Selon Ramade (1982) le problème de pollution n'est pas
un phénomène récent ou accidentel, mais il compte en
réalité parmi les plus antiques. Ses origines remontent aux
époques préhistoriques lorsque se constituèrent les
premières cités, avec leurs ruisseaux d'écoulement des
effluents domestiques. Depuis ces temps reculés on peut affirmer que la
pollution a toujours sévi. Mais quoi qu'il en soit, les pollutions
demeurèrent des plus limitées dans leur nature et leur
étendue jusqu'à l'avènement de la civilisation
industrielle. En effet, les données de la technologie moderne
confèrent aujourd'hui aux problèmes des émissions de
foyers industriels ou domestiques, comme à celui des eaux usées
une ampleur sans précédent.
Tous ces problèmes résultent de la
création par l'homme des déchets qu'il ne cherche pas à
éliminer ou ne sait pas recycler. Tandis que population et pollution
croissent de façon ininterrompue, le pouvoir auto épurateur du
milieu naturel suit une évolution inverse en fonction du temps, vers sa
saturation sinon vers sa neutralisation complète.
La technologie moderne a permis, grâce à
l'automation et divers autres progrès dans les méthodes de
fabrication, une expansion continue de la production industrielle. Non
seulement notre civilisation accumule de ce fait des masses énormes de
déchets, mais elle élabore une multitude de substances
minérales ou organiques non biodégradables, voire
indestructibles. Elle a de la sorte perturbé un des mécanismes
essentiels du fonctionnement de la biosphère : l'échange ou
plutôt la circulation permanente d'éléments entre les
êtres vivants et le milieu inorganique.
La demande en eau va croissante, mais elle est encore
largement fonction du degré de développement. Il convient de
distinguer l'eau prélevée et l'eau véritablement
consommée et perdue. Il convient surtout d'examiner l'état dans
lequel elle est restituée. En effet, l'Homme rejette dans les eaux de
surface, les déchets de toute nature liés à sa vie,
à ses activités. L'eau des rivières reçoit ainsi
des déchets domestiques, des déchets industriels et des
déchets agricoles.
Rejets domestiques
Ils proviennent des activités humaines de tous les
jours : bains, excréments, préparation des aliments, lessive et
vaisselle. Les eaux usées domestiques sont divisées en eaux
vannes et eaux ménagères. A travers ces activités l'homme
rejette d'une part des pollutions biologiques, urinaires et fécales.
L'urine apporte le Cl-, K+, Na+ et surtout les
matières organiques telles que l'urée, l'acide urique, la
créatine et autres. En anaérobiose, l'urée se transforme
en azote ammoniacal (NH4 +) (Radoux et al, 1991).
L'homme introduit également dans les eaux usées
des produits chimiques divers : détergents, huiles qui retardent l'auto
épuration des cours d'eau (Leroy, 1999)
Rejets industriels
L'eau, fluide porteur, solvant et diluant sert à
évacuer les déchets des industries. La pollution provient :
· de pertes en matières premières dans les
eaux de lavage (industrie laitière...) ;
· d'élimination de produits de dégradation
accompagnés souvent de matières premières. L'industrie
chimique utilise en moyenne 200 à 600 tonnes d'eau pour fabriquer une
tonne de produit, 10 l sont nécessaires pour raffiner 1 l de
pétrole, 250 000 l pour fabriquer une tonne de pâte à
papier (Veyret et Pech, 1993) ;
· de pertes en réactifs, incomplètement
épuisés ou fixés (industrie de textile et de traitement
des surfaces...);
Ainsi de nombreuses industries rejettent dans les eaux de
surface des substances persistantes : Chrome, mercure...Les industries
agroalimentaires polluent les eaux en substances nutritives. Les produits de
conditionnement des eaux de refroidissement
notamment les polyphosphates et le chrome hexavalent
entraînent une pollution des rivières au niveau du rejet dans le
milieu naturel (Guérin et Thomazeau, 1985).
Rejets agricoles
L'agriculture a recourt à des produits chimiques :
pesticides, insecticides, désherbants, destructeurs divers de parasites
des plantes, des engrais azotés. Les engrais azotés sont source
de nitrates dont l'augmentation qui peut être lente et
irréversible est une donnée fondamentale de la pollution des eaux
de ruissellement et des eaux souterraines (Commoner, 1970).
Une mauvaise pratique culturale entraîne des
dégradations environnementales dues à la sédimentation
dans les cours d'eau ou dans les barrages (Sharma et al, 1996).
Autres rejets
Il s'agit des effluents des installations à
caractère collectif telles que les casernes, les hôpitaux, les
marchés, les écoles, les hôtels et les bornes fontaines.
Par ailleurs certains riverains rejettent directement dans le
cours d'eau des déchets ménagers et matières solides de
toutes sortes : bouteilles, vieilles bombes aérosols, vieux appareils
électroménagers, carcasses de véhicules,
céramiques, métaux inoxydables et autres (Aka, 2002). Ces rejets
libèrent dans l'hydrosphère des polluants parfois dangereux tels
que le fréon ou le chlorofluorocarbone, certains métaux lourds,
les radionucléides. Il faut noter que le mercure minéral peu
toxique à l'état métallique est transformé par les
bactéries benthiques en méthyle mercure de toxicité
redoutable (Aka, 2002). Ces déchets entraînent des pollutions
minérales, organiques et physiques des cours d'eau.