III.5- DYNAMIQUE DU SYSTEME DE GOUVERNANCE POUR LE
DEVEVELOPPEMENT LOCAL
Etymologiquement, les deux mots « gouvernance » et
« gouvernement » sortent du latin « gubernare » et
du grec « kubernân », pour signifier « pilotage
des navires ». « Gouvernance » est utilisé en Europe vers
le 13ème siècle dans le sens de `'art ou manière de
gouverner. Aujourd'hui, les deux termes ne recouvrent plus le même sens.
Gouvernance est réutilisée au 18ème siècle
par les philosophes des Lumières, pour évoquer l'ambition de
l'association d'un type de gouvernement éclairé qui respecte les
intérêts et les valeurs du peuple.
D'un autre coté, le terme anglais governance
est utilisé au 14ème siècle pour évoquer le
partage du pouvoir entre les différents corps constitutifs de la
société anglaise. Depuis le terme governance tombe en
désuétude avant d'être ressuscité par les
économistes pour faire référence à l'ensemble des
dispositifs mise en place par les entreprises pour mener des coordinations plus
efficaces que le marché. Vers les années 80 dans le milieu
anglo-saxon, corporate governance se traduit par gouvernement ou
gouvernance d'entreprise, qui évoque la ferme volonté des
actionnaires pour prendre part à la direction des entreprises. La notion
de « gouvernance mondiale » ou global governance est
employée dans le champ des relations internationales pour traduire
l'ensemble des règles Communes mises en place pour parvenir à une
régulation structurée de la planète.
Dans la foulée de la mondialisation et devant la
nouvelle complexité économique, sociale et politique
créée par l'émergence de nouveaux acteurs (secteur
privé, société civile) et par l'interdépendance des
différents niveaux de coordination (local, national, international), les
formes traditionnelles de gouvernement se sont révélées
incapables à coordonner les actions collectives. Ainsi et les
États centraux et les Collectivités Territoriales sont remis en
cause par rapport à leur gestion de la chose publique. C'est dans ce
contexte et en réponse à cette nouvelle complexité
croissante, que le terme gouvernance dans son acception à la
fois économique et politique a émergé dès les
années 80 pour symboliser la nouvelle manière par laquelle le
pouvoir est exercé dans la gestion des ressources économiques et
sociales d'un pays au service du développement.
La notion de gouvernance telle qu'il est comprise dans le
discours des institutions internationales comprend l'État, le secteur
privé et la société civile, comme nouveaux acteurs dans la
conduite des actions publiques, même si d'aucuns ne distinguent pas le
secteur privé de la société civile. Devant le constat de
l'incapacité des États dépassés du Nord et des
États affaissés ou remaniés du Sud à
résoudre les problèmes de société de toutes sortes,
les institutions internationales brandissent la société civile
comme à la fois échappatoire et souffle de redressement aux
pouvoirs publics. Dans ce cas, la société civile comme notion est
généralement évoquée comme si elle
référait à une réalité ou une
compréhension homogène. Ainsi est t-il est courant de constater
des groupes antagoniques se réclamer de la société civile.
Parlent t-ils le même langage ? Partagent t-ils les mêmes valeurs?
Ont-ils les mêmes intérêts?
En effet, des groupes se réclamant de la
société civile poursuivent des objectifs apparemment
inconciliables, et utilisent mêmes des méthodes autodestructrices
pour la consolidation des intérêts propres.
De nos jours, les ambigüités que charrie la notion
de société civile tendent à confondre sinon à
décontenancer la notion de pouvoirs publics qu'on croyait pourtant
précise. Les champs de responsabilité de la société
civile et les pouvoirs publics ne sont plus précis ou
définitivement arrêtés. Par une certaine montée ou
résurgence de la société civile, celle-ci tente de
concurrencer les pouvoirs publics, les édictent le comportement à
suivre ou tout bonnement les remplacer. Pourtant les pouvoirs publics
résistent en utilisant leurs forces et/ou leur légitimité
pour consolider les acquis et/ou reconquérir leurs anciennes
attributions. Ainsi la guerre est entre les deux camps est-elle froidement,
mais sévèrement, lancée. Mais au-delà des rapports
de tensions qu'ils connaissent, la société civile et les pouvoirs
publics ont entretenu et entretiennent encore des relations inséparables
qui ne datent pas d'aujourd'hui.
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