II.3 ATTRACTIVITE TERRITORIALE ET RECUPERATION
NEOLIBERALISTE
Dans une perspective critique au développement local comme
stratégie de résistance, un courant néolibéraliste
tente de réadapter et de récupérer le développement
local. Les tenants de
46 El-Mously, H-I, in Développement endogène :
Aspects qualitatifs et facteurs stratégiques, Unesco, 1988, Paris, p.
25
47 Raulin. E et all, L'aide au sous-développement, Presses
Universitaire de France, Paris, p.35
48 Bousquet, J., in Développement endogène :
Aspects qualitatifs et facteurs stratégiques, Unesco, 1988, Paris,
p.12
ce courant néolibéraliste critiquent des
politiciens qui font du développement local un outil de gouvernance
démagogique pour susciter et s'assurer du soutien des populations.
Souventefois, le développement local constitue, entre les mains des
leaders politiciens, une solution de la dernière heure, une vision
à long terme piètre, et une planification politique
économique au rabais qui vise à réconforter ceux qui n'ont
pas la capacité de faire face à la concurrence du marché.
En laissant une ouverture trop restreinte sur l'extérieur, les
politiciens affaiblissent la capacité des territoires à minimiser
les effets pervers externes et à profiter des principales
opportunités du marché global49.
Devant ces territoires généralement non
unifiés et passifs, les néolibéralistes pensent que le
développement local, vu comme forme de résistance, n'est qu'un
simple produit de la pensée localiste (au sens péjoratif du
terme), ce n'est qu'une résurgence de l'amour du terroir, d'un
indigénisme camouflé, ce n'est qu'un résidu des
nationalismes décontextualisés et dépassés.
De point de vue des néolibéralistes,
reconnaissant qu'un territoire ne permet aux investisseurs que de le distinguer
et d'évaluer ses potentialités par rapport à d'autres,
priorisent la stratégie de la décentralisation des
responsabilités politiques ou de localisation des activités
économiques. Promouvant la rationalité dans les investissements,
ils priorisent les investissements locaux basés sur
l'attractivité des territoires (ensemble de facteurs attirant les
investissements externes) dont les principaux sont :
i. La situation géographique : Un
espace de localisation idéale est de taille suffisant, coûtant un
prix avantageux, avec la garantie d'extension dans l'avenir.
49 Davezies, L. & Estebe, Ph., L'autonomie politique dans
l'interdépendance économique ?, Pouvoirs locaux No. 72, p. 63
Pour le courant néolibéraliste, territoire et
espace sont synonymes
ii. Le niveau de transport : Un espace à plus de
chance qu'un autre s'il possède un moyen de transport naturel (mer,
grand fleuve) ; s'il est proche des marchés en amont et/ou en aval de la
production, l'investisseur cherche à réduire les coûts de
transport. Car les moyens de transport influent sur la disponibilité, la
qualité et le coût du travail.
iii. Le niveau des infrastructures : Les moyens de
communication (routes, autoroutes, voies d'accès, ports et
aéroports) ; les adducteurs d'intrants (eau, électricité
et gaz); les moyens d'évacuation de déchets. Les infrastructures
ultramodernes (réseaux de téléphonie vocale, de transfert
et d'échange de données informatisées, etc.) sont autant
des facteurs qui déterminent la chance d'un espace d'attirer les
investisseurs.
iv. La qualité de l'environnement : L'espace peut
avoir plus de chance s'il a un charmant cadre de vie en offrant de multiples
divertissements aux personnels expatriés.
v. le dynamisme socio-économique : L'investisseur est
le plus souvent sensible à la présence d'autres entreprises de
services plus ou moins spécialisés, de centres de recherches
universitaires et d'établissements de formation de haut-niveau. Un
espace possédant un entrepreneuriat dynamique, un climat
général favorable aux affaires, peut avoir d'énormes
avantages sur les autres.
vi. Les conditions institutionnelles et sociales : Ces
conditions font référence à la législation
économique et sociale, à la réglementation en
matière d'aménagement du territoire. Elles prennent notamment en
compte l'attitude des autorités publiques, la sécurité
publique, la fiscalité (à charge des sociétés et
des personnes physiques), et les aides publiques.
Toutefois, les facteurs explicatifs de la localisation- dans
la perspective néolibéraliste- ne sont jamais
considérés au même degré, car certains se
révèleront plus importants que d'autres suivant la nature des
entreprises à implanter et l'offre des espaces. Ceci résulte d'un
ensemble des décisions d'investissements dont le contrôle
échappe globalement au milieu d'accueil. L'idée
d'amélioration et d'égalisation des conditions de vie n'est pas
prise en compte. La course des richesses capitalistiques ne fait que continuer,
on assiste encore au niveau local à la prépondérance de la
logique `'humains au service de la croissance économique» et non
l'inverse. En plus, le fait que les territoires régionaux et locaux ne
sont pas tous égaux (quelquesuns se révélant plus
attrayants que d'autres), le développement local
néolibéraliste - en dépit de sa capacité de
renforcer ou de créer la compétitivité des territoires-
aura exacerbé la désarticulation multisectorielle des
régions ou des pays.
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