
|
30058
|
25136
|
|
|
45174
|
203182
|
|
|
303550
|
Etat (6)
|
63256 39074 157879 303550 219578 783337
|
Branches
(7)
|
|
|
|
|
|
|
|
8105406
|
|
|
8105406
|
Produits
(8)
|
|
|
4641404
|
|
|
240245
|
2838480
|
|
681418
|
1242930
|
9644477
|
|
E-I (9) 182108 203058 278280 17972
681418
|
RDM (10)
|
15310
|
|
9137
|
129849
|
|
67915
|
|
1335889
|
|
|
1558100
|
TOTAL
|
973706
|
4252265
|
4966035
|
1148655
|
303550
|
783337
|
8105406
|
9644477
|
681418
|
1558100
|
|
Source : Blaise
NLEMFU(2010)
![](Union-douaniere-du-COMESA-et-ses-enjeux-sur-l-economie-de-la-RDC-une-evaluation-par-un-MEGC-mo33.png)
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