III.4- PRINCIPES DE REPARTITION DES COMPETENCES ENTRE
LES ECHELONS DE GOUVERNEMENT
Le point de départ de toute politique de
décentralisation est la définition claire des compétences
au sein de divers niveaux de l'administration publique. Cette politique
détermine qui, de l'autorité centrale ou des autorités
locales, est mieux placée pour exercer telle ou telle compétence
sous peine d'avoir des résultats contraires. Car toute mauvaise
définition des responsabilités provoquera une mauvaise
définition des ressources correspondantes ; des responsabilités
vagues conduiront les autorités locales à s'investir dans des
projets fantaisistes ou populistes à des résultats à court
terme plutôt que dans de projets durables ayant un impact positif sur les
conditions de vie des citoyens. Toute mauvaise définition des
compétences provoquera immanquablement une dilution des
responsabilités.
Les principes pour la répartition des
compétences entre l'État central et les collectivités
établis par les Institutions International (dont l'ONU, l'OCDE) de
manière fondamentale stipulent que : (i) doivent être
décentralisées toutes les activités de proximité,
celles qui visent à satisfaire des besoins locaux ou/et qui font appel
à des sources d'information ou des acteurs locaux pour leur mise en
oeuvre ; (ii) doivent rester au niveau central celles qui mettent en cause
l'indépendance du pays, l'environnement général des
personnes ou des principes fondamentaux comme l'égalité devant la
justice.
Tableau III: Critères de
(dé)centralisation
Critère
|
Décentralisation
|
Centralisation
|
1
|
Préférence(s)
|
Hétérogène(s)
|
Homogène(s)
|
2
|
Économie d'échelle
|
Non
|
Oui
|
3
|
Effets de débordement
|
Non
|
Oui
|
4
|
Effets d'encombrement
|
Oui
|
Non
|
5
|
Coûts de décision
|
s'ils augmentent en fonction de la taille du
groupe
|
s'ils baissent en
fonction de la taille du groupe
|
Source : Auteur
1- Dans un pays où il y a des communautés
partageant des préférences hétérogènes par
rapport à un ou un groupe de services, le niveau de la qualité
des services peut être plus efficace si les autorités locales de
chaque communauté se trouvent responsabilisées avec les
ressources qu'il faut pour adapter la desserte des services en prenant en
compte les particularismes locaux. Les préférences
homogènes, c'est-à-dire les préférences supra
communautaires, peuvent être prises en compte par le niveau
supérieur de gouvernement.
2- Le critère d'économie d'échelle
correspond à la baisse du coût unitaire d'un produit qu'obtient
une entreprise en accroissant la quantité de sa production. Il s'agit
d'économie d'échelle si chaque bien produit coûte moins
cher à produire lorsque les quantités
produites ou vendues augmentent. En présence
d'externalités techniques et d'économies d'échelle, la
centralisation devient nettement plus efficace que la
décentralisation.
3- Le critère de
débordement concerne les externalités territoriales positives
s'agissant d'effets de débordement qui constituent les effets qu'une
décision d'un territoire A, de fournir un service collectif, pourraient
avoir sur les agents résidant en un territoire B, sans que ces derniers
ne participent au processus de décision et au financement du service en
question. Les effets de débordement peuvent être positifs ou
négatifs. On distingue :
· L'effet de débordement de production
intervient lorsque la production dans un territoire A provoque des effets
sur les autres territoires limitrophes sans que ces dernières aient
participé à la décision ou paient une partie du
coût.
· L'effet de débordement de consommation
intervient lorsque, un bien produit par le territoire A, peut être
consommé par des résidants des territoires limitrophes qui se
déplacent en A pour bénéficier de la prestation sans payer
et sans qu'il soit possible de les exclure.
Donc, les services à effets débordant deviennent
plus efficaces s'ils tombent dans les champs de compétences du niveau
supérieur de gouvernement.
4- L'inverse de l'effet de débordement est l'effet
d'encombrement qui constitue celui des externalités territoriales
négatives. Pour exemplifier les effets d'encombrement, Dafflon et Madies
se servent des mouvements pendulaires entre territoires permettant aux dits
pendulaires de bénéficier des services du territoire de
destination. Si la qualité de la consommation d'un service collectif
dépend du nombre des consommateurs, leur surnombre peut causer, à
partir d'un seuil, un encombrement coûteux. L'encombrement entrainera une
perte pour le territoire producteur si les pendulaires ne tiennent que des
coûts moyens, sans tenir compte des coûts
marginaux que leur passage provoque et que les membres du territoire d'accueil
doivent subir. En cas d'encombrement, il serait mieux que chaque territoire
prenne en charge la demande de ses membres qui bénéficieraient du
même niveau de service sans entrainer le déficit pour les autres
territoires.
5- Pour une population donnée, la structure optimale
du secteur public serait la division en autant de séries de groupes, et
de dimensions qui exigerait l'offre de services collectifs locaux. Chaque
série garantirait une correspondance parfaite entre la dimension
économique du service collectif et la dimension du groupe qui en
assumerait la responsabilité budgétaire, le maillage fonctionnel
serait alors identique au maillage institutionnel. Cependant, l'adhésion
d'un utilisateur à une multitude de groupes (en fait : autant de groupes
dont qu'il consomme au moins un service collectif) entraînerait des
coûts élevés de décision, parce qu'il devrait
participer à autant de processus de décision que l'organisation
de l'offre de services collectifs requiert. Parmi ces coûts, on
mentionnera:
· les coûts d'élection des organes
exécutifs de chaque groupe;
· les coûts administratifs d'organisation et de
gestion de l'offre;
· les coûts de l'information des participants qui
décideraient des budgets.
Par exemple, un consommateur bénéficiant 50
services collectifs, il devra effectuer 50 fois la même démarche,
qui consiste à s'informer sur le fonctionnement de chaque institution
délivrant un service collectif. En d'autres termes, l'utilisateur
appartenant à autant de «clubs« qu'il consomme de service
collectif. Il se trouve dans une position qui rend impossible une participation
active aux décisions. Pour faciliter, on pourrait confier à un
seul groupe les tâches qui exigent approximativement une même
dimension. Le groupe, de dimension n'offrirait pas qu'un seul service, mais un
panier de trois services collectifs. Le consommateur n'aurait alors à se
préoccuper que d'une seule procédure de décision au lieu
de plusieurs.
|