Introduction de la première partie
Dans cette partie, nous décrirons dans quel contexte
ont été créés les SPIP en 1999 afin de situer
l'action singulière des Conseillers Pénitentiaires d'Insertion et
de Probation dans leur environnement politique et institutionnel. Nous
exposerons également les caractéristiques
sociodémographiques de ce groupe professionnel.
Les Services Pénitentiaires d'Insertion et de Probation
ont ainsi été créés en 1999 alors qu'était
initiée une forte critique du travail social depuis les années 70
(Chapitre 1).
En parallèle, la dangerosité est devenue
progressivement un objet de débat public dans les pays
occidentalisés au cours des années 90. De nombreuses lois ont
été votées en France depuis 2002 pour lutter contre la
récidive des infractions à caractère sexuel tandis que
s'opérait, avec la nouvelle pénologie, un changement profond de
rationalité pénale dans les pays anglo-saxons depuis les
années 80 (Chapitre 2).
Les Conseillers Pénitentiaires d'Insertion et de
Probation de l'Administration Pénitentiaire sont les acteurs de ces
évolutions au quotidien et ont vu leur coeur de métier
profondément modifié depuis 1999. Ainsi, la Loi
pénitentiaire du 24 novembre 2009 consacre l'utilisation massive du
placement sous surveillance électronique, le développement des
programmes de prévention de la récidive et la création de
nouvelles méthodes de travail. (Chapitre3).
C'est une circulaire de mars 2008 qui a posé les bases
de ces évolutions, contestées partiellement lors d'un mouvement
social inédit où les syndicats se sont réunis pour
défendre une revalorisation indiciaire. En découleront un
changement de nom associé à une nouvelle grille indiciaire et une
nouvelle définition des missions des SPIP (Chapitre4).
Chapitre 1 : La création des SPIP dans un
contexte de remise en cause du travail social
Depuis une trentaine d'année, le travail social est
remis en question sous la double contrainte du new public management et des
politiques de décentralisation (1-1). C'est dans ce contexte de remise
en cause du travail social qu'ont été créés les
SPIP en 1999 (1-2).
1-1 Un travail social contesté
1-1-1 Le new public management
Né dans les années 80 dans les pays
anglo-saxons, le new public management concerne un certain nombre de logiques
gestionnaires issues du secteur privé. Les anciennes formes de gestion
des administrations sont considérées comme obsolètes. Dans
une société post industrielle caractérisée par la
globalisation et une économie des savoirs, il existe un décalage
trop important entre la bureaucratie, ses règles et ses
procédures, et la société actuelle [OSBORNE, GAEBLER,
1993]. Cette doctrine du new public management décompose le secteur
public en unités stratégiques organisées par produit
« manageable » [HOOD, 1995]. Une compétition est
introduite « entre organisations publiques mais aussi entre
organisations publiques et privées » [GANGLOFF, 2009].
La crise de l'État Providence, dans un grand nombre de
pays, légitime ces nouvelles perspectives managériales,
malgré des tensions fortes : « l'opposition entre
l'utilitarisme de la stratégie et du marketing et un certain
égalitarisme démocratique apparaît alors flagrante »
[GILBERT, 2004]. Ce bouleversement idéologique s'est
appliqué au cours des années 90 à l'hôpital puis
à l'ensemble du secteur sanitaire et social en France.
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