1.7- Toxicologie du paracétamol :
1.7.1- Prévalence :
L'incidence de l'intoxication au paracétamol au cours
des vingt dernières années est de 2 à 7% du total des
intoxications médicamenteuses en France au moment ou elle atteint un
taux de 48% au Royaume Uni (BRES et al, 2009).
En Algérie, le Centre Antipoison a enregistré,
en 2008, six cas d'intoxication au paracétamol parmi les 3021 cas
d'intoxications médicamenteuses (ANONYME, 2008), soit un taux d'environ
0,2%.
1.7.2- Circonstances :
L'intoxication au paracétamol est de plus en plus
fréquente, et pour cause l'autoprescription (automédication).
Dans ce contexte, elle est involontaire, la plus
fréquente, et due en général à des accidents
domestiques (enfants croyant aux bonbons) ou thérapeutiques (erreurs de
posologie et/ou de prescription).
Dans d'autres contextes, elle peut être volontaire et
servir la poursuite d'un but suicidaire ou d'un but criminel. Néanmoins
ces derniers contextes sont très rares du fait même de la
difficulté de réalisation de cette intoxication.
1.7.3- Mécanisme d'action toxique :
Le « N-acétyl-p-benzoquinone-imine »
(NAPQI) est un métabolite potentiellement toxique qui doit sa
toxicité à sa capacité de se lier de façon
covalente aux protéines hépatiques (LXR, ChREBP,...etc.)
d'où résulte une lyse hépatocytaire (ASFAR, 2010).
Il est le produit de la transformation du paracétamol
par les mono-oxygénases à cytochrome P-450 au niveau du foie.
A doses thérapeutiques, le NAPQI produit à raison
de 7% de la dose de paracétamol ingérée, est facilement
neutralisé par le biais de sa conjugaison au glutathion disponible au
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niveau du foie. Par conséquent, ses liaisons aux
protéines intracellulaires sont limitées et leurs
conséquences amorties.
A doses toxiques, les quantités de glutathion
disponibles ne sont plus suffisantes relativement aux quantités de NAPQI
produites du fait d'importantes quantités de paracétamol dans le
foie mais aussi du fait de l'induction des mono-oxygénases à
CYP-2E1 (Figure 9).
Figure 9 : diagramme représentant
l'importance relative qu'acquiert la voie oxydative dans
le métabolisme du paracétamol lors d'une intoxication,
d'après SERAIFI et al (2007).
Il s'en suit donc une accumulation de ce métabolite au
niveau du foie et ses effets néfastes pour cet organe deviennent
proportionnellement perceptibles et de plus en plus importants.
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1.7.4-Formes ciniques :
La toxicité du paracétamol s'exprime en
général de manière aiguë, mais il arrive qu'elle
s'exprime à long terme ou de manière chronique (KUPFERSCMIDT,
2004 ; SERAIFI, 2007).
La toxicité aiguë du paracétamol
résulte de l'absorption d'une forte quantité en une seule prise
ou en plusieurs mais à intervalles entre les prises très
rapprochés (PELLISSIER et VIEL, 2000).
Dans la toxicité chronique, se manifestant de
manière tardive, la majorité des cas enregistrés sont le
plus souvent des personnes à risque (personnes alcooliques,
dénutries et/ou sous certains traitements médicamenteux) et ayant
consommé 5 à 6,5g de paracétamol par 24 heures et ce
durant une période atteignant 6 à 8 semaines (LANE et
al, 2002).
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