De la réinsertion à la prévention de la récidive:quel processus de professionnalisation pour les conseillers pénitentiaires d'insertion et de probation( Télécharger le fichier original )par Yann COUZIGOU Conservatoire national des arts et métiers - Master de recherche travail social, action sociale et société 2011 |
Chapitre10 : Une socialisation professionnelle problématiqueNous verrons, ici, qu'au clivage générationnel, décrit précédemment et concernant le rapport à la hiérarchie, vient s'ajouter un déclin du modèle vocationnel à l'entrée dans le métier (10-1). De promotion en promotion, les conditions de stage et de titularisation varient, ce qui ne contribue pas à l'unité du groupe professionnel (10-2). Cependant, la segmentation de ce groupe professionnel est plus ancienne et porte sur le contenu même des missions (10-3). Ces différentes strates et tensions sont accentuées par des relais syndicaux qui défendent auprès de l'Administration Pénitentiaire des conceptions du métier ne relayant pas totalement les professionnalités les plus stabilisées depuis la création des SPIP (10-4). 10-1 Un abandon progressif du modèle vocationnel Il apparaît également nettement que les missions de réinsertion étaient au coeur de la pratique professionnelle et étaient à l'origine des vocations pour le métier d'éducateur de l'Administration Pénitentiaire ou de délégué à la probation : H, 53 ans, CPIP, 27 ans d'ancienneté : « Notre travail, c'était essayer de donner quelques atouts aux personnes qui nous étaient confiées pour essayer de faire en sorte qu'elles ne se noient pas dans une situation sociale qui, dans un premier temps, les faisaient réagir de manière frontale, comme ça, dans l'opposition avec la police, avec la récidive, ou de manière déjà un peu auto destructrice, en prenant de la drogue ou tout autre produit. Enfin, qui était une manière réactionnelle de fonctionner, liée entre autre à l'age et essayer de leur donner, de les aider à trouver quelques atouts pour ne pas se noyer complètement ». H, 51 ans, CPIP, 25 ans d'ancienneté : « Ce métier, il y a celui tel que je me le représentais en entrant, et puis il y a le métier qu'on a fait en 20 ans, mais disons que pour moi, ce métier, c'est une incarnation de l'État Providence pour permettre aux gens qui sont en difficulté d'insertion de raccrocher les wagons parce qu'on est en contact avec les personnes, la partie de la population française qui est dans la plus grande difficulté, on travaille avec de gens pauvres et évidemment des gens qui sont, non seulement, pauvres économiquement mais qui ont souffert de mille et une difficultés ; ce n'est pas une caricature de le dire, donc, je me vis comme une sorte de sauveteur, c'est le SAMU social, dans la chaîne pénale ; c'est le rôle que j'ai envie de jouer, on est dans ce circuit là les premiers à manifester de l'attention et de l'humanité aux gens qui sont pris dans ce type de procédure et pour moi c'est important ». Comme nous l'avons vu précédemment, cette représentation du métier comme essentiellement un métier d'aide qui se rapprocherait du travail social n'est plus portée par l'Administration Pénitentiaire depuis la circulaire de mars 2008, circulaire qui ne fait plus mention explicite aux missions relevant du travail social inscrits dans la circulaire de 2000. Il apparaît aussi que, sur nos 17 entretiens, neuf personnes ont passé d'autres concours, trois personnes seulement n'ont passé que le concours de CIP soit une proportion très faible (17,64%). Les assistantes de service social ont, elles, passé un concours spécifique pour intégrer l'Administration Pénitentiaire, ce qui conforte l'hypothèse d'une vocation pour intégrer cette administration. Il semble donc que les motivations pour entrer dans l'Administration Pénitentiaire ne relèvent pas de la vocation mais d'autres choix rationnels pour beaucoup de CPIP : F, 34 ans, CPIP, SNEPAP-FSU, 8 ans d'ancienneté : « Je pense qu'aujourd'hui, il y a pas mal de gens qui passe pas mal de concours en espérant en avoir un, et en soit, ça se comprend, mais du coup, pas en se disant moi, je veux être ça, et donc je vais passer le concours ; c'est un peu une autre logique, maintenant j'ai tel niveau d'étude, maintenant, j'ai envie de travailler, je vais passer tel ou tel concours qui sont un peu sur la même forme, en espérant en avoir un ; on peut pas dire qu'ils aient la vocation, ils arrivent dans la pénitentiaire comme ils seraient arrivé dans les douanes ; après, il y a en un certain nombre qui le passent avec une vocation quasi-militante, qui se sont intéressés à la question de la prison, surtout, parce que souvent de l'extérieur, on connaît plus la prison et ceux qui arrivent dans une disposition un peu militante, parfois un peu utopique : je vais sauver le monde, je vais être du bon côté. Donc, il n'y a pas d'homogénéité ». Quand la vocation est présente pour intégrer l'Administration Pénitentiaire, c'est toujours en lien avec la notion d'insertion des publics, qu'elle soit couplée à la probation ou non : F, 29 ans, CPIP, 3 ans d'ancienneté : « J'ai eu du mal à intégrer le nom de conseiller d'insertion et de probation, je me le suis approprié, puisque moi je suis arrivée sur une période où le contrôle et la probation étaient clairement instaurés ; enfin bon, j'étais déjà l'un des volets de la profession puisqu'avant, on appelait ça éducateurs ; moi, je vois bien, avec mes collègues plus anciens, que la probation n'était qu'une petite partie, finalement, du boulot alors que pour moi, c'est vraiment deux aspects. Moi, c'est pour ça que j'ai fait ce travail là, pour l'insertion et pour la probation, et je vois pas ce que pénitentiaire vient faire là puisque, quand je présente mes missions, je rappelle bien pour quelle administration je travaille, je pense qu'il n'y a pas de doutes vis à vis des personnes qu'on a en face, si on arrive à se situer». Nous avons pu observer que, parmi les 8 personnes ayant plus de 10 ans d'expérience au sein de l'Administration Pénitentiaire de notre échantillon, 5 étaient des assistantes sociales ce qui laisse penser qu'avec le temps, une forme de fracture générationnelle se forme entre les personnes restées par vocation dans une éthique proche du service social et une génération pour qui l'entrée dans l'Administration Pénitentiaire s'intègre dans une stratégie professionnelle différente. Cela mériterait une étude plus poussée sur la base de données statistiques plus larges et étayées. Une autre fracture se crée entre les personnes qui sont surdiplômées par rapport au niveau requis pour passer le concours et les autres : F, 33 ans, CPIP, 3 ans d'ancienneté : « Je trouve qu'on sent de grosses disparités entre les personnes qui ont dix ans d'expérience et, on va dire, celles qui sont arrivées récemment sur le terrain ; je trouve que les personnes qui sont là depuis pas mal d'années ont une fibre sociale beaucoup plus développée que celles qui sont arrivées récemment sur le terrain ; je dis pas qu'on a pas de fibre sociale, mais je veux dire quand même, voilà : je pense que la plupart des gens qui sont recrutés sont bac+4, je pense déjà que ça joue, je pense que beaucoup de gens qui sont là depuis quelques années, ils ont passé ce concours par hasard, j'ai pas l'impression qu'ils ont passé le concours par vocation, donc, effectivement, je trouve qu'il y a des disparités quoi dans la façon de voir les choses et puis peut être aussi des disparités générationnelles tout simplement ». A titre indicatif, deux personnes seulement sur les sept dans notre échantillon, ayant plus de dix ans d'expérience, sont titulaires d'un diplôme de niveau bac +4, ce qui semble indiquer une évaporation importante des profils les plus diplômés, chiffre à confirmer à une échelle plus étendue toutefois. 10-2 Quatre modes de socialisation professionnelle depuis 2001La formation initiale des CPIP se déroule à l'ÉNAP45 à Agen depuis 2000. Auparavant, la formation se déroulait à Fleury-Mérogis pour les éducateurs de l'Administration pénitentiaire et les délégués à la probation. 45 « D'abord nommée EFPAP (École de Formation des Personnels de l'Administration Pénitentiaire), installée dans des Villages Vacances Famille en Alsace (à Albé, puis à Obernai), l'école devient ensuite l'EAP (École d'Administration Pénitentiaire) en occupant à partir de 1965 des locaux d'un ancien centre de jeunes détenus construit sur le site de Plessis-leComte, à Fleury-Mérogis, dans l'Essonne. Elle est enfin rebaptisée ENAP (École Nationale d'Administration Pénitentiaire) suite à un arrêté du 20 juillet 1977 régissant l'organisation et le fonctionnement de l'établissement. Le 20 septembre 1994, le comité interministériel pour l'aménagement du territoire (CIAT) décide la délocalisation de l'école à Agen. Cette mutation géographique, qui s'inscrit dans un contexte général de modernisation du service public pénitentiaire, s'accompagne d'une Les promotions de CIP ont connu quatre modes de socialisation professionnelle depuis 2001. En effet, le principe de l'alternance, entre un ou plusieurs lieux de stages et l'ÉNAP, a été abandonné à partir de la douzième promotion de CIP. Auparavant, un CIP stagiaire était affecté sur plusieurs lieux de stages différents (milieu ouvert et milieu fermé), en alternance avec des cycles de trois semaines à l'ÉNAP (CIP1 à CIP 8). Un lieu de stage unique a été proposé sur les deux ans de formation pour de la huitième promotion de CIP à la dixième. Nous entendons socialisation professionnelle comme « la manière dont les groupes professionnels se transforment suite à l'arrivée de nouvelles recrues et, réciproquement, sur la façon dont ces dernières s'engagent dans un processus subjectif d'adaptation à leur nouvel univers de travail » [MALOCHET, 2005, p23] ou comme « le processus par lequel on devient membre d'un métier et plus généralement d'un groupe professionnel » [BENGUIGUI, GUILBAUD, MALOCHET, 2008, p7]. Les CIP de la onzième et douzième promotion ont été affectés sur un lieu unique de stage pendant les deux années de formation. Sur la base des notes obtenues lors de la validation des contrôles continus et des notes de stages, un classement final était constitué, permettant la titularisation des CIP sur le lieu de leur choix, selon leur classement. A compter de la CIP 12 et jusqu'à la quinzième promotion de CIP, le principe de la préaffectation a été mis en place. Il s'agit d'affecter en stage de deuxième année un CIP sur le lieu de sa future titularisation, avec une alternance de cours, très réduite à 15 jours par an, à l'ÉNAP. Cette modalité de socialisation professionnelle a été fortement critiquée et serait abandonnée pour la seizième promotion sans que nous ayons confirmation de cette information. réorganisation structurelle et pédagogique de l'ENAP mise en oeuvre en 1999. L'arreté du 22 janvier 1998 modifiant l'organisation et le fonctionnement de l'école définis en 1977 dessine les prémices de cette réorganisation. L'ENAP est administrée par un conseil d'administration et dirigée par un directeur qui est nommé par décret sur proposition du garde des Sceaux, ministre de la justice, pour une durée de trois ans renouvelable. Le décret.du 26 décembre 2000, relatif à l'École nationale d'administration pénitent ai re, érige l'ENAP en établissement public de l'Etat à caractère administratif, doté de la personnalité morale et de l'autonomie financière. Il est placé sous la tutelle du Garde des Sceaux, Ministre de la justice. Conformément à l'article 2 de ce même décret, l'ENAP a pour mission la formation initiale et continue des fonctionnaires et agents publics occupant un emploi dans l'administration pénitentiaire la réalisation de travaux de recherches et d'études et leur diffusion la mise en oeuvre d'actions de partenariats avec des institutions d'enseignement et de recherche françaises et étrangères ». Source : site intranet ENAP consultable au http://www.enap.justice.fr/ecole/index.php H, 31 ans, CPIP, UGSP-CGT, 4 ans d'ancienneté : « C'est surtout ça qui est important, la transmission, qui est aujourd'hui beaucoup plus difficile et abâtardie puisque, de fait, la première année, c'est quasiment que de la théorie et la deuxième année, le stagiaire se trouve en position de titulaire, quasi immédiatement, beaucoup moins en position d'apprentissage finalement ; et la finalité, c'est plus apprendre, mais prendre vite des dossiers et puis si possible, le plus rapidement possible, on est dans des attentes productivistes vachement plus importantes qu'auparavant où on était dans un système d'apprentissage qui devait nous amener à pouvoir ensuite prendre des dossiers ». F, 39 ans, CPIP, 12 ans d'ancienneté : « Quand j'étais à l'ÉNAP, ben moi, j'ai bien aimé, je dois bien être la seule ; mais la première année à l'ÉNAP, on avait beaucoup de cours théoriques et puis beaucoup de stages à l'extérieur : 7 ou 8 stages en extérieur, par exemple au Conseil Général, assez intense, puis après, plusieurs stages dans plein de lieux différents ; et en deuxième année, un lieu d'affectation, où on était mi-milieu fermé mi-milieu ouvert, on avait un mémoire et un projet d'action collective à mettre en place, on m'a jamais parlé des PPR. Il y avait de la sociologie, de la psychiatrie, de la psychologie. Moi, je comprends pas cette histoire de pré-titularisation ». Ainsi, une personne issue de la troisième promotion des CIP, aura effectué deux ans en alternance sur trois types d'établissements pénitentiaires différents. Un CIP de la dixième promotion aura connu un seul lieu de stage en deux ans de formation, avec une mixité, milieu ouvert - milieu fermée, assurée. Un CIP issu de la onzième promotion n'aura connu que deux lieux de stages, sur deux ans en alternance : F, 29 ans, CPIP, 3 ans d'ancienneté : « La version que j'avais de la formation, c'était deux années de formation en alternance entre les cours à l'ÉNAP et les lieux de stage ; donc, moi, la formation que j'ai eue n'est plus similaire à celle qu'il y a aujourd'hui, donc, pour ce système de deux ans en réelle alternance : en général trois semaines à l'ÉNAP et un mois et demi en stage, je trouvais ça très positif, même si c'était long et l'ÉNAP, loin, de pouvoir voir comment ça se passe sur le terrain et de pouvoir échanger avec les autres stagiaires, de pouvoir parler des difficultés qu'on pouvait rencontrer ». Enfin, un CIP, issu de la douzième promotion, ne connaîtra qu'un seul lieu de stage sans alternance, milieu fermé - milieu ouvert, et avec une quinzaine de jours de retour de pratiques entre pairs. Ces espaces d'échanges pendant la formation ont donc été fortement réduits entre 2006 et 2011, et la culture de la mixité, milieu ouvert - milieu fermé, s'est aussi érodée. Cela n'est pas sans conséquence sur la transmission des valeurs propres au groupe professionnel des CPIP et crée des différences générationnelles au sein de personnes d'ages similaires mais ayant connu un mode de socialisation professionnelle différent : H, 31 ans, CPIP, UGSP-CGT, 4 ans d'ancienneté : « Ça a abouti à des choses bizarres, parce que l'intérêt qui était reconnu d'un système de formation comme auparavant, c'était l'acquisition d'une culture professionnelle qui s'acquérait justement avec ce mécanisme d'acquisition théoriques d'enseignement sur le site de l'ÉNAP : deux stages en établissements en service pénitentiaire d'insertion et de probation en fonction des années ; parfois c'était sur plusieurs sites différents. Il fut un temps où il y avait un stage en maison centrale, un stage en établissement pour peine et un stage en maison d'arrêt et un stage en milieu ouvert, donc, ça, ça s'est perdu~et permettre ainsi d'avoir un retour, un apprentissage d'une culture professionnelle, parce que c'est pas simplement une accumulation de gestes professionnels, de savoirs théoriques, de données techniques sur les aménagements de peine et leurs délais, c'est aussi, à un moment donné, partager une identité professionnelle commune, partager une manière de travailler mais aussi une façon d'envisager le métier, une certaine conception de notre place, de nôtre rôle et de notre positionnement par rapport à la personne ». Le contenu méme de la formation privilégie les cours de droit de l'exécution des peines, les règles pénitentiaires européennes, l'histoire de l'Administration Pénitentiaire et laisse à des intervenants extérieurs les cours relatifs aux techniques d'entretiens et au partenariat institutionnel avec les structures du social, cela sous la forme d'introductions générales : F, 39 ans, CPIP, 12 ans d'ancienneté : '' Mais les cours que j'ai eus à l'ÉNAP, concrètement, ne m'ont pas apporté grand chose, pas de formation dans le champ social, très peu de formation en psychologie, en psychopathologie ni même en criminologie ; on a eu de toutes petites introductions qui étaient très intéressantes mais qui auraient pu être développées, donc, la formation théorique à l'ÉNAP, il y aurait beaucoup de choses à améliorer ». H, 35 ans, CPIP, 3 ans d'ancienneté : « Depuis que je suis titulaire et que je vois les autres personnes en stage, je me rends compte que c'est exactement pareil, voir pire. Je sais pas, c'est comme s'il y avait une volonté de réduire notre métier ; quand même, j'ai l'impression, c'est ce que je disais tout et l'heure, que la formation m'avait permis certaines choses parce qu'on avait tout un tas de cours connexes : ça nous permettait, au fur et et mesure de la pratique, de les relier, de les remettre tous ensemble et d'améliorer notre pratique professionnelle, et tous ces fameux cours connexes, let, ont tendance et disparaître, la formation a tendance et se réduire, autour des lois, des articles du code pénal, tout ce qui est juridique ». Il ressortait déjà, en 2006, que le mode de recrutement des CIP favorisait les profils de juristes au détriment des profils issus des sciences sociales :
Un processus similaire existe chez les surveillants, « la fusion des deux pôles - sciences humaines et droit -, intervenue fin 2002, s'est soldée par la disparition presque totale des enseignements de sciences humaines et un maintien du volume horaire total par le gonflement des cours consacrés à l'« insertion » De tout cela, se dégage le constat que la dimension sécuritaire a progressivement fait pièce aux orientations initiales en matière de formation ». [MALOCHET, 2007, p105]. Aucun des axes majeurs de la Loi pénitentiaire de 2009, à savoir les aménagements de peine et les programmes de prévention de la récidive, ne fait l'objet d'enseignements spécifiques et les premières sessions de formation sur l'animation de groupe de parole n'apparaissent qu'en janvier 2009. Il est déjà reproché, en 2004/2005, à la formation initiale des CIP, des manques concernant surtout « les droits sociaux, les actions partenariales, les techniques d'entretien, la criminologie, la psychopathologie » [LHUILLIER, 2006, p25]. Cette appréhension, plutôt négative, de la formation initiale est une constante chez les personnes interrogées mais ne constitue pas un obstacle à l'acquisition ultérieure d'un véritable professionnalisme par la pratique en tant que jeune titulaire, étayage qui s'effectue couramment. F, 33 ans, CPIP, 3 ans d'ancienneté : « C choses, mais on apprend pas l'essentiel quoi finalement :
par exemple, on a pas de cours sur appris sur le terrain, mais avec le recul, j'ai l'impression de ne pas avoir appris quoique ce soit, je suis peut être un peu dure, mais, j'ai l'imp ression de pas en avoir appris grand chose. Et puis j'ai trouvé que c'est un peu long,
c'était deux ans à l'époque où je l'ai fait,
ça C'est, selon nous, la transmission de valeurs professionnelles et de perceptions partagées du rôle d'un CPIP qui se trouve altérée par ces modes différents de socialisation professionnelle. La construction de l'identité professionnelle semble s'effectuer de manière individuelle et non collective : F, 34 ans, CPIP, SNEPAP-FSU, 8 ans d'ancienneté : « C'est qu'on est pas confronté, en arrivant à l'école, à une professionnalisation qui est que, c'est pas ce qu'on pensait mais on devient ! Pour moi, la question des missions des CIP n'est pas très claire ; déjà, c'est difficile de savoir comment former les gens si on connaît pas leur boulot, j'exagère un peu mais je pense que l'idée de préciser quelles sont les missions du CIP, et à l'intérieur du SPIP, quelles sont les missions des CIP, ça permet de déterminer davantage, sur quel statut professionnel il est, de quelles compétences il a besoin, donc d'organiser une formation en fonction de ça et quelque part on arrive avec une idée de ce que peut être le métier et on endosse un costume, on devient CIP, on n'est pas CIP : on le devient, alors qu'actuellement on se le crée individuellement, ce costume ». F, 42 ans, CPIP, 2 ans d'ancienneté : « Je trouve que la formation est telle que l'on repart chacun avec des bribes de choses, et qu'on construit chacun dans son coin, en s'appuyant sur ses référents de stage, sur des lectures et sur quelques cours ; et chacun, et c'est pour ça qu'il n'y a pas d'homogénéité du tout, à mon sens, chacun construit son métier et son identité alors qu'on a une formation commune dans une même école : y en pas trois écoles, alors qu'il serait assez aisé que le temps de la formation puisse permettre de construire ce fond commun sur lequel on appuie nos pratiques ». Sur le chemin de la professionnalisation, l'enjeu culturel de transmissions de « formes historiques d'accomplissement de soi, des cadres d'identification subjective et d'expression de valeurs d'ordre éthique ayant des significations culturelles » [PAGANINI, 2009] est très partiellement rempli. Il existe, de surcroît, une multiplicité de cadres d'exercices entre le milieu ouvert et le milieu fermé, les grandes équipes structurées en pôle spécialisés, mesure par mesure, et les petits services sur le territoire français de moins de 10 CIP. Cela ne contribue pas à l'unité du groupe professionnel, au-delà de la socialisation professionnelle initiale, vécue de manière individuelle dans la transmission des savoirs. |
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