Il en est de même de
l'étude réalisée en 2000 par SANOU Marie Joseph Habiba
Ben Rhomdane auprès des étudiants de l'université de
Ouagadougou dans laquelle 73,7% des étudiants sont prêts à
accepter le test. (23)
Enfin, Jean Noël SAWADOGO, dans son étude
réalisée en 2003 sur les connaissances, attitudes et pratiques
des jeunes de Kaya sur le CDV du VIH, a montré que 80% d'entre eux sont
disposés à faire le test de dépistage. (23)
Cependant cette disposition à faire le test ne va pas
toujours de paire avec l'engagement réel vers celui-ci.
Ainsi, une étude réalisée en Zambie par
ROSENSVARD et al. en 1998 sur l'intérêt porté à
l'utilisation des services de dépistage offerts sur 4 812 participants
provenant des zones rurales et urbaines, a montré qu'initialement 37%
ont indiqué leur intérêt à utiliser les services,
seulement 3,6% se sont présentés au CDV. (13)
Ce résultat reflète un intérêt
abstrait pour le test qui ne se traduirait pas immédiatement par une
demande effective si les services étaient proposés.
Il souligne la nécessité de promouvoir
activement par des sensibilisations, le test de dépistage afin que les
avantages soient connus et que les intentions des clients potentiels se
traduisent en faits concrets.
III) LES FACTEURS LIES AUX SERVICES DE
DEPISTAGE
1) les exigences de fonctionnement
Les centres de dépistage enquêtés ne
fonctionnent que six jours sur sept dans la semaine et aucun ne ferme
après 18 heures durant ces jours ouvrables.
Cet état de fait pourrait s'expliquer par
l'insuffisance des conseillers.
Les acteurs du secteur informel notamment les petits
commerçants travaillent sept jours sur sept et cessent le travail
entre 17 heures 30 minutes et 18 heures.
Il en résulte que ceux-ci éprouvent des
difficultés pour se rendre dans les centres de dépistage
après le travail.
Nous pensons qu'un réaménagement du programme
des centres de dépistage qui pourront fermer après 18 heures
permettrait aux petits commerçants de pouvoir
s'y rendre après le travail.
2) La sensibilisation
Tous les centres de dépistage organisent des
séances de sensibilisation du public au cours desquelles les
thèmes touchant tant l'infection à VIH que le test de
dépistage sont abordés.
Cependant la non prise en compte du secteur informel en
particulier le petit commerce dans la planification de leurs activités
fait que les personnes enquêtées ne sont pas bien touchées
par ces activités de sensibilisation. En effet elles sont 29% des
personnes exerçant dans le petit commerce à avoir assisté
à une séance de sensibilisation sur le VIH/SIDA, et 9% sur le
test de dépistage.
Nous pensons que toutes les associations de lutte contre cette
terrible infection en particulier celles qui s'occupent du dépistage
doivent prendre en compte dans leurs plans d'actions cette couche
socioprofessionnelle. Ainsi les campagnes de sensibilisation qui pourront se
dérouler dans les marchés permettront aux petits
commerçants de mieux connaître l'infection à VIH et surtout
de connaître les avantages du test de dépistage.
3) Le coût du test
Dans la majorité des centres de dépistage,
nonobstant le but non lucratif des prestations, une contribution
financière non obligatoire de 500 Fcfa est demandée aux clients.
Ce montant est jugé non abordable par 39% des petits
commerçants et constitue la raison du refus du test pour 16% des
personnes enquêtées. Pour celles-ci, « tu peux
t'asseoir toute une journée sans encaisser cinq cents francs ;
alors c'est difficile dans ces conditions de prendre cinq francs juste pour
savoir si on porte le germe d'une maladie que l'on ne pourra pas
soigner ».
Odette ROUAMBA (1994) dans son étude a abouti à un
résultat analogue lorsqu'elle dit « le coût du test
empêche certaines couches de la société de se faire
dépister. La population préfère prendre l'argent du test
pour se nourrir au lieu de l'utiliser pour apprendre sa
séropositivité. ». (22)
Pour lever l'obstacle que constitue le coût, 59% des
enquêtées pensent que rendre le test gratuit, augmenterait
l'acceptation du test.
Cela est confirmé par le résultat d'une
étude réalisée par DAMESYN et al. en 1998 portant sur des
jeunes couples en zone rurale du Kenya occidentale qui a montré que 95%
des participants accepteraient le test s'il était gratuit. S'ils
devaient payer le service, 31 à 40% ont indiqué qu'ils paieraient
le montant demandé. (13)
Au regard de tout cela, nous pensons qu'il est
nécessaire de rendre le test gratuit car cela permet
d'améliorer l'utilisation des services de dépistage ce qui
réduit la transmission de nouvelles infections et partant le nombre de
malades à traiter. D'ailleurs la prise en charge d'un malade est
plus onéreuse que le coût d'un test. En effet, SWEAT et al. en
1998 et 2000, utilisant une cohorte de 10 000 personnes fréquentant le
CDV, ont estimé que l'intervention avait permis d'éviter 1104
infections à VIH au Kenya et 985 infections en République Unie de
Tanzanie
Le coût du CDV par client a été de 29
Dollars US en Tanzanie et de 27 Dollars US au Kenya. Le montant par infection
évitée a été en moyenne de 346 Dollars US en
Tanzanie et de 249 Dollars US au Kenya. (13)
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