CHAPITRE IX
OPPORTUNITES ET POTENTIALITES D'UN SYSTEME
DE GOUVERNANCE TERRITORIALE POUR LE DEVELOPPEMENT
CHAPITRE IX : OPPORTUNITES ET POTENTIALITES D'UN
SYSTEME DE GOUVERNANCE TERRITORIALE POUR LE DEVELOPPEMENT
En dépit des vides, des dérives et contraintes
constatées, la question de la décentralisation et du
développement local en Haïti ne devrait être pas mise de
coté. Au contraire, les constats interpellent des actions pressantes et
efficaces afin de consolider et de maximiser les acquis de la
décentralisation dans le pays et de permettre au processus de la
décentralisation de jouer son rôle catalyseur dans la desserte des
services publics, dans la démocratisation à la base, et dans
l'impulsion de la prise en main des territoires de la fabrication de leur
propre développement. Pour ce faire, il importe que les autorités
et citoyens, citoyennes prennent conscience et s'attellent à
neutraliser, sinon à résoudre, certains problèmes
structurels qui ont déjoué et déjouent encore la mise en
oeuvre des meilleures stratégies de développement dans les
Communes. Pour briser les plus coriaces de ces goulots d'étranglement,
il faudra décider de prendre une série de mesures dont les plus
pertinentes sont ci-dessous mentionnées :
IX.1. ÉVALUATION DE LA REPARTITION DES
COMPETENCES ET DES RESSOURCES ENTRE LES COLLECTIVITES TERRITORIALES ET
L'ÉTAT CENTRAL
Comme indiqué dans la première partie de
l'étude, la définition claire des compétences entre les
Collectivités Territoriales et l'État central constitue la
première chance de réussite de tout processus de
décentralisation. Dans le cas d'Haïti, à cause de l'absence
des lois et des règlements internes et de la volonté politique
existe un certain chevauchement des compétences entre les divers paliers
de gouvernement en présence. Par conséquent, il y a une mauvaise
définition des ressources correspondantes; ces responsabilités
vagues ont laissé la possibilité d'engager des fonds à des
projets fantaisistes des ambiances populaires, des campagnes électorales
au profit du gouvernement central, par exemple. Il arrive des cas où des
élus locaux sont transformés carrément en propagandistes
ou en ouvriers de campagne du parti au pouvoir. Des fonds- que les élus
devraient normalement recevoir pour investir dans le développement de
leur territoire- ne sont reçus que sur la base des
conditionnalités politiques en dehors de toute transparence. Par
conséquent, les risques de corruption abondent.
S'il faut contribuer effectivement au développement des
Communes, suivant le voeu de la Constitution de 1987, le budget de la
république devra être effectivement décentralisé
avec les ressources financières qui vont clairement en faveur de chacune
des 140 Communes du pays. A quoi servent des pouvoirs techniques et politiques
sans les moyens matériels et financiers ? Les subventions reçues
de l'État central ne tenant nullement compte des besoins de financement
réels des Communes ne sert qu'à rendre ces dernières
économiquement et politiquement plus dépendantes.
Au plan technique, contrairement au voeu de la Constitution de
la république, les Communes, la Commune de croix-des-bouquets en
exemple, n'arrivent pas bénéficier l'appui des services
techniques déconcentrés de l'État. Ceci, à la fois
à cause du degré avancé de la défaillance de
ceux-ci et de l'ambigüité au niveau de la répartition des
responsabilités respectives.
La mauvaise répartition des compétences et des
ressources contribuent à alimenter l'inaction de certaines
autorités locales qui tentent à se déresponsabiliser en
s'enlisant dans un attentisme sévère des autorités
centrales. Une évaluation et une redéfinition claire des
compétences et des ressources s'avère donc être une
nécessité afin d'une meilleure politique de
décentralisation.
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