INTRODUCTION
Après la longue dictature des Duvalier de 1957 à
1986, pour implanter le pluralisme idéologique et l'alternance
politique, en 1987, les forces vives d'Haïti (secteur privé,
société civile, etc.) se sont mobilisés et engagés
pour doter le pays d'une Constitution qui fait une place
privilégiée à la participation citoyenne, à la
séparation des pouvoirs, à la décentralisation de
certaines compétences et des ressources de l'État
central?. Au regard de cette Constitution, Haïti s'est
dotée d'un État unitaire décentralisé comportant
trois niveaux de Collectivités Territoriales (Départements,
Communes, Sections Communales). Cette poussée à l'implication du
citoyen à la prise des décisions du pays a eu une finalité
triple : la démocratie à la base, la desserte des services
publics, et le développement local.
Cependant, depuis la période de l'adoption de la
Constitution de 1987, Haïti a adopté `'une transition
démocratique qui n'en finit pas», selon l'expression tant
utilisée par Pierre-Raymond Dumas, et s'enlise dans une crise sans
précédent. Elle connaît une décapitalisation
incontestable des ressources matérielles et humaines. Cette descente
effrénée s'explique en grande partie à partir des facteurs
internes comme les violences politiques, l'inflation galopante, les faiblesses
institutionnelles, la croissance démographique incontrôlée,
la répartition inégale des richesses, l'augmentation continue du
chômage et du sous-emploi, sans oublier la dégradation
environnementale.
François Duvalier, le père, a dirigé du
22 Octobre 1957 au 21 Avril 1971. Jean Claude Duvalier, le fils, a
dirigé du 22 Avril au 07 Février 1986.
? Selon le dernier paragraphe du préambule de la
Constitution de 1987, celle-ci est proclamée : `' Pour instaurer un
régime gouvernemental basé sur les libertés fondamentales
et le respect des droits humains, la paix sociale, l'équité
économique, la concertation et la participation de toute la population
aux grandes décisions engageant la vie nationale, par une
décentralisation effective.
Même avec des avancées juridico-légales
dans le sens de la décentralisation comme socle de la refondation de
l'État, dans les faits, l'État haïtien demeure fortement
concentré et centralisé. L'État est à peine
déployé au niveau des Départements, encore moins au niveau
des Communes et des Sections Communales. Par conséquent, Port-au-Prince,
la capitale, s'attire toutes les activités socio-économiques,
politiques et culturelles majeures du pays. L'État, devenu
non-fonctionnel sous le poids de sa concentration et centralisation, laisse la
plus grande partie de ses citoyens, particulièrement ceux du milieu
rural, évoluer dans un marasme économique, dans une
pauvreté absolue pour plus de 56% 1des ménages.
Le séisme qui a frappé le pays le 12 janvier
2010, par le nombre épouvantable des 300 000 morts et autant de
blessés, des 105 000 résidences détruites et de 208 000
autres endommagés2, vient rappeler cruellement le
degré effarant de centralité et de fragilité de l'aire
métropolitaine de Port-au-Prince. En effet, déjà en 1990,
plus de la moitié de la population urbaine du pays était
localisée dans l'aire métropolitaine de
Port-au-Prince3, et ceci n'a malheureusement pas cessé
d'augmenter jusqu'au passage du terrible tremblement de terre.
Devant cet état de fait, les autorités
haïtiennes se disent conscientes qu'il ne faut pas revenir à la
situation d'avant 12 janvier 2010 et qu'il faut à plus forte raison une
valorisation et un renforcement des capacités des Collectivités
Territoriales pour une décentralisation effective suivant le voeu de la
Constitution de 1987. En effet, le nombre des victimes seraient beaucoup
moindre et l'aire métropolitaine de Port-au-Prince serait beaucoup moins
vulnérable si les Collectivités Territoriales avaient une plus
grande capacité de rétention des gens en mettant leurs
territoires en état de prospérer. Ainsi, il va de soi que la
décentralisation pour la démocratie à la base, la desserte
des services publics, et le développement local devient un projet qui
connait une sérieuse remontée dans les débats
sociopolitiques et économiques.
1MPCE, Document de Stratégie Nationale pour la Croissance
et la Réduction de la Pauvreté (2008-2010), Port-au-Prince,
Novembre 2007, p.14
2MPCE, Plan d'action pour le relèvement et le
développement national d'Haïti, Port-au-Prince, 2010 p.7
3 Marc-Urbain Proulx, Territoires, développement et
emplois productifs sur l'espace haïtien, Port-au-Prince, Aout 2000, p.
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Un projet vieux d'environ un quart de siècle, un projet
dont le processus exige beaucoup de mise en oeuvre, va-t-il être enfin
réalisé par un État démantibulé, victime de
la plus grande catastrophe humanitaire du siècle, compte tenu du nombre
des morts, des blessés et des dégâts matériels?
La question ci-dessus, inscrite dans une logique prospective,
ne pourra être satisfaite que dans l'avenir. La priorité de
l'étude est d'abord d'éclairer le présent, ainsi une
logique rétrospective est-elle nécessaire pour investiguer les
causes qui ont empêché le projet de décentralisation
haïtienne d'aboutir depuis près de 25 ans.
A ce sujet, tant dans la presse écrite que dans la
presse parlée, des citoyens et citoyennes avancent que la volonté
de l'État de décentraliser certaines compétences
administratives et politiques n'a jamais été sincère. Des
lois ont été votées sans jamais être
appliquées. Les autorités haïtiennes promeuvent la
décentralisation, mais la mentalité sociopolitique semble
être inchangeable et inchangée. D'autres avancent que
l'État haïtien a tout simplement priorisé les grands projets
dits structurants. La décentralisation en elle-même dans ses
implications à la fois complémentaires et contradictoires serait
incomprise aux autorités haïtiennes. La mobilisation des
énergies et des fonds pour un projet tel que la décentralisation,
qui parait peu utilitaire, serait tout à fait illogique dans un pays
affaissé par la pauvreté et la misère. Cet état des
choses a interpellé des études à la fois théoriques
et empiriques.
Au cours des cinq (5) dernières années, il a
été constaté la publication de plusieurs études
scientifiques sur le développement local et/ou la
décentralisation en Haïti, entre autres : seront signalées
les toutes dernières en date:
`'Le financement de la décentralisation et du
développement local en Haïti», publiée en 2009 par
Frédéric Gérald CHERY4. L'auteur entend
promouvoir un nouveau leadership local qui serait capable de seconder toute une
nouvelle dynamique du développement socioéconomique du pays. Ce
leadership local émergerait à partir des projets de la mise en
valeur et l'exploitation des potentialités locales (sites touristiques,
mobiliérisation des biens du domaine privé et public de
l'État, système d'adduction d'eau potable, etc.) supportés
par des grands aménagements agricoles et industriels dans les grandes
régions du pays.
D'une part, Frédéric G. Chery critique
l'approche de la décentralisation haïtienne qui passe par
l'État, responsable de tous les services publics à offrir, et
exige quasiment rien des citoyens. Ainsi cette approche de la
décentralisation nierait la vie civile et laisse un État sans
interaction avec la société civile. D'autre part, il avance que
le processus du développement local en Haïti devrait, par exemple,
cesser d'épuiser la fertilité des sols en adoptant de nouvelles
normes de valorisation et d'exploitation des ressources, et en promouvant la
formation d'une élite locale porteuse de nouvelles pratiques de gestion
économique et financière. En fin de compte, l'auteur souligne que
le problème du financement de la décentralisation ne s'explique
point par un manque de ressources, mais plutôt par la tradition et le
mode de fondement de l'État qui agit d'en haut sans intégrer la
base.
`'Haïti, État, et paysans : repères pour un
développement local», publié en 2009 par Yves
Sainsiné5. L'auteur a mis l'accent sur le fait que le
développement local ne charrie pas la même compréhension ni
n'envoie aux mêmes pratiques concrètes de développement
selon qu'on se réfère aux structures administratives centrales,
aux structures académiques, ou aux communautés locales. Il a le
mérite de mettre en évidence les différentes
réflexions théoriques sur le développement local. Ces
réflexions sont essentiellement liées à l'empowerment,
à la
4 Chery, Frédéric, G., Le financement de
la décentralisation et du développement local en Haïti,
Henri Deschamps,
P-au-P, 2011, 215 p.
5 Sainssiné, Yves., Haïti, État et Paysans,
repères pour un développement local. P-au-P, Presses Media-Texte,
2010, 190 p
participation et l'intégration dans la gestion du
territoire. Pour mettre en exergue le développement local, il a mis en
exergue trois (3) dimensions qu'il juge essentielles : l'inscription des
pratiques locales dans le long terme, la diversité, et le lien
social.
Dans son étude, Yves Sainsiné a
particulièrement mis l'accent sur la restauration de la dimension
historique et pratique des acteurs locaux. Il a offert un cadre de
compréhension de la vie quotidienne paysanne- où sont
étudiées les stratégies et pratiques relatives au travail,
à la question foncière, l'artisanat, l'agriculture, les
métiers, etc.- afin d'aider les acteurs du développement à
mieux adapter leurs interventions et à maximiser donc leur appui au
développement local particulièrement dans les zones rurales.
`'Gouvernance associative et développement local en
Haïti», publié en 2011 par Fritz Dorvilier6 qui a
démontré sous la base d'une étude de cas, Groupement
Paysan de Belle-Fontaine, que les populations rurales- en s'investissant dans
des associations communautaires- cherchent activement à occuper l'espace
public en vue d'instituer un nouvel ordre local capable de redéfinir et
prendre en charge des problèmes socioéconomiques et politiques
auxquels elles sont continuellement confrontées. A travers son approche
du territoire sociétaire qui lui a permis d'appréhender le
développement local dans une perspective systémique et durable,
il pose la gouvernance associative comme catalyseur et vecteur pour de
nouvelles logiques et pratiques de développement local.
Il est évident que ces écrits approfondissent et
renouvellent la réflexion sur la décentralisation et le
développement local en Haïti. Frédéric G. Chery a
attiré l'attention sur les
6 Dorvilier, Fritz., Gouvernance associative et
développement local en Haïti, Editions de l'UEH, P-au-P, 2011, 255
p. Gouvernance associative se définit comme « un dispositif de
définition, de coordination, de régulation, et d'orientation des
préférences collectives au sein d'une association. Pour ce faire,
les acteurs-militants mettent en oeuvre et développent une
capacité de concertation, de discussion, de problématisation,
d'innovation, de contestation et de restructuration d'un système social
établi, et ce afin de pouvoir prendre le contrôle de son
fonctionnement et de son développement. » Dorvilier, F. Gouvernance
associative et développement local en Haïti, Editions UEH, 2011, p.
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forces dormantes et inexploitées des agents civiles
dans cette société subissant encore tout le poids du militarisme.
Y. Sainssiné a ouvert la voie aux réflexions sur les
métiers locaux nécessaires à l'accroissement et au
management des ressources. F. Dorvilier a pour ainsi dire inversé la
lecture de la question du local en Haïti. Contrairement à
la théorie du pays en dehors dont le point fort est le
repli sur soi des groupements, de la famille des Bossales
devenus paysans, l'auteur souligne la dynamique des paysans- grâce
à un mécanisme d'apprentissage collectif- qui refusent
désormais de s'isoler, de se mettre de côté et envahissent
progressivement l'espace public.
Cependant toutes ces études revues ont laissé
pendantes certaines questions liées directement à la
finalité triple de la décentralisation en Haïti : la
démocratie à la base, la desserte des services publics, et le
développement local. Par exemple, quel mode de répartition de
compétences entre l'État et les Collectivités
Territoriales? Quel est le degré d'efficacité et
d'effectivité de ce mode de répartition des compétences?
La décentralisation facilite t-elle la fourniture des services sociaux
de base ? Les citoyens et citoyennes ont-ils la possibilité et la
capacité à participer dans la prise des décisions ayant
des incidences sur leurs vies (démocratie locale) ? Quels sont les
freins du développement local liés à la
décentralisation? Quelles sont les contraintes de la
décentralisation et du système de gouvernance territoriale pour
le développement? Quel est le degré de cohérence
nécessaire au système de gouvernance territoriale pour impulser
un développement soutenable?
Entre ce qui a été constaté en termes de
travaux théoriques et empiriques sur l'état de la question et ce
qu'il est jugé nécessaire de savoir à propos de la
dynamique entre la décentralisation et le développement local, le
questionnement antérieur a fait ressortir des écarts qui
pourraient se formuler en la question fondamentale que voici: Dans quelle
mesure la décentralisation favorise t-elle le développement local
?
A travers cette théorie, Gérard Barthelemy
entend démontrer que le sous-développement en Haïti n'est
pas lié à une quelconque inaptitude, mais plutôt à
un profond antagonisme entre deux (2) systèmes culturels : Bossales et
Créoles.
Hypothèse, objectifs et but de la
recherche
Compte tenu des réflexions approfondies sur les divers
éléments de la thématique et des résultats des
pré-enquêtes, la réponse présumée se formule
de la manière suivante: la décentralisation- étant
fondée sur le partage des responsabilités et des ressources, et
la participation citoyenne- ne favorise le développement local que dans
la mesure oil elle est pratiquée dans un système de gouvernance
territoriale cohérent.
Cette hypothèse cherche à atteindre des
objectifs spécifiques tels que : (i) démontrer l'importance de la
responsabilisation et la participation des citoyens et citoyennes dans la
fabrication et la coordination de l'action de développement, (ii)
démontrer la nécessité de la disponibilité des
autorités et des cadres formés et motivés pour impulser le
développement local. (iii) Démontrer l'impact de la gestion saine
des services publics sur le développement local. Ces objectifs
spécifiques se poursuivent dans le but d'identifier les conditions
nécessaires pour faire de la décentralisation un levier optimal
de développement local.
Limitation et approches méthodologiques de la
recherche
Comme il n'est pas possible d'investiguer toutes les aspects
de la décentralisation dans cette seule étude, il est aussi
impossible, vu le temps et les moyens nécessaires, de conduire la
recherche dans tout le pays. Pour des raisons d'accessibilité et de
proximité, la Commune de Croix-des-Bouquets a été retenue.
Sur une base chronologique et du point de vue synchronique, l'étude se
limite de Mai 2010 à Février 2011. Cependant la plan diachronique
a été profondément exploité afin de mieux
synchroniser.
Pour accomplir les opérations qu'implique la recherche
et tester l'hypothèse, a été suivie une approche
déductive passant du général au particulier. Les notions
de la décentralisation et des stratégies de développement
ont été revues dans le contexte global, ensuite dans le
contexte
haïtien, et finalement dans le cas précis qui est
la Commune de Croix-des-Bouquets. Ont été effectués une
critique des théories existantes, une analyse de la documentation, des
enquêtes de terrain, etc.
Au début, le chercheur a mené des
pré-enquêtes pendant une (1) semaine afin de resserrer sa
curiosité autour des dimensions signalées par la question de
départ. Le chercheur s'est intéressé aux faits et
représentations relatives aux constats de départ et aux enjeux
dégagés plus haut. Il s'est entretenu avec des interlocuteurs
concernés et intéressés en posant des questions larges et
ouvertes liées avec le développement, la décentralisation
et la gouvernance. Comme résultats, tout un ensemble d'idées
nouvelles ont été acquises et permis de mieux affiner les axes
stratégiques de la recherche. Les pré-enquêtes ont
été un préalable nécessaire pour
l'élaboration et la finalisation de la méthodologie de la
recherche. C'est ainsi que la méthodologie qualitative s'est
révélée la plus approprié e et a été
donc retenue.
Dans un second temps, après avoir consulté des
leaders locaux et pris des rendez vous, le chercheur a démarré
une série d'enquêtes afin d'obtenir des informations de nature
privée en interrogeant des personnes. L'enquête devrait permettre
au chercheur d'appréhender l'identité sociale, la position
sociopolitique et idéologique des personnes interrogées tout en
ouvrant du même coup l'accès aux phénomènes comme
les attitudes, les opinions, les préférences, les
représentations, dans le cadre du développement, de la
décentralisation, et de la gouvernance.
Conformément à la nature de l'hypothèse,
des objectifs de la recherche, et sous la base des pré-enquêtes,
le chercheur a opté pour un échantillon du type non
représentatif7 où sont visées les unités
caractéristiques de la population sous étude. Car il est
préférable d'interroger les personnes que la problématique
en question concerne et des gens donnant présomption d'implication dans
le problème.
7 Kevassay, S., Mémoire de recherche, Vuibert, Belgique,
2003, p. 100-101
Le chercheur a conduit des entrevues de groupes étant
l'une de méthodes d'enquête utilisées pour obtenir des
données auprès des groupes et des collectivités.
L'entrevue de groupe a été essentiellement utilisée pour
appréhender le partenariat entre la société civile et
l'institution municipale, les réactions entre les citoyen(ne)s au sein
de la Commune, etc. Ont été privilégiés et retenus
six (6) groupes déjà constitués tels que groupe de
chorale, groupe de jeunes, associations de base,
Organisations de développement, groupe de
métiers, et groupe de jeunesse. Dans l'ensemble, les
groupes interviewés présentent les caractéristiques
homogènes incluant des individus (entre 18 et 55 ans) de tendances
différentes (voir Annexe I).
Par le fait que les groupes ne sont pas habitués
à ce genre d'activités, pour réaliser les entrevues,
l'expérience professionnelle, la maitrise de la conduite de
réunions, et l'initiation à la dynamique de groupe du chercheur
se sont révélés indispensables.
Le chercheur s'est servi d'un guide d'entretien (voir en
Annexe IV) pour s'adresser aux différents groupes. Tout d'abord, un
nombre de 200 personnes a été visé pour les entretiens,
compte tenu de 41 cas de refus de prendre part aux entretiens et neuf (9) cas
d'absence, dans l'ensemble seulement 150 personnes réparties en six (6)
groupes ont été interviewées sur une période de
deux (2) mois. Le chercheur a opté pour deux (2) types de questions :
des questions fermées qui octroient très peu de choix et de
liberté d'expression à l'enquêté et des questions
ouvertes qui donne libre cours à l'enquêté pour organiser
sa réponse tant du point vue de contenu et de la forme. L'objectif des
entretiens était de faire ressortir la perception et la
compréhension des citoyens et citoyennes de la politique du
développement communal, du mode de gouvernance du territoire, de
l'appropriation locale du développement, etc.
L'entrevue de groupes, étant la principale
méthode d'investigation, a été complétée par
l'observation participante, encore une des méthodes pour étudier
les groupes, les collectivités, etc. L'observation participante a permis
d'aller au-delà de la description des acteurs en situation. Le sens de
la situation, de la dynamique et de l'orientation des acteurs ont
été mis sous
projecteur. La Commune de Croix-des-Bouquets étant le
lieu de résidence du chercheur, cela lui a facilité la
compréhension des significations que les gens se font de la
décentralisation et du développement local. Il a
été donc relativement facile pour le chercheur, se faisant
observateur et participant, de s'intégrer dans la population sous
étude. Au cours de ses observations, le chercheur a tenu un journal de
bord où il consigne régulièrement à la fois les
notes strictement descriptives, qui vont du repérage sur le vif au
compte rendu exhaustif, et ses réflexions personnelles concernant divers
aspects et étapes de la recherche.
Pour traiter les données, une méthode mixte a
été retenue. Dans un premier temps, le chercheur utilise
l'approche quantifiante qui sera complétée par l'approche
qualitative.
L'approche quantifiante est particulièrement
adaptée aux questions fermées. Elle permet en fonction
d'établir des typologies d'individus. Après avoir traité
les réponses l'une après l'autre pour chaque question, les
individus ont été classés ou catégorisés en
fonction de leur appartenance à une ou plusieurs possibilités de
réponse. Les individus sont repartis pour chaque variable donnée
selon les différentes modalités.
Le cadre de l'approche qualitative a privilégié
l'investigation thématique transversale, dans la laquelle un ensemble
des réponses ou données est considéré comme un
tout, générant un corpus d'informations à
l'intérieur duquel est recherché et qualitativement
analysé chaque unité, la présence et le poids de chaque
indicateur à travers le nombre d'occurrences des thèmes,
pensée, idéologie, positionnement ou mot ressenti. Ce travail de
comptage résulte d'une synthétisation et conceptualisation qui
serait explicitées à travers les interprétations.
Comme structure, la recherche est divisée en trois (3)
grandes parties subdivisées en neuf (9) chapitres:
qui a été largement favorisé par la
globalisation, étant une des étapes charnières du
capitalisme. Les principales stratégies du développement ont
été revues dans leurs différences et
complémentarité, dans leurs filiations et ruptures notamment avec
l'idéologie néolibéraliste. La notion de
décentralisation, à son tour, est étudiée à
la fois comme instrument de développement local et composante de tout
système de gouvernance territoriale.
Dans la deuxième partie du travail, sont
reconsidérées dans le contexte haïtien, les notions
développement local et décentralisation, en tenant compte de la
culture sociopolitique et institutionnelle du pays.
La troisième et dernière partie permet
particulièrement de procéder à l'objectivation empirique
de la recherche. Est présentée toute une sociographie de la
Commune de Croix-desBouquets qui met également en évidence les
potentialités et contraintes de celle-ci par rapport au
développement communal et à la décentralisation. Dans
cette partie, sont notamment présenté et discuté les
résultats conduisant à la conclusion de la recherche, et est
particulièrement traitée la congruence des hypothèses et
de la réalité empirique tout en ébauchant des
réflexions à visées pratiques.
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