Section 2 : Les perspectives politiques et
économiques
Nous envisagerons dans cette section les différentes
perspectives à entreprendre afin de créer un environnement
politique et économique optimal pour la réalisation d'une
véritable intégration régionale en Afrique de l'Ouest.
Paragraphe 1 : Les perspectives politiques
L'environnement politique de l'ensemble de la
sous-région est un facteur crucial pour la réalisation de
l'intégration régionale. Il urge alors d'oeuvrer pour la
démocratisation des régimes politiques des Etats membres. A
l'évidence, les Etats bénéficiant d'une
légitimité démocratique paraissent mieux disposés
à la concertation collective que les Etats autoritaires. Ainsi, en
l'absence de volontés politiques internes pouvant assurer le processus
de démocratisation des Etats membres, la coopération politique
interétatique apparaît comme une alternative permettant
d'atteindre ce but (A). Par ailleurs, afin de renforcer cette
coopération politique, les Etats membres pourront envisager la
définition d'une politique extérieure commune au niveau de la
sous-région (B).
A. La coopération politique
interétatique, condition de l'intégration
régionale
De toute évidence, la solidité d'un processus
d'intégration régionale dépend du degré
d'implication des Etats membres et de la cohésion politique entre ces
derniers. Les échecs passés de nombreuses initiatives
d'intégration régionale en Afrique doivent beaucoup à
l'instabilité politique des Etats membres. Il importe alors de renforcer
la coopération politique entre les Etats en dehors du champ de
l'organisation régionale.
Dans ce cadre, il faudrait encourager et surtout
perpétuer les initiatives de médiation entreprises par certains
politiques ayant permis de subjuguer certaines crises politiques dans la
sous-région. De telles initiatives ont l'avantage non seulement de
renforcer la coopération politique entre les Etats membres mais aussi
d'assurer la stabilité politique interne des Etats membres et la
pacification de leurs relations interétatiques. Cette dernière
constitue également une seconde condition évidente pour donner
quelque chance d'avenir au processus d'intégration dans la
région. Car l'expérience a montré que des tensions
interétatiques ont eu à gripper certaines initiatives de
regroupement sur le continent. A titre illustratif, nous évoquerons les
difficultés avérées dans les relations
intra-maghrébines qui ne facilitent pas les progrès de l'UMA.
Pour finir, la nécessité d'une
coopération interétatique est aujourd'hui d'actualité car
elle permet d'instaurer un équilibre géopolitique dans la
région. Il serait en effet légitime de penser que des
déséquilibres géoéconomiques trop importants
pourraient transformer la zone d'intégration en une zone d'influence
géopolitique. De toute évidence, la CEDEAO est polarisée
autour du Nigéria qui représente à la fois une puissance
économique et démographique dans la communauté. Ainsi, une
coopération politique entre les Etats membres pourra biaiser
considérablement cette « hégémonie »
nigériane au sein de la communauté. De cette façon, les
Etats membres pourront être sur un même pied dans leurs relations
dans l'organisation régionale. Au final, cette coopération
politique devra aboutir à la définition d'une politique
extérieure commune au sein de la communauté. La nouvelle logique
supranationale adoptée par l'organisation régionale facilitera
énormément la réalisation de cet idéal.
B. Vers une politique extérieure
commune
La dimension supranationale de l'intégration
régionale devra amener les Etats membres de la CEDEAO à unifier
leurs points de vue à travers la définition d'une politique
extérieure commune. Dans cette logique, il ne sera plus question de
convergences sporadiques ou d'alliances occasionnelles mais plutôt de
procéder à une institutionnalisation de ces alliances. Au reste,
on peut retrouver dans le traité révisé une base à
ce projet. Aux termes de l'article 85 de celui-ci, « les Etats
membres s'engagent à formuler, et à adopter des positions
communes au sein de la communauté sur des questions relatives aux
négociations internationales avec les parties tierces ».
Quelques exemples peuvent être donnés à
cet égard. Dans le cadre des opérations de maintien de la paix,
la CEDEAO a pu se poser en interlocutrice de l'ONU. C'est une position unique
que la communauté a toujours défendue en la matière. Dans
ce contexte, il ne serait pas exagéré de soutenir que, de moins
en moins, la définition de la politique sécuritaire dépend
des Etats membres de l'organisation. Cette collaboration avec l'ONU atteste de
la crédibilité naissante de la communauté dans le domaine
de la préservation de la paix et de la sécurité
internationales. En outre, la CEDEAO a noué en 2004 un partenariat avec
le FMI dans le cadre des politiques de convergence macroéconomiques, des
réformes fiscales et douanières ainsi que pour la mise en oeuvre
du tarif extérieur commun et de la zone de libre échange de la
CEDEAO.
A travers cette coopération, la CEDEAO devra
représenter ses Etats membres en exprimant leur volonté dans les
négociations avec le FMI. Ce sont autant d'exemples qui prouvent que
c'est en s'exprimant d'une seule voix que les Etats membres de l'organisation
sous régionale se font mieux entendre. L'autre pas à franchir
consistera en l'érection d'organes permanents voués à
l'exécution des politiques communes adoptées par les Etats
membres.
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