3.3.2.3. Systèmes d'élevage des petits
ruminants : ovins (SE5) et caprins (SE6)
Des ovins existent au village mais leur élevage se
révèle très difficile, situation aggravée surtout
avec la recrudescence des vols. Néanmoins certains disposent d'un
cheptel important surtout au niveau des peuls. En effet chez ces
éleveurs le travail est bien organisé et l'élevage d'ovins
est confié aux enfants (en général non scolarisés)
à tours de rôles pour trois jours. Les caprins sont à la
charge des femmes dont la majeure partie constitue leur capital quand bien
même certains animaux appartiennent exclusivement à la famille.
Le mode de conduite diffère peu. Les ovins
reçoivent plus de soins du fait qu'ils sont destinés de facto
à la vente et à l'utilisation lors des fêtes musulmanes
où l'achat se trouve être groupé. Les caprins sont au
piquet et sont vendus en cas de nécessité (dépense
surprise, santé, scolarité,...). La vaine pâture est le
mode le plus observé en saison sèche car il n'existe pratiquement
pas de complémentation, l'élagage étant rigoureusement
contrôlé par les agents forestiers. En hivernage les caprins sont
à la corde. Les ovins sont conduits avec le bovin dans zones les
parcours. Notons que les ovins sont très rarement conduits au sud lors
des transhumances car les bergers refusent du faite de la difficulté de
conduites.
La première mise-bas chez les caprins est de 10 mois,
le bouc pouvant débuter la reproduction dès 3 mois. Les
mâles reproducteurs sont réformés dès l'âge de
5 ans et les femelles non vendues sont réformées dès 8
ans. Chez les ovins seul le géniteur n'est pas vendu et il est
gardé pendant deux ans. L'âge de reproduction des mâles est
de 4 à 5 mois tandis que chez les femelles la première mise-bas
débute dès 6 mois. La réforme des femelles d'ovins est
variable et débute le plus souvent dès la 5ème
année. On assiste très souvent à des gestations
groupées en début hivernage (mois de juin). Les avortements sont
en majorité dus à la qualité de l'eau et dans ce cas la
mortalité peut aller de 10 à 30 % des adultes. Les mâles
sont vendus dès l'âge de 10 à 12 mois.
3.3.2.4. Systèmes d'élevage axés sur
les bovins Cas particulier des boeufs de traction (SE7)
C'est un élevage particulier qui se pratique dans la
majorité des familles disposant de plus d'une paire mais les cas les
plus fréquents sont les animaux confiés. En effet les familles
Bwaba embauchent en général un petit Dagari qui est chargé
de conduire les boeufs de traits moyennant 6000 f CFA par mois. Les bergers
peuls regroupent en général plusieurs boeufs de
propriétés différentes parmi lesquels on retrouve souvent
des femelles (élevage naisseurs).
L'acquisition de boeufs de traits répond à un
besoin de l'exploitation agricole et du capital social. Les producteurs
accordent une importance à la race lorsqu'ils achètent les jeunes
boeufs de deux ans environs. Certains estiment que les métissent
présentant un meilleur aspect physique et peu exigeant en aliment
fournissent les meilleurs performances en travail et vieillissent moins. Mais
en général les types métissés sont peu
rémunérateurs à la réforme. D'autres
s'intéressent par contre aux zébus pour obtenir de meilleurs prix
à la reforme. D'autres enfin n'achètent qu'en fonction des
finances qu'ils disposent au moment de l'achat. Le prix d'achat est aussi
fonction des relations existant entre les deux parties mais le prix minimal
pour un mâle de deux ans est de 70000 f CFA.
La majorité des animaux sont fournis par les
éleveurs peuls de Gombèlèdougou ou des villages
environnants ou à défaut par des transhumants.
Le dressage commence dès 2 à 2,5 ans en faisant
la pause de l'anneau nasal mais tout le processus de dressage n'est pas
respecté à la lettre. Ensuite l'animal est attelé à
la charrette avec un autre déjà dressé pour lui permettre
de suivre le pas. Enfin il est attelé à la charrue dès le
début de l'hivernage avec l'animal dressé. En
général, tous les producteurs procèdent ainsi pour dresser
le boeuf nouvellement acquis avant de réformer les plus
âgés qui ont pratiquement 7 à 10 ans en fonction de
l'appartenance. En effet il ressort que les Mossés réforment plus
tôt pour avoir des meilleures offres tandis que les Bwaba
réforment tardivement et voient leur profit diminuer. Ainsi le prix
à la reforme est d'au moins 225000 lorsque l'animal est
réformé tôt.
L'alimentation des boeufs de trait est le facteur qui
conditionne la bonne conduite de l'hivernage. En effet beaucoup d'animaux
présentent en mai un état de fatigue faute d'alimentation
conséquente et ne peuvent donc supporter les travaux à sec dans
les champs. Ainsi certaines familles fournissent un complément
alimentaire en tourteau de coton mais à des quantités minimes
cars il ressort qu'un apport important entraîne un engraissement qui
devient également néfaste pour l'animal.
Le système pastoral des éleveurs
transhumants (SE9)
L'élevage bovin proprement dit se présente ainsi
que le montre la typologie évolutive comme la deuxième
activité source de capital incontestablement plus élevée
que celle de l'agriculture. Les grands éleveurs disposent d'un cheptel
important (en moyenne 5 troupeaux) et pratiquent la transhumance faute d'eau et
de ressources alimentaires conséquentes sur place. Du coup il y'a une
faible restitution de la matière organique. Ces éleveurs ont
recours à la main d'oeuvre, le berger, en fonction du nombre de troupeau
qu'ils disposent. Ainsi pour un troupeau (plus de 70 boeufs) il faut en plus du
propriétaire un berger payé à 10000 f CFA par mois pour un
contrat qui dure au moins 6 mois. Le plus souvent un taurin de deux ans est
donné en lieu et place de la somme d'argent ; à défaut une
génisse de même âge est donnée. Le déplacement
vers le sud-ouest débute en début février et dure trois
mois. Il concerne la majorité du troupeau et seules les vaches devant
alimenter la famille en lait restent. Ce déplacement suit la
localisation des points d'eau et tient compte des éventuels foyers de
maladies. Le propriétaire du troupeau joue le rôle
d'éclaireur. Au cours du trajet des compléments en sel et
tourteau sont donnés surtout aux femelles ayant mises bas. Le retour en
fin avril ou début mai se fait pour éviter au maximum la
confrontation avec les agriculteurs de ces zones. Notons que le couloir
pastorale est pratiquement inexistant parce que occupé par les
agriculteurs au regard de l'enrichissement du couloir en matière
organique. De retour l'espace devient une contrainte majeure au village. Ainsi
la majorité des ces éleveurs se ruent sur la forêt de la
Mou avec pour argument d'éviter les affrontements. Ainsi beaucoup de ces
éleveurs avancent qu'ils préfèrent les sanctions
infligées par les agents forestiers qui s'élèvent au
minimum à 200.000 f CFA. Aussi les femmes peules sont obligées de
se déplacer jusque dans la forêt pour traire le lait
destiné à la vente en hivernage. Cette production laitière
n'est pas une priorité mais une vache fournie en moyenne 2 litres de
lait par jour mais en saison sèche cette production n'est que de 0,5
litre par jour pour les vaches gardées sur place.
Il ressort également de nos entretiens que la
fréquence de mise bas est plus élevée pour les boeufs
en transhumance que ceux restant sur place regard au régime alimentaire.
Ces animaux
bénéficient de l'herbe fraîche sur une grande
période de l'année contrairement aux animaux qui restent sur
place.
Très peu d'animaux sont vendus au village hormis les
boeufs de traits. En effet le déplacement au sud-ouest permet de
rejoindre la frontière de la Côte d'Ivoire voire la Guinée
Conakry pour des ventes conséquentes mais cette vente se fait en
réalité avec les batailleurs qui suivent les mêmes
itinéraires.
Le système pastoral des éleveurs
sédentaires (SE8)
Il s'agit des éleveurs ayant à peine un troupeau
ou en charge un troupeau soit confié soit un rassemblement des boeufs
confiés formant ainsi un troupeau. Ce type d'élevage concerne les
boeufs de parcours qui présente un aspect physique maigre surtout en
saison sèche, ce qui pousse les bergers à tricher quelque fois en
rentrant de façon nocturne dans la forêt pour alimenter les
boeufs. Cette pratique s'observe même en hivernage du fait que les
jachères sont devenues rares tandis que la forêt fournit un
potentiel important. Seulement en cas de prise en flagrant, c'est le
propriétaire qui supporte la charge des sanctions. Le manque crucial
d'eau est un facteur contribuant fortement à une faible reproduction des
boeufs de ce type d'élevage. En effet, les avortements sont
fréquents dus aux eaux boueuses. La reproduction est donc
irrégulière. Toute fois certaines vaches arrivent à
respecter une naissance tous les 18 mois.
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