B- La structure du commerce extérieur du Tchad depuis
2006
La structure reste inchangée jusqu'à nos jours,
ses exportations se basent toujours sur trois (3) produits primaires : le
pétrole (85,7% des exportations nationales), le bétail (7,4 % des
exportations nationales), le coton fibre (2%) et dans une moindre mesure la
gomme arabique et les autres produits agricoles dans la sous-région et
le reste du monde. Bref sa consommation dépend de plus en plus de
l'extérieur.
1. Nature des produits échangés
Il s'agit dans cette partie de voir la nature des produits
importés et les produits exportés.
1.1- Nature des produits exportés
Pays essentiellement importateur de par son enclavement
géographique, le Tchad regorge pourtant d'un potentiel indéniable
à l'exportation. Les principaux produits à l'exportation
susceptibles de connaître un potentiel accroissement sont notamment la
gomme arabique et le bétail. En ce qui concerne la gomme arabique dont
le Tchad figure en deuxième position des pays producteurs
derrière le Soudan, les perspectives sont réjouissantes.
Aujourd'hui, le Tchad continue à exporter du
bétail en raison des vastes pâturages dont bénéficie
exceptionnellement ce pays, ainsi que d'autres produits tel que les peaux, du
niébé, les oignons. Le tableau ci-dessous nous montre
l'évolution des exportations du Tchad de 2006-2008.
Tableau 3 : Evolution des exportations du Tchad de
(2006-2008).
Années(en milliards de FCEA
|
2006
|
2007
|
2008
|
Bétail
|
267
|
264
|
272
|
Coton
|
44
|
36
|
41
|
Gomme arabique
|
14
|
15
|
15
|
Autres
|
51
|
56
|
63
|
Total des exportations hors pétrole
|
376
|
371
|
391
|
Tableau 4 : Evaluation des exportations en pourcentage %
(2006-2008)
|
2006
|
2007
|
2008
|
Bétail
|
71
|
71
|
70
|
Coton
|
11
|
10
|
10
|
Gomme arabique
|
4
|
4
|
4
|
Autres
|
14
|
15
|
16
|
Total
|
100
|
100
|
100
|
Source: Autorités tchadiennes, base de données des
Perspectives de l'économie mondiale du FMI. Rapport février 2009
:
Les volumes d'exportations ont progressé pendant
quelques années mais ont ensuite reculé (voir Tableau 5&6).
En termes de PIB, les exportations non pétrolières atteignaient
environ le niveau de 20% en 1994 et 19% en 2008. Le bétail et le coton
sont les principaux produits d'exportation non pétroliers du Tchad.
L'importance relative du coton est en baisse alors que celle de la gomme
arabique est en net progression.
Quant au bétail dont le Tchad peut se targuer
d'être le premier producteur dans la sous région CEMAC, il
suffirait de maîtriser le circuit de commercialisation qui
échappe, pour
22
l'heure, en grande partie aux statistiques commerciales.
Qu'à cela ne tienne selon notre analyse, le secteur de l'élevage
a un fort potentiel d'exportation dans l'avenir. A ces produits d'exportations
s'ajoutent aussi l'arachide, les peaux de bête et la cigarette.
Il convient aussi de ne pas perdre de vue que depuis octobre
2003, le Tchad a fait son entrée dans le cercle des pays exportateurs du
pétrole. Sa production qui d'après les experts durera environ 30
ans, est estimée à 80 millions de barils par an à partir
de 2009. L'exportation commerciale des gisements pétroliers de Doba dans
le sud du pays à partir des années 2003 a un impact profond sur
la vie économique.
Les activités commerciales sont supposées
endogènes et fortement déterminées par la conjoncture
générale, qui dépend essentiellement de la production
agricole et des prix payés aux producteurs du coton. Le coton constitue
une source marginale de revenu pour l'Etat, dans la mesure où les
coûts de transport vers le port de Douala sont assez élevés
réduisant fortement la compétitivité du coton tchadien.
Une taxe trop importante à l'exportation mettrait en péril
l'équilibre de la filière. La filière du coton est en
repli (-50% de la production en deux ans) ; elle pourrait être mieux
soutenue, notamment en raison du facteur d'équilibre social qu'elle
représente dans le sud du pays.
2.1- Nature des produits importés
Comme dans les années 2004 et 2005, les importations en
combustibles minéraux, huiles minérales constituent la part la
plus importante du total des importations. Elles représentent 13 % de
l'ensemble des importations en 2006-2008 en moyenne et sont
évaluées à plus de 70 milliards de Fcfa dont 64%
concernent le seul produit gaz oïl dont la facture s'est
élevée à plus de 44 milliards de FCFA.
Les produits sucriers secondent l'énergie avec une part
de 11% de l'ensemble des importations en 2006, soit environ 60 milliards de
FCFA.
Viennent ensuite par ordre d'importance les Machines,
appareils et matériels électriques (9%), les Réacteurs
nucléaires, chaudières, machines (9%), les automobiles,
tracteurs, cycles et autres véhicules (4%), les Matières
plastiques et ouvrages en ces matières (3%), la navigation
aérienne ou spatiale (2%), les produits pharmaceutiques (2%).
14% 13% 2006-2008
12%
10%
4%
2%
8%
6%
0%
11%10%
9% 9%
5% 5%
4% 3%
2% 2%
Sucres et sucreries
Energie
V Ouvrages en fonte, fer ou acier
Machines, electriques
Reacteurs
icleaires, chaudieres, machines automobiles, tracteurs,
cycles
et autres veh
de la minoterie, malt, amidons
et fecules
Sel, soufre, terres et
arres, platres, chaux et ciments ; plastiques et ouvrages
en ces
matieres
Produits pharmaceutiques Navigation aerienne ou
spatiale
Source : INSEED
·
·
Graphique 2 : Principaux groupes de produits
importés de 2006 à 2008
Une analyse détaillée des importations
révèle que les produits gaz oïl, sucre raffiné,
matériels, médicaments, farine de froment sont les plus
importants à avoir été importés entre 2006 à
2008 en moyenne.
La grosse facture que présentent les importations en
sucre peut en effet susciter quelques inquiétudes par rapport à
la capacité de la production locale en sucre par la Compagnie
sucrière du Tchad (CST) pour répondre à la demande locale
ou au niveau des prix pratiqués qui pousseraient les consommateurs vers
des sucres d'origine étrangère.
Par contre, la future réalisation d'un projet de
raffinerie pétrolière et la cimenterie au Tchad pourraient
contribuer significativement à alléger la charge afférente
aux importations en produits énergétiques et en ciment.
24
2- Orientation géographique des échanges du
Tchad depuis 2006 Il est question de voir les clients et les
fournisseurs du Tchad.
2.1- Clients du Tchad (voir annexe 1 tableau
1)
Comme en 2005, les principaux pays destinataires des produits
d'exportation hors pétrole du Tchad sont par ordre d'importance la
France (37%), le Nigeria (31%) et le Soudan (15%) en moyenne dans les
années 2006-2008.
Le Nigeria achète principalement le bétail (80%
de l'ensemble de ses achats au Tchad), le coton (10%) tandis que la France
importe du Tchad le coton (71% de ses importations du Tchad), les moyens
roulants (9%) et la gomme arabique (3%). Le Tchad alimente le Soudan qui est le
troisième plus grand importateur des produits tchadiens en produits
alimentaires. En effet, la farine de maïs constitue environ 100% de
l'ensemble des importations soudanaises du Tchad.
Le Cameroun qui est le premier pays fournisseur du Tchad en
2006 ne se trouve qu'au septième rang des pays destinataires des
produits tchadiens. Il en est de même pour les EtatsUnis, premier pays
producteur des produits d'origine importés au Tchad qui se trouve au
sixième rang des pays destinataires des produits tchadiens hors
pétrole. Ce déséquilibre commercial appelle une
réflexion pour en comprendre les déterminants.
Le Cameroun achète essentiellement au Tchad les arachides
(33%), le bétail (5%) et les gommes arabiques (4%).Le pétrole
brut est exporté exclusivement vers les Etats-Unis.
En termes de balance commerciale c'est grâce à
l'exploitation du pétrole que le Tchad comptabilise une balance
commerciale positive. Mais s'il ne faut tenir compte que des produits hors
pétrole, sa balance commerciale est nettement déficitaire, ce qui
veut dire qu'il dépend toujours du monde extérieur jusqu'à
nos jours.
2.2-Fournisseurs du Tchad
Le Cameroun et les Etats Unis continuent d'être en
tête des pays qui alimentent le Tchad depuis 2006. Le Tchad a
importé de ces deux pays pour plus de 210 milliards de FCFA Ils sont
suivis par la France (80 milliards de FCFA) et le Nigeria (68 milliards de
FCFA) (voir graphique 3).
Les principaux continents d'où viennent les
importations du Tchad sont par ordre d'importance l'Afrique (179 milliards de
FCFA), l'Amérique (178 milliards de FCFA), l'Europe (135 milliards FCFA)
(voir graphique 3). Toutefois, en soustrayant les importations
du sucre et des hydrocarbures, les importations du Tchad du
continent africain deviennent insignifiantes et le continent ne viendra qu'au
troisième rang après l'Amériques et l'Europe.
CAMEROUN
|
Etats-Unis
|
FRANCE
|
NIGERIA
DIVERS NON DENOMME
BRESIL
Union Europeenne CHINE POPULAI RE
CONGO
Emirats Arabes Unis
JAPON
AFRIQUE DU SUD
PAYS
INDETERMINE BELGIQUELuxembourg
AUTRES
|
valeur (en millions de FCFA)
106 382
104 213
80 664
68 170
18 994 15 958 14 953
23 961 18 066
14 984
12 099
11 000
9 046
8 213
50 117
source : INSEED du Tchad et autorité tchadienne.
Graphique 3 : Origine des importations depuis
2006
179 298 178 087
135 631
EUROPE
AFRIQUE
AMERIQUE
29 733
ASIE
AUSTRALIE OCEANI E
1 064
33 009
AUTRES
source : INSEED du Tchad et l'autorité
tchadienne
Graphique 4 : Continents d'origine des importations
depuis 2006
L'analyse des importations par pays d'origine indique que le
Cameroun alimente le Tchad essentiellement en sucre raffinés (33%),
Gazoles (16%), ciments (8%) et savons (6%).
26
Ces trois produits représentent plus de 60% de l'ensemble
des importations des produits d'origine camerounaise vers le Tchad depuis
2006.
Les importations des produits d'origine américaine
depuis 2006 portent essentiellement sur les matériels
d'équipements et précisément, les outils d'exploration
pétrolière ou de forage. Ces produits représentent plus de
30 % de l'ensemble des importations d'origine américaine en moyenne
entre 2006-2008.
Les importations des produits d'origine françaises
depuis 2006 ont porté essentiellement sur la farine de froment (13%),
avions ou hélicoptères (12%), véhicules (4%),
Médicaments (3%).
Quant au Nigeria, plus de 50% des produits importés (en
valeur) concernent les hydrocarbures, montrant à quel niveau le Tchad
est dépendant de ce pays en matière énergétique.
Sous l'angle des regroupements économiques, l'Union
Européenne (100 milliards de FCFA) alimente le Tchad plus que la zone
CEMAC (87 milliards de FCFA). Elle alimente le Tchad principalement en produits
agro-alimentaires dont la farine de froment, les produits
électroménagers tandis que la CEMAC alimente le Tchad en sucre,
savons, boissons et autres (voir annexe 1 graphique 1).
Tableau 5 : la balance commerciale du Tchad de
1970-2005 (en milliards de Fcfa)
Années
|
1970-
1975
|
1976-
1980
|
1981-
1986
|
1987-
1988
|
1989
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
Exportations
|
19
|
24
|
36
|
38
|
50
|
53
|
55
|
48
|
43
|
75
|
Importations
|
24
|
32
|
48
|
67,96
|
70,45
|
64,32
|
58,24
|
117,7
|
114,5
|
131,1
|
Balance commerciale
|
-5
|
-8
|
-12
|
-29,96
|
-
20,45
|
-
11,32
|
-3,24
|
-69,7
|
-71,5
|
-56,1
|
Source : rapport de banque de France pour la zone franc de 1980,
1985, 1990, 2005 et INSEED
De l'année 1995 à 2005
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
X
|
168
|
152
|
182
|
212
|
172
|
197
|
240
|
242
|
517
|
1761,4
|
2278,5
|
312,52
|
270
|
307
|
341
|
379
|
375
|
421
|
637
|
901
|
778
|
744
|
825
|
319,35
|
-102
|
-155
|
-159
|
-167
|
-203
|
-224
|
-397
|
-659
|
-261
|
1017,4
|
1453,5
|
-6,83
|
Source : rapport de banque de France pour la zone franc de 1980,
1985, 1990, 2005 et INSEED ; X= moyenne
En somme on constate la dépendance du Tchad de ses
importations par rapport à ses exportations ce qui entraine un
déficit de sa balance commerciale de 1972-2003. C'est avec
l'exploitation du pétrole que sa balance commerciale devient positive,
sa structure commerciale se dégrade au fur et à mesure du fait de
manque d'une politique d'industrialisation. Mais le Tchad est toujours
dépendant des importations.
SECTION II : LES EFFETS SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE
DU TCHAD
Les théories du commerce considèrent le commerce
international comme facteur important dans la croissance économique d'un
pays. Dans cette section, nous allons montrer le fondement (A) et les avantages
de modes d'insertion du Tchad (B).
A- FONDEMENT DU COMMERCE DU TCHAD
Le Tchad comme la plupart des autres pays africains exportent
principalement les matières premières. Certains pays comme le
Tchad sont fortement tributaire d'un nombre restreint de produits d'exportation
qui sont généralement retravaillés à
l'étranger (tel que le coton, la gomme arabique, pétrole
brute...), si bien que la valeur ajoutée locale reste faible ainsi la
faible part de l'Afrique dans le commerce mondial est due à la structure
et la nature des biens qu'elle exporte. C'est essentiellement des
matières premières issues de l'industrie extractive et des
produits agricoles qui ne peuvent pousser que sous le climat tropical humide
comme le café, le cacao, huile de palme, la canne à sucre et le
coton.
B- AVANTAGES DES PAYS DANS LA SPECIALISATION DU COMMERCE
DE PRODUITS PRIMAIRES
La croissance fondée sur les produits primaires offre
trois (3) catégories d'avantages, en améliorant l'emploi des
facteurs de production disponible, en étendant les dotations de facteurs
et en assurant des effets de liaison.
1- Amélioration de l'emploi des
facteurs
Le modèle statique portant sur les apports des
échanges partent d'un pays fermé au commerce international et
montrent les effets de son ouverture commerciale. Les échanges assurent
une exploitation plus intensive du facteur de production abondant. Le pays qui,
à l'inverse possède des ressources inexploitées avant son
ouverture commerciale peut tirer des profits encore plus substantiels des
échanges et ses échanges pourront stimuler l'économie
de
28
manière à assurer le plein emploi de tous les
facteurs de production. De ce fait, le pays, opte pour l'accroissement de la
production de l'un et l'autre bien. (Michael Roemer et al, 1998)
L'économiste Briman Hla Myin en 1959 a observé
que les régions d'Afrique et d'Asie soumises à la colonisation
européenne ont pu grâce à l'expansion du commerce
international qui en résulte, assurer un emploi plus intensif de leur
sol ou de leur actif pour produire des produits alimentaires (le riz, le cacao
et l'huile de palme) pour les exportations. Myint (1959) applique à ces
exemples l'expression d'Adam Smith, le potentiel de surplus de production,
notion qui implique qu'une partie du sol ou d'actif sont oisifs avant les
échanges et que ceuxci permettent aux pays concernés d'exploiter
plus intensivement leurs terres et leurs actifs.
2- Expansion des dotations des facteurs
Une fois mis en évidence, le potentiel de
rentabilité de l'agriculture tropicale ou des ressources naturelles, les
investisseurs étrangers s'intéresseront probablement au pays
d'abord pour exploiter l'avantage comparatif et pour s'implanter
peut-être en fin de compte dans d'autres secteurs.
L'afflux des investisseurs étrangers a constitué
un processus classique dans les industries exportatrices des produits
minéraux et dans beaucoup de secteurs de production tropicale où
l'agriculture de plantation était la norme : ESSO au Tchad, CONOCO
n'offrent que quelques-uns des cas les plus visibles sur une masse
d'exemples.
L'apparition de nouveaux secteurs d'exportation aura
également des chances d'ouvrir, dans les activités exportatrices
ou dans des industries connexes, de nouveaux créneaux d'investissement
rentables que les capitaux étrangers n'occuperont pas
intégralement. Ces créneaux représentent une ouverture
vers l'extérieur de la demande de financement internes et ils doivent
encourager un développement de l'offre et par la suite des
investissements dans l'économie.
C'est dire que l'expansion des créneaux commerciaux des
produits primaires peut entraîner l'accroissement de l'offre
d'investissement étrangers et le financement interne de main d'oeuvre
ainsi que du personnel qualifié. Ces investissements permettront de
compléter les facteurs de production fixés (terre et ressources
naturelle) Roemer (1998)
Outre cette aide économique progressive vers sa limite
de production il s'en suit que les échanges peuvent également
élargir la frontière vers l'extérieur et permettra
à l'économie de produire tous les biens en plus grande
quantité qu'avant.
3- Les effets de liaison
La notion d'une croissance fondée sur l'exportation
suppose en effet une stimulation pour d'autres secteurs d'activités
apparemment stagnants. En occurrence, l'industrie textile peut permettre
d'illustrer dans le cas sa création d'une demande suffisante pour un
facteur de production (coton ou colorant). Ce qui permettra de stimuler la
production nationale de celleci. Hirschman (1958) nomme cet effet de
stimulation par l'expression « liaison en amont »
Les liaisons en amont sont particulièrement efficaces
quand le secteur d'activité bénéficiaire atteint une
dimension telle que les industries qui l'approvisionnent peuvent
réaliser leurs propres économies d'échelle. Cela permettra
de réduire leurs coûts de production et d'augmenter leur
compétitivité sur le marché interne, voire à
l'exportation. Trois conditions peuvent favoriser ce type de liaison :
- La production devra, au départ, s'effectuer dans de
petites unités faisant appel à des techniques simples, ce qui
donnera à l'industrie d'équipement naissante la
possibilité de maîtriser les techniques de fabrications et
d'apprendre le métier par production répétitive ;
- L'industrie exportatrice devra connaitre une croissance
régulière au fil des années, ce qui ouvrira à ses
fournisseurs les perspectives d'un marché constant ;
- De plus, elle devra posséder une dimension suffisante
pour permettre aux fabricants de matériel de réaliser en fin de
compte des économies d'échelle.
Ces conditions peuvent l'être dans plusieurs
activités agricoles mais ce n'est généralement pas le cas
du secteur minier.
Les secteurs d'exportations des produits primaires peuvent
également encourager dans le pays, l'essor des entreprises et du
personnel qualifié. La liaison peut être aussi fiscale.
La liaison fiscale offre de meilleur exemple dans les secteurs
pétrolier (cas du Tchad) et minier ainsi que pour certaines cultures
agricoles traditionnelles. Les pouvoirs publics peuvent s'accaparer sous forme
de taxes ou dividendes, une proportion important de rente tirée de ces
exportations et affecter les recettes au financement du développement
d'autres secteurs.
A l'évidence, le gouvernement qui
bénéficie de ce type de revenus est en meilleure posture que
celui qui n'en a pas. Mais l'efficacité avec laquelle ces recettes
stimulent un
30
développement autonome du reste de l'économie
dépend, au plus haut point des types de programme et d'intervention
entrepris par les pouvoirs publics (Baldwin, 1966).
Mais tous ses effets positifs citer ci-dessus ne se fait pas
sentir au niveau des principaux indicateurs de croissance économique du
Tchad. Le PIB du Tchad n'a augmenté que de 0,2% en 2008 en raison de la
performance médiocre du secteur pétrolier et des conflits
persistants entre les forces gouvernementales et les groupes de rebelles. Le
fléchissement de la demande et des cours mondiaux de pétrole ont
conduit à une récession en 2009 qui pourrait se résorber
en 2010.
Le Tchad a engagé un processus de privatisation afin
d'améliorer l'ensemble de son économie. Ainsi en 2008, le Tchad a
adopté avec le FMI une nouvelle Stratégie nationale de
réduction de la pauvreté (SNRP II), établissant un
programme de réformes structurelles pour 2008-11. L'accent est mis sur
une politique fiscale soutenable et une dépense raisonnée des
revenus pétroliers pour promouvoir la diversification
économique.
Le Tchad est un des pays les plus pauvres du monde.
L'espérance de vie à la naissance est de 51 ans seulement, la
malnutrition touche un tiers des enfants de moins de 5 ans, le niveau
d'éducation est faible. Aux trois-quarts rural, supportant de fortes
disparités de développement entre les villes et les campagnes, le
Tchad est un pays aux déficiences structurelles réelles. La
faiblesse de son PIB par habitant et de son IDH (170ème/179)
vérifie l'hypothèse d'une économie fragile.
Tableau 6 : Les indicateurs de la croissance du
Tchad
Indicateurs de croissance
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
PIB (milliards USD)
|
8,39
|
6,85
|
7,98e
|
8,47
|
9,11e
|
PIB (croissance annuelle en %, prix constant)
|
-0,4
|
-1,6e
|
4,4
|
3,9e
|
5,5e
|
PIB par habitant (USD)
|
862
|
687e
|
780
|
809
|
848
|
Taux d'inflation (%)
|
8,3
|
10,1
|
6,0
|
3,0e
|
3,0e
|
Balance des transactions courantes (en % du PIB)
|
-13,7e
|
-32,5
|
-29,7e
|
-26,3
|
-7,4e
|
Source : FMI - World Economic Outlook Database (pour plus de
détail voir annexe 7) Note : (e) Donnée estimé
Il était question pour nous dans ce chapitre de
présenter les effets de la coopération du Tchad avec ses
partenaires. Pour tirer le rideau sur le commerce extérieur au Tchad, il
en résulte qu'il est soumis traditionnellement à la logique de la
répartition sectorielle des branches d'activité où le
secteur primaire occupe une place prépondérante dans la structure
des exportations. Notamment le commerce du coton et du bétail est
resté jusqu'à la veille de la mise en oeuvre du projet
d'exploitation des champs pétroliers de Doba la manne nourricière
de l'économie tchadienne dont l'exportation a changé ce
schéma classique depuis 2003. Ainsi, le pétrole acquiert une
primauté dans les postes d'exportation, comptant désormais pour
près de 90% des recettes d'exportation. De plus, les importations ont vu
leur rythme évoluer surtout pendant la phase d'installation sur le sol
tchadien des sociétés pétrolières et des
différents partenaires. Il est vrai que le pétrole tchadien a
contribué à adopter une nouvelle lecture du commerce
extérieur, mais ne perdons pas surtout de vue le fait que le commerce
extérieur tchadien rencontre des difficultés depuis quelques
années. Il s'avère primordial d'adapter des politiques tant
préventives que curatives de part et d'autre part voir les limites de
cette politique basée sur l'exportation des produits primaires.
CHAPITRE II : LIMITES DELA COOPERATION COMMERCIALE
DU TCHAD AVEC SES PARTENAIRES TRADITIONNELS
32
Le commerce est une activité économique au cours
de laquelle s'effectuent des opérations de vente et/ou d'achat d'une
marchandise. Quant au commerce international c'est l'ensemble des
échanges internationaux de biens et services.
Tout pays commerce avec le reste du monde. La nature de ces
échanges et le type de marchandise qu'un pays exporte vers les autres
jouent un rôle capital dans la détermination du caractère
du développement.
Dans ce chapitre nous allons analyser les limites relatives
à la production et à l'exportation des matières
premières (section I) et par la suite nous nous intéresserons aux
limites spécifiques liées à la production et l'exportation
pétrolière (section II).
SECTION I : LIMITES LIEES A LA PRODUCTION ET A
L'EXPORTATION DES MATIERES PREMIERES
Dans cette section nous verrons les limites liées
à la croissance fondée sur l'exploitation des produits primaires
d'une part et la dépendance du Tchad vis-à-vis de certains pays
d'autre part.
A- LIMITES LIEES A LA CROISSANCE FONDEE SUR L'EXPORTATION
DES PRODUITS PRIMAIRES
Les variations des prix des produits exportés et
importés ainsi que celles du volume et de la composition des
échanges ont des incidences sur les gains qu'un pays peut tirer du
commerce international.
Dans la présente partie, nous allons mettre en
évidence les effets de la détérioration des termes de
l'échange, la croissance léthargique de la demande et la
fluctuation des recettes d'exploitation.
1- Détérioration des termes de
l'échange
En économie internationale, les termes de
l'échange représentent le rapport de l'indice des prix à
l'exportation à l'indice des prix à l'importation. L'importance
de la notion de terme de l'échange est admise depuis longtemps dans la
théorie du commerce international (Benham, 1940). Au départ, dans
le cas des pays en développement, il s'agissait essentiellement
d'étudier les variations des prix des produits primaires à ceux
des produits manufacturés.
Ainsi, Samuel Longfield indique en 1835 comment les termes de
l'échange peuvent varier en fonction de la demande des importations d'un
pays. James Pennington (1840) montre que le domaine de variation des termes de
l'échange est borné par les rapports entre les coûts
relatifs de production, qui servent à calculer l'avantage comparatif.
Les travaux de Prebish (1950, 1952) et Singer (1950) ont élargi le
débat. Ils ont été appuyés par des recherches
empiriques qui ont débouché sur ce qu'on appelle couramment la
thèse de Prebish et Singer (1950) du déclin séculaire des
termes de l'échange des produits primaires par rapport aux produits
manufacturés (dégradation des termes de l'échange).
La dégradation des termes de l'échange est une
thèse employée pour exprimer des situations de baisse
inéluctable des prix des produits des pays du sud face à ceux des
pays du nord, ou plus objectivement et précisément entre les
produits industrialisés et les produits des pays du tiers-monde.
La dégradation des termes de l'échange des
produits primaires bousculait également l'idée des classiques que
sur le long terme, le prix de ces biens avait tendance à monter
relativement à celui des biens industriels à cause de la
rareté naturelle des ressources du sol. Un grand nombre de PVD et PMA
particulièrement ceux d'Afrique, sont encore très tributaires de
l'exportation de produits primaires et leurs termes de l'échange sont
toujours étroitement liés aux prix relatifs des produits
primaires et des produits manufacturés (CNUCED, 2003).
Pour Raoul Prebish (1950) et Hans Singer (1950), les effets du
progrès technique sont dissemblables dans les pays industriels et dans
les PVD et PMA sur le prix des produits à cause du mode de
détermination de prix des facteurs : dans les premiers, les structures
de marché sont moins concurrentielles que dans les seconds, si bien que
les prix ne baissent pas dans la même proportion.
34
Singer (1950, 312p) ajoute des explications sur la demande en
soulignant la faibleélasticité-revenu des produits primaires : la
demande des produits alimentaires augmente moins vite que le revenu ; avec le
progrès technique, l'absorption de matières premières par
unité de produits industriel tend à se réduire. La
détérioration des termes de l'échange a été
aggravée par la protection du secteur primaire dans les pays
développés (cas des termes de l'échange des exportations
de coton des pays tels que le Benin, le Tchad et le Burkina
Faso)9.
D'autre part, la croissance des pays en développement
dépend en grande partie de mesure de l'importation des produits
manufacturés (essentiellement des biens d'équipement)
nécessaires à la création ou l'expansion des
capacités de production et des infrastructures. Si de nombreux pays en
développement ayant des ressources naturelles similaires cherchent
simultanément à accroître leurs exportations de produits
primaires pour financer l'importation de produits manufacturés, cela
tend à faire baisser les prix des produits primaires (CNUCED, 2002).
Le déclin du prix des produits manufacturés
à faible intensité de compétences est
généralement accompagné d'une forte croissance du volume
des exportations, alors que dans le cas des produits primaires le volume des
exportations stagne parce que l'élasticité-prix de la demande est
très faible.
La dégradation des termes de l'échange est
affaire de produits. Par ailleurs les produits de base souffrent d'une
infériorité fondamentale par rapport aux biens
manufacturés au regard de la demande. Côté offre, les
producteurs peuvent réagir à la baisse des prix en augmentant les
volumes des produits pour maintenir leur revenu, ce qui tend à
déprimer les cours.
Au XXe siècle, cette dégradation
était devenue de plus en plus défavorable pour les pays du sud.
Cette thèse est liée à la théorie de la
dépendance.
2- Croissance léthargique de la
demande
Dans un monde à la croissance équilibrée,
les exportations de produits primaires pourraient s'attendre à ce que
leurs ventes à l'étranger croissent au même rythme que les
revenus nationaux des importateurs de ces produits et à ce qu'il en
aille de même pour leurs propres revenus. L'accélération de
la croissance des revenus des exportations de produits primaires impliquerait
des évolutions structurelles, telle la substitution des importations.
9 Rapport sur le commerce et le développement,
2005
Toutefois, le monde ne connaît pas un équilibre
de ce type, et les économistes peu convaincus du potentiel des
exportations de produits primaires ont fait état de mutations
structurelles dans le monde industriel qui semblent condamner les exportations
de produits primaires à une croissance plus lente que celle des revenus
du monde industriel. En outre, l'évolution technique dans l'industrie
manufacturière va à l'encontre de la consommation de
matières premières, les producteurs s'attachant à
réduire leurs coûts en élevant le rendement des produits
finis obtenus à partir d'un apport en matières premières
donné. Exemples : les métiers à tisser modernes gaspillent
moins de filets de coton et utilisent davantage de fibres synthétiques,
les tuyaux en plastique remplacent les tubes de fer ou de cuivre etc.
l'innovation technologique ou les fortes élasticités de la
demande par rapport au revenu-facteurs précisément
invoqués à l'encontre des exportations de matières
premières ont donné une forte impulsion à la demande de
pétrole, de caoutchouc, de cuivre, d'aluminium, de l'huile
végétales etc.
3- Fluctuation des recettes
Il est couramment admis que l'instabilité des recettes
d'exportation qui se transmet à l'économie intérieure,
provoque l'instabilité de la demande interne et augmente les risques de
l'investissement. Dés lors, les fluctuations de la demande interne,
associées à un approvisionnement incertain en matériaux
importés, décourageront les investisseurs et réduiront la
croissance économique. Les variations des exportations risquent
également de brouiller les signaux envoyés par les prix relatifs,
ce qui met les investisseurs dans l'incapacité de choisir les
implantations les plus rentables. Ce brouillage des signaux élève
le rapport capital-production et diminue le taux de croissance pour tout niveau
donné d'investissement.
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